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« Simplexity » de Thierry De Mey

Dans le milieu chorégraphique, le nom de Thierry De Mey est d’abord lié à la danse belge : Il est le frère de la chorégraphe Michèle Anne, le complice d’Anne Teresa De Keersmaeker pour laquelle il crée notamment la musique de Rosas danst Rosas, ou de Wim Vandekeybus qui l’entraîne dans l’aventure de What the body does not remember.

Il est également associé à William Forsythe pour lequel il réalise le film sur One Flat Thing Reproduced.

Voilà donc longtemps que Thierry De Mey, compositeur et réalisateur « tournait » autour de la danse. Il avait même créé une Musique de gestes, demandant à ses musiciens de donner corps, par une gestuelle, à sa musique. Il était donc logique qu’il saute un pas de plus et se lance dans la chorégraphie. Ce qu’il a fait avec Simplexity, donné en ouverture au festival Manifeste de l’IRCAM.

Cette création, en collaboration avec l’Ensemble Intercontemporaine et l’IRCAM, réunit cinq danseurs (Peter Juhász, Victor Pérez Armero, Louise Tanoto, Ildikó Tóth, Sara Tan Siyin) et cinq instrumentistes (Jérôme Comte : clarinette, Samuel Favre, Victor Hanna : percussions, Frédérique Cambreling : harpe, John Stulz :alto). La composition musicale comprend, en outre, de la musique électronique.

Simplexity, sous-titré La beauté du geste, donne déjà le ton de l’œuvre : à la fois simple et complexe, déployant le mouvement avec éclat, contrecarrant dès le départ tous les a priori sur la musique et la danse contemporaines.

Le résultat est la belle fusion d’une danse fluide et organique avec de courtes pièces musicales, intimistes et proches d’une musique de chambre. La gestuelle des instrumentistes, exposée en prélude à la danse, semble un alphabet plus tard développé dans les variations mouvementées des danseurs. Fondamentalement proche d’une Anne Teresa De Keersmaeker dans sa recherche d’une structure souple, la composition de Thierry De Mey ordonne un invisible chaos, que contiennent les lignes rigoureuses dessinées au sol.

Le jeu de lumières particulièrement soigné de Nicolas Olivier, donne du volume et creuse la scène d’îlots correspondants aux différentes parties instrumentales. La musique distille une vibration fragile qui retentit dans les corps. Souvent, on a l’impression que c’est le jaillissement du mouvement qui déclenche et guide la musique. Comme si le compositeur voulait mettre en exergue le geste de l’interprète plus que celui du créateur.

Simplexity remplit parfaitement son programme, son architecture musicale légère  et sophisitiquée rendant réellement visible la "beauté du geste" !

Agnès Izrine

2 juin 2016, Centre Georges Pompidou, dans le cadre de Manifeste, festival de l'IRCAM

 

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