La danseuse chorégraphe Nach se dévoile dans une pièce performance entre danse et parole. A voir aux Hivernales d'Avignon le vendredi 4 février à 19h30.
À jardin, elle est derrière un ordinateur et un grand écran occupe le fond de la scène. Tout indique qu’elle va parler plus que danser ; habillée plutôt chic, jean taille haute, grosses baskets, justaucorps à bretelles gris… Une recherche vestimentaire qui permet le mouvement et n'abandonne pas l'esthétique un peu relâchée du survêtement trop large et du sweet à capuche sous lesquels se cachent souvent les danses dites urbaines. On verra qu'il y a là un message dont nous reparlerons !
Elle engage son propos de façon assez simple, voire conventionnelle, chronologiquement, par des images du film Rize de David LaChapelle qui, en 2005 va faire découvrir au grand public ce qui n’était alors qu’une pratique chorégraphique des quartiers de Los Angeles. Le KRUMP, ce « Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise” forme de danse urbaine qui -comme le hip-hop en son temps avec Africaa Bambaata- tend à désamorcer la violence en la surjouant et qui fut une révélation pour la jeune fille un rien rangée qu’était alors Anne-Marie Van.
Car il faut prendre cette conférence dansée pour ce qu'elle n'est pas : la confession d'un parcours qui commence par « Un jour, à Lyon, place de l’Opéra, je découvre des danseurs urbains, je reconnais les poppers, les breakers… et je vois des krumpers ! » et que raconte celle qui va s’appeler Nach. Il y a des images un peu moches, tournées à l'Iphone, comme la forme contemporaine d'un journal intime ou d'un album photo que l'on feuilletterait pour quelques connaissances de passage. On y trouve quelques souvenirs entre anecdotes et témoignages : la dalle au dessus d'un magasin de sport de la porte de Montreuil, les studios de répétitions, les lieux d'une résidence au Japon. La qualité de l'image s'améliore au fur et à mesure que le parcours de Nach se coule dans le chorégraphiquement reconnu cursus honorum de l'artiste, en même temps que sa profusion capillaire tend vers l'actuelle alopécie volontaire.
Certes. Mais, dans le fond, l'intérêt n'est pas complètement là. Ou plus exactement, il faut noter le manque.Nach a été révélée comme artiste à travers un solo, La Cellule (2017), intense, brillant et transgressif, manière de manifeste pour l'abandon de l'orthodoxie du Krump au profil d'une expression personnelle. Mais pour les curieux, le nom de Nach évoque aussi la pièce Eloge du puissant royaume qu'Heddy Maalem, en 2013, consacrait au Krump. Dans cette pièce qui fut une manière de dévoilement-manifeste, une jeune fille à la présence marquante : Nach… Or, ces deux étapes sont très peu (voire pas du tout) soulignées dans cette conférence-confession.
Philippe Verrièle
Vu le 18 Février 2021 Théâtre des Hivernales dans le cadre Hivernales d’Avignon
Au Théâtre des Carmes-André Benedetto le vendredi 4 février 2022 à 19h30.
Hivernales d'Avignon