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ZOA 2019: Une édition féminine et sonore

La Zone d’Occupation Artistique présente sa 8ème édition, entièrement dédiée à l’écriture au féminin,  mêlant création chorégraphique, musicale et théâtrale.

Fidèle à sa philosophie qui soutient des artistes jeunes ou méconnus, surprenants et à la recherche de nouveaux modes d’expression, ZOA présente cette année quatre programmes incluant deux créations et trois premières françaises. Où l’on s’intéresse particulièrement à la question du lien intime, de la relation à l’autre et à soi-même.

Plus précisément, Sabrina Weldman qui a fondé ZOA il y a 8 ans, définit cette manifestation comme un rendez-vous qui « veut offrir la liberté de créer sans tabous, sans cadres préétablis, de prendre des risques, loin des stéréotypes ». C’est pourquoi « le formatage n’est pas de mise », dit-elle. Au contraire, « le désir de dire et sa possibilité y ont toute leur place ». L’argument est surtout de ne pas se laisser enfermer par une pensée en catégories ou disciplines artistiques. La danse est bien sûr fortement présente, mais hors de toute contrainte.

Au résultat, cette nouvelle édition, entièrement dédiée à la créativité des femmes, « s’annonce très sonore, musicalement et verbalement », selon Weldman.  ZOA est par ailleurs un festival nomade, sans quartier général défini. La 8e édition se décline en quatre soirées et est accueillie par trois lieux parisiens : L’Etoile du Nord (18e), le Point Ephémère (10e) et le Regard du Cygne (20e), tous connus pour un travail de grande qualité.

Fusions et déchirures

La soirée d’ouverture, le 22 octobre à L’Etoile du Nord est en même temps la clôture du festival Avis de Turbulences, organisé chaque année dans ce théâtre très ouvert à la danse. Le duo Rising Dragon, Redbird Flying de Maja Zimmerlin rebondit sur le mythe d’Hermaphrodite pour faire apparaître ce qui, dans la rencontre de deux êtres, peut les porter jusqu’à une fusion totale. Mais les forces qui s’y opposent sont également mises sur le plateau. Cette pièce se suspend entre notre désir de la rencontre et celui d’être pleinement soi-même. Elle aborde l’existence tel un cycle…

Dans la même soirée, Thi Mai Nguyen, longtemps interprète chez Wim Vandekeybus, présente et interprète Etna, un solo qui interroge, là aussi, la possibilité de suivre son chemin dans la vie. Mais ici, c’est la descente aux enfers de la précarité qui préoccupe l’artiste. Pas de naturalisme, mais la révolte d’une femme solitaire, errant à travers les souvenirs de sa vie précédente.

Corps - son - verbe

A Point Ephémère, ce lieu respirant partout la liberté et l’anticonformisme, sur les bords du Canal Saint-Martin, on verra quatre propositions en deux soirées, dont la reprise d’Etna. Vendredi 25, arrive la comédienne et metteure en scène - diplômée en philosophie - Stéphanie Aflalo avec son solo Jusqu’à présent, personne n’a ouvert mon crâne pour voir s’il y avait un cerveau dedans. Elle le situe à la « frontière entre le dicible et l’indicible », ce qui explique parfaitement sa présence dans un festival où la parole et la danse peuvent se rencontrer.  Ici, pour en découdre entre « ce qui a un sens et ce qui n’en a pas », notamment « en vertu de l’absurde jusqu’à son point de faillite ». Le point de départ est par ailleurs l’ouvrage De la certitude de Wittgenstein.

Ensuite, Flora Gaudin reprend en quelque sorte le fil de Maja Zimmerlin, par sa pièce Marsyas pour deux danseuses (« deux égos qui se prolongent l’un dans l’autre ») ainsi qu’un violoncelle et un guitariste. Duo-trio-quatuor donc, où se construit « un corps composite dont l’équilibre de chacun dépend de celui des autres ». Où corps, violoncelle et sons ne font plus qu’un.

Bondage japonais

Point Ephémère est aussi le lieu qui sonne parfaitement juste pour Mayalen Otondo avec sa création Point d’orgue (un double sens assez facétieux) où l’interprète de Maguy Marin et Rachid Ouramdane entraine ses spectateurs dans « la sensation de l’Après pleinement vécu ». « L’Après » ? Il est question, dans Point d’orgue – et on arrive ici à un triple sens – de « kinbaku, un type de bondage au Japon » qui serait « plus sensuel et émotionnel que le shibari ». Un solo « au cœur de cet instant de vide », de la « petite mort » donc, et en même temps une façon de s’engager auprès des femmes auxquelles on faisait, en d’autres siècles, des procès en sorcellerie.  Avec sa création précédente, dédiée à Médée, Otondo a prouvé qu’elle n’a pas peur d’expériences radicales sur scène.

En guise de conclusion, la chorégraphe italienne Laura Simi présente au Regard du Cygne, le 30 octobre, un essai (dans le sens littéraire) sur la relation d’une personne malentendante (ce qu’elle est) à la vie, à la danse, aux rythmes et à la relation entre le corps et le son. Avec cette édition entièrement féminine, ZOA continue à mettre en valeur des écritures qui vont au bout des choses, et l’édition 2019 promet de faire souffler un vent particulièrement poétique et philosophique.

Thomas Hahn

8e édition de ZOA, du 22 au 30 octobre 2019

www.facebook.com/ZoaZoneDOccupationArtistique

 

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