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Entretien Compagnie XY

Après une représentation dans le cadre de la Biennale de la danse, deux membres du collectif XY, Ann Katherine Jornot, voltigeuse (deuxième création avec la Compagnie XY), et Denis Dulon, porteur, membre fondateur en 2004, ont répondu aux questions de Danser Canal Historique.

Danser Canal Historique : Vous êtes vingt-deux en scène, ça fait deux équipes de foot. Mais vous jouez ensemble.
XY : Nous nous définissons comme collectif depuis Le Grand C, notre spectacle précédent, créé en 2009 avec dix-sept acrobates. Il y a des figures qui nécessitent quatorze personnes, ce que l'on fait  avec trois ou quatre voltigeurs n'est possible qu'avec dix personne en parade. Si on était moins nombreux, ce serait dangereux ! Et puis, cela multiplie les possibilités. C'est ce qui permet de faire évoluer cette technique vers d'autres horizons. Dans notre discipline, il faut faire totalement confiance à son porteur. On s'en remet totalement à l'autre.

DCH : Il n'est pas encore minuit commence par des images de lutte, peut-être une manière d'évoquer la vie dans nos métropoles. Il y a souvent comme une division entre une sphère au sol, bougeant en sens horizontal, qui porte l'autre sphère, aérienne et consacrée à la verticalité. Progressivement émergent des ambiances de poésie et de cohésion.
XY : Il s'agit surtout de parler des différentes rencontres entre les personnalités dans nos différents spectacles. Après, le script n'est pas aussi clairement défini. Nous créons des images pour stimuler l'imaginaire des spectateurs. Sur cette création nous nous sommes inspirés du Lindy Hop (l'ancêtre du rock & roll) et nous sommes même partis aux USA pour voir des Pom Pom Girls qui font des portés acrobatiques de génie !

 

DCH : Quel rôle a joué le chorégraphe Loïc Touzé dans cette création?
XY : Il était un partenaire artistique et nous a fait des propositions, à partir de son regard extérieur, comme un miroir. Pour les tableaux que nous avons réalisés ensemble, il a amené sa sensibilité et sa capacité à organiser ces tableaux d'ensemble.

DCH : On sent une forte conscience du mouvement qui amène une grande fluidité et beaucoup de poésie. Pas facile quand on est vingt-deux. Comment travaillez-vous? Y a-t-il beaucoup de discussions?
XY : Beaucoup ! On fait des essais, on analyse. Et en effet, le travail sur la fluidité faisait partie de nos défis principaux. Pas évident de lier prouesse et fluidité. Dans notre travail de tous les jours, les deux sont totalement opposés. IL a fallu travailler la technique d'abord pour ensuite atteindre un état plus poétique. Nous séparons notre travail en deux. Le matin nous nous consacrons à la technique, l'après-midi à la création artistique. Chacun écrit la séance technique à tour de rôle mais il faut six mois pour écrire une séance de portés de trois heures.

 

DCH : Les costumes évoquent un groupe qui partage des valeurs communes. Vous êtes donc une sorte de communauté qui en représente une autre. Ce qui laisse penser que le spectacle trouverait une place encore plus juste s'il se jouait sous chapiteau, le rond donnant au public l'image de sa propre communion.
XY : Nous sommes surtout une somme d'individus qui ont un objectif en commun. C'est ce qui crée la communion de nos singularités. Et nous avons en effet créé Il n'est pas encore minuit pour le chapiteau. À la Biennale de Lyon nous avons créé la version pour salle frontale.

 

DCH : Dans un petit discours après le spectacle vous évoquez un monde qui oblige à la lutte permanente de tous contre tous, à quoi vous opposez l’image du collectif. Vous dites: "Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin".
XY : En effet, et ce spectacle n'existerait pas sans le dispositif de l'annexe 8 de l'assurance chômage pour les intermittents du spectacle. Impossible donc de ne pas en parler.

DCH : Il n'y a aucun décor, mais vous utilisez la bascule, un agrès classique du cirque, ainsi que des panneaux carrés en bois tenus en main par plusieurs, qui servent de plateau d'atterrissage. Sont-ils une création sur mesure pour ce spectacle?
XY : Non, ces planches, en fait une version en rigide de la couverture des pompiers, ont déjà été utilisées par une autre compagnie, mais on ne les a pas vues en scène récemment. C'est très basique. L'inventivité concerne ce qu'on fait avec un tel agrès, une simple planche avec des poignées.

DCH : Quant à la dramaturgie, il est beau aussi de voir que vous avez certes des adversités à affronter en cours de route, mais après on peut faire la fête aussi, en dansant.
XY : Il n'est pas encore minuit... (rires)

 

Propos recueillis par Thomas Hahn

 

Prochaines représentations à la Biennale de la danse :

17 et 18 septembre 2014, 21h, Théâtre des Célestins

Acrobates: Abdeliazide Senhadji, Airelle Caen, Alice Noël, Amaia Valle, Andres Somoza, Ann-Katrin Jornot, Antoine Thirion, Aurore Liotard, Charlie Vergnaud, Chloé Tribolet, David Badia Hernandez, David Coll Povedano, Denis Dulon, Emmanuel Dariès, Evertjan Mercier, Guillaume Sendron, Gwendal Beylier, Jérôme Hugo, Mohamed Bouseta, Romain Guimard, Thibaut Berthias, Thomas Samacoïts, Xavier Ortega-Lavabre, Zinzi Oegema

Collaboration artistique: Loïc Touzé, David Gubitch et Valentin Mussou

Collaboration acrobatique: Nordine Allal

Création lumière: Vincent Millet

Création costumes: Nadia Léon assistée de Mélodie Barbe

Intervenants Lindy Hop: Aude Guiffes et Philippe Mencia

 

http://ciexy.com/

 

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