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Anniversaire du Sacre au Théâtre des Champs-Élysées

Les Sacres du printemps, versions Nijinski et Sasha Waltz

100 ans pile, le 29 mai dernier à 20h, le rideau s’ouvrait sur le Sacre du printemps de Nijinski dans la reconstitution de Millicent Hodson et Kenneth Archer (1987), interprété par le Ballet du Théâtre Mariinski, sous la direction musicale de Valery Gergiev.

Bien sûr, on ne peut qu’être ému par ce retour aux sources de la chorégraphie qui déclencha un tel scandale. Certes, on comprend en regardant ces pieds en-dedans, ces sauts sur place qui n’ont rien d’aérien mais ne s’élèvent que pour mieux retomber, ces bras anguleux et cette ronde presque populaire, que l’élite intellectuelle eut l’impression d’être flouée. Elle qui venait applaudir ce nouveau héros en la personne de Nijinski, qui, tel un demi-dieu, pouvait s’élever dans les airs et sembler s’y arrêter quelques secondes.

Une danse moderne donc. Au-delà de la modernité, il y avait cette partition, si difficile à compter et donc à danser que l’on fit venir Marie Rambert (qui s’appelait alors Myriam Ramberg) et connaissait son Dalcroze et Laban sur le bout des doigts pour essayer de leur faire appréhender corporellement ces rythmes « indansables ».

Aujourd’hui, malgré tout, cela nous paraît très sage. Trop sage. D’une certaine façon, ça sent sa reconstitution. Les danseuses du Mariinski sont un peu trop sur le bout de la demi-pointe, les gestes sont un peu trop précis, un peu trop ensemble, et surtout, les comptes, les fameux comptes sont un peu trop… carrés ! Tellement que l’on se demande bien pourquoi des danseurs qui savent tous très bien compter jusqu’à 4 (et même jusqu’à 8) auraient eu tellement de mal à apprendre la chorégraphie initiale… On imaginait des ensembles plus décalés, une part de sauvagerie plus importante, quelque chose de plus échevelé… Mais il bien normal qu’un travail de restauration garde des parts d’incertitudes, les blancs de l’histoire sont tenaces.

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En deuxième partie, néanmoins, Le Sacre de Sasha Waltz, était presque plus classique dans sa gestuelle que l’œuvre de Nijinski. Citant abondamment Béjart (pour les sauts, les étreintes, et les grandes quatrièmes penchées), Pina Bausch (pour les déplacements de groupe, la terre sur le plateau et la robe donnée à l’Élue), elle en fait une sorte de saga New Age, avec son groupe, ses chefs de clan et ses enfants, pris dans un délire cataclysmique à venir. La version ne manque pourtant pas totalement de charme et réactualise la problématique du sacrifice, avec son côté mythique et sentimental… un peu trop convenu sans doute.

La vraie performance de la soirée était dans la baguette de Valery Gergiev, qui même s’il ne fait pas oublier d’autres versions (j’ai personnellement un faible pour celle de Karel Ančerl) a l’immense mérite de donner deux interprétations de la même partition interprétée deux fois de suite. On a l’impression qu’il a choisi de mettre sa baguette dans l’ombre de celle de Stravinsky dans la première version, un peu molle, manquant pas mal d’éclat et de dynamique alors que la seconde version rend à l’orchestre toute sa clarté et son énergie.

Toujours est-il que la soirée se tenait et permettait de réfléchir sur les raisons de la puissance d’une œuvre.

Agnès Izrine

29 au 31 mai 2013 - Théâtre des Champs-Élysées

photos : Vincent Pontet/Wikispectacle

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