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« Guests » Groupe Grenade

Première très réussie au Grand Théâtre de Provence pour Guests du Groupe Grenade, en présence de Lucinda Childs, Emanuel Gat et Alban Richard. Les jeunes danseurs qui ont déjà l’habitude des plus grandes scènes, interprètent leurs œuvres avec finesse et enthousiasme. Ils viennent juste de donner le Roméo et Juliette de Josette Baïz à Chaillot (http://dansercanalhistorique.com/2013/07/26/a-aix-80-romeos-et-juliettes/), et les voilà bientôt au Théâtre de la Ville avec ce nouveau programme mixte. Les autres pièces faisant partie de Guests sont signés Rui Horta, Wayne McGregor, Hofesh Shechter et Dominique Bagouet (transmis par Michel Kelemenis).

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Si tous les chorégraphes n’ont pas pu transmettre personnellement les extraits de leurs œuvres, les assistants de Hofesh Shechter et Wayne McGregor ont livré un travail d’un engagement total avec des résultats impressionnants.

Guests tournera en parallèle de Welcome, le programme composé d’extraits de chorégraphes femmes par la Compagnie Grenade (http://dansercanalhistorique.com/2014/07/15/compagnie-grenadejosette-baiz-welcome/). Si ce nouveau type de soirées en danse contemporaine peut attirer l’intérêt grâce aux grands noms de chorégraphes, ce sont en vérité les danseurs qui occupent le devant de la scène et les stars de la scène chorégraphique sont leurs invités, les Guests. Le spectacle appartient à la jeunesse, ce qui apporte souvent un décalage pouvant révéler une pièce sous une lumière différente.

C’est par ailleurs Dominique Drillot qui assure, une fois de plus, la recréation des éclairages originales, tout en apportant sa touche personnelle. Le même Drillot assure par ailleurs la création des lumières pour La Mégère apprivoisée, la création de Jean-Christophe Maillot avec le Bolchoï. Les jeunes du Groupe Grenade sont donc entourés de très grands, dont bien sûr Josette Baïz et son équipe.

 

"Tricksters" d'Alban Richard @ C. Martini

Guests commence par cinq garçons face public, chacun sur un praticable, jouant sur la statuaire et les poses, en résistance à une musique techno assez infernale. Aussi, ils sont finalement emportés par le rythme, mais de façon contrôlée. Cette ouverture intitulée Tricksters est une création d’Alban Richard spécialement pour Guests. Or la proposition a du mal à trouver le bon gestus, et une incarnation plus énergétique des rapports tendus avec l’univers musical. Mais justement, on peut songer au démarrage d’un moteur. Les cinq vont finir par nous conquérir dans la mesure qu’ils acceptent de tomber sous le joug de la techno.

"Déserts d'amour" de Dominique Bagouet @ C. Martini

Du quintet en noir on passe à un duo an blanc, romantique et même un brin baroque. Mais ce flirt avec et par le ballet appartient à Dominique Bagouet, et les quelques minutes de Déserts d’amour évoquent plutôt un jardin en fleur. Est-ce à cause du jeune âge des interprètes ou malgré lui ? Au-delà de l’aisance technique le couple s’approprie les codes de la séduction avec une aisance stupéfiante, tout en laissant entrevoir un décalage troublant. Leur naturel est-il encore dû à une certaine naïveté ou déjà un clin d’œil malicieux ? Ce pas de deux cache quelque vérité sur le monde des pré-ados d’aujourd’hui.

 

Après cette excursion vers la narration, on revient au costume noir et à l’abstraction, avec un extrait de Concerto de Lucinda Childs, au rythme très très soutenu, ici par le clavecin de Górecki, demandant puissance, énergie, précision et endurance. L’extrait de cette pièce majeure est ici interprété par sept danseuses et permet d’apprécier les petits liens souterrains entre les différentes parties, du dialogue ente les musiques aux structures des éclairages et des chorégraphies qui se répondent d’un pièce à l’autre, sans oublier les petits modules de transition, créés par les danseurs eux-mêmes en écho aux chorégraphies des grands. On y voit que leur compréhension des gestes et des structures est déjà profonde.

"Entity de Wayne McGregor @ C. Martini

Et on passe à la synthèse de tout ce qui a précédé, avec Entity de Wayne McGregor, en costumes noir et blanc. Ici, la séduction se double d’une énergie combattante. Force physique et mentale scellent un affrontement permanent avec l’autre sexe, la musique et l’érotisme, avec la personne en face. Amour et lutte ne font qu’un. Entity fait figure de powerhouse, la centrale énergétique de Guests, les lions et lionnes en scène étant constamment rejoints par d’autres dans un crescendo explosif, comparable à celui de Waves dans Welcome.

"Brilliant Corners" d'Emanuel Gat @ C. Martini

Changement de décor, enfin, de tapis. Du blanc au noir pour Spotlight Solo, et c’est un solo très rock’n’roll, à l’énergie rebelle et insolente pour un danseur-acteur-rockstar de Rui Horta qui marque le passage vers Brilliant Corners d’Emanuel Gat. On voit ici le début de la pièce, très axé sur le groupe, et une fois de plus un groupe très jeune affirme une troublante maturité, où quelque chose de dramatique semble se préparer.

"Uprising" d'Hofesh Shechter @ C. Martini

Et en effet, le point d’orgue arrive, de façon plutôt guerrière, avec un extrait tonitruant de Uprising où le groupe, ou la communauté, est soumise à des tensions et des violences extrêmes, pour inventer des manières acrobatiques de se déplacer que même côté Parkour, personne ne saurait imaginer.

Thomas Hahn
Grand Théâtre de Provence

Tournée :

4-8 février : Paris, Théâtre de la Ville
12-14 mars : Grenoble, MC2
18 avril : Martigues, Théâtre des Salins

 

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