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Mahalli de Danya Hammoud

La question qui est posée est celle du regard sur l’autre, et c’est le regard de la performeuse qui y répond. L’autre, c’est la femme, ou bien c’est l’artiste en sène, c’est selon. Danya Hammoud affronte le regard du public en tant que danseuse, mas aussi en tant que femme. Et c’est au spectateur de répondre : Suis-je en train de regarder un sujet ou un objet? Ce risque qu’il prend, à savoir celui de se découvrir un brin voyeur, répond à celui que prend la femme au quotidien, à savoir celui de se faire dévorer. En ouverture de son solo, la Libanaise affronte donc le regard du public, en avant-scène, pendant un long moment. Impossible de ne pas sentir sa volonté de résister. Ce qui perturbe, c’est aussi son propre regard, qui émane d’un visage immobile, comme s’il s’agissait d’une poupée en porcelaine.
Présenté en ouverture d’une belle soirée consacrée au solo féminin dans le cadre des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis, ce tour de force en danse et performance posa la question de l’identité féminine. A travers différentes poses, son solo intitulé  Mahalli   explore les stéréotypes dans le regard du sexe opposé - la séduction, la maternité, la sensualité, l’Odalisque etc. « My home is my castle », disent les Anglais. « Mon corps est mon château hanté », pourrait-elle dire. Mais ce qu’elle dit est: ‘Mahallli’ veut dire à la fois ‘d’ici’ donc ‘local’ et ‘ma place’, et j’insiste sur les deux, parce que je pars du contexte libanais pour m’adresser aux gens sur tous les continents. »
Dans Mahalli, les boucles sonores deviennent vite inquiétantes et obsédantes. Et cette femme de mettre dans la balance toute sa détermination. Mais on peut aussi y déceler certaines fragrances de mélancolie ou de sensualité revendiquée. Alors que certaines artistes femmes, après avoir trop souffert de la répression intégriste, ont quitté le pays, Hammoud ne quittera pas sa place ni son contexte, pour se battre au Liban. Elle y travaille avec un collectif d’artistes multidisciplinaire et plutôt porté vers l’art dramatique et performatif qui a même réussi à aménager un appartement en lieu de création. Le grand luxe, quoi…
Et la voilà de retour avec Mahalli à la Cartoucherie « de Vincennes », dans le cadre du festival June Events, le soir du 13 juin 2013, à 19h30. Et puisqu’il s’agit là, après une belle tournée internationale, de la dernière représentation actuellement programmée, il serait dommage de passer à côté.
Thomas Hahn
www.juneeventrs.fr

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