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Soirée de clôture de Faits d’hiver

Une carte blanche concoctée par Bernardo Montet pour la dernière soirée du festival.

Depuis quatre ans, Blitz est une soirée hors norme qui clôture Faits d’hiver. L’objectif de Christophe Martin est de donner une carte blanche à un chorégraphe qui a présenté une de ses pièces au sein du festival.  

Cette année, c’est au tour de Bernardo Montet, dont Mon âme pour un baiser a ouvert cette édition, d’honorer ce challenge à son goût.

Pour se faire, le chorégraphe a désiré rendre hommage à sa mère avec cette phrase qu’elle prononçait lorsqu’il était petit : « Même si je suis seule dans le désert à crier l’injustice dans ce monde, je serai celle-là ».  

Ainsi, il a invité quatre femmes au tempérament bien trempé qui ont chacune proposé un solo d’une rare intensité.

Léna Blou - Galerie photo  © Charlene Yves Photographies

Danseuse, chorégraphe et pédagogue, Léna Blou développe son concept du Bigidi. En duo avec le patchwork de sons distillé en direct par le musicien, elle danse et raconte cet état de déséquilibre permanent. Tous deux usent de la loi de la déstabilisation pour attester de la virtuosité de l’un et de l’autre car chacun est libre de sa partition gestuelle et musicale. Chute ou pas chute, telle est la question. 

Intervient ensuite Sophiatou Kossoko, elle aussi danseuse, chorégraphe et pédagogue dont l’improvisation conte, par le biais d’un texte qu’elle lit, une histoire assez compliquée mais dont les mots parfois très saccadés marquent le rythme d’une danse intérieure.

Sophiatou Kossoko - Galerie photo  © Charlene Yves Photographies

Puis, le mouvement qui se déploie laisse apparaitre une puissante révolte de l’âme et du corps. Cette femme à l’aspect plutôt viril, au visage fermé, les lèvres peintes en bleu, crache par tous les pores de sa peau les violences faites aux femmes et les aberrations de l’inégalité raciale.

Le thème est à peu près identique avec les chants et la danse de Dorothée Munyaneza qui évoque de sa voix chaude les cicatrices de l’Histoire. 

Dorothée Munyaneza Galerie photo  © Charlene Yves Photographies

Durant la prestation de Dorothée, Nadia Beugré, assise dos au public sur une chaise, ne bouge pas. Mais, imperceptiblement, une jambe commence à taper délicatement le sol. Puis, à le frapper plus fort pour enfin se lever et se lancer dans une danse incroyablement violente. Elle effectue des sauts et ses seins, libérés du soutien gorge qu’elle a détaché, provoquent des sonorités de chair qui font frémir. Son besoin d’exister est palpable, son message sur la place de la femme dans la société d’une rare impétuosité. 

Nadia Beugré - Galerie photo  © Charlene Yves Photographies

Le choix très personnel de Bernardo Montet d’inviter ces quatre femmes aux personnalités si différentes démontre à quel point la fureur, la véhémence et le déchainement de leurs propos ne parlent pas d’hier, mais bien d’une lutte quotidienne propre au XXIème siècle. 

Oui, comme la mère de Bernardo, une vietnamienne d’un mètre quarante-huit, l’instant dansé de ces artistes s’opposent et s’imposent aux autres. 

Une soirée troublante, poétique et d’une extrême puissance qui correspond à l’affirmation de Christophe Martin : « Tel un laboratoire, la danse contemporaine travaille le vivant dans toutes ses parcelles, ses éclats et manifestations. »

Sophie Lesort

Spectacle vu le 8 février 2020 à Micadanses dans le cadre de Faits d’hiver

Carte blanche noire 
De et avec : Nadia Beugré, Sophiatou Kossoko, Léna Blou, et Dorothée Munyaneza
Musiciens : Allan Blou et Alain Mahé
Micadanses

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