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« Sideways Rain » de Guilherme Botelho

Fuir, chercher, renaitre, vivre, se réfugier… tant de thèmes abordés dans une course qui se renouvelle à l’infini.

Dans le cadre des rendez-vous danse/théâtre du Montfort qui se déroulent jusqu’au 26 novembre le chorégraphe Guilherme Botelho (compagnie Alias), présente une pièce iconoclaste pour quatorze danseurs : Sideways Rain.

De jardin à cour et éclairés par le coté droit, les danseurs rampent lentement les bras et jambes tendus. Ils semblent fort nombreux tant ils reviennent toujours par la gauche à des rythmes différents.

De fil en aiguille, ils continuent à traverser la scène en glissant, puis en se relevant petit à petit, plus ou moins vite, plus ou moins facilement. On pense alors à l’évolution donc à l’Homo Sapien, le premier bipède. Mais ne s’agit-il pas aussi des premiers pas d’un bébé ?

Ces multiples passages sont étourdissants et attirent l’attention car il est évident que chaque intention du chorégraphe a une signification. Ceci d’autant plus que les interprètes ont tous le même but et se dirigent tous vers le même endroit avec une réelle ferveur. Ils ne se regardent jamais, non, ils courent en ligne. Parfois, l’un tombe, et sans que personne ne l’aide à se relever, il repart aussi vite. Puis ils marchent, roulent sur eux-mêmes et poursuivent lors de multiples mouvements ce même chemin. Une seule fois, un couple s’arrête, se regarde, et finit par reprendre sa route.

Cet ensemble esthétiquement parfait et extrêmement bien interprété raconte la vie. Qui sont-ils ? Des hommes et des femmes chercheurs d’or ? Des réfugiés qui fuient l’horreur ? Lorsqu’ils avancent le regard vers le ciel, s’agit-il d’une prière, d’une ode vers le ciel ? Quand leurs bras devancent leurs corps, se protègent-ils ou veulent-ils atteindre plus vite un eldorado ?

Le fait d’aller toujours vers la lumière pourrait prouver que le bonheur et la paix sont de l’autre coté d’une sombre frontière.

Puis, les voilà qui arrivent nus en tirant des fils, une multitude de fils qui traverse la scène. Et là, sont-ils simplement des marionnettes dont le manipulateur nous a conté une belle histoire ?

Galerie photo © Jean-Yves Genoud

Sideways Rain est non seulement une œuvre étourdissante, mais aussi puissamment intelligente car cette éternelle répétition interroge. En fin de compte, s’agit-il tout simplement de la vie, de la naissance à la mort ? Ou de la condition de l’Homme sur terre, de la façon dont il est traité, de sa quête d’identité, de sa reconnaissance ou des transformations de l’univers ? Quant à leur solitude, est-elle le reflet de la perte de communication charnelle du XXI ème siècle. ?

Guilherme Botelho a du talent et ses interprètes aussi parce qu’en une heure, par le biais de courses éperdues décrites par de simples gestes dansés, ils parlent d’aujourd’hui.

Sophie Lesort

Sideways Rain : Chorégraphie : Guilherme Botelho
Interprétation : Fabio Bergamaschi, Alexandre Bibia, Adriano Coletta, Lind Johannes, Victoria Hoyland, Erik Lobelius, Anne-Lise Pizot, Angela Rabaglio, Linn Ragnarsson, Amaury Réot, Claire-Marie Ricarte, Adrian Rusmali, Luisa Schöfer, Christos Strinopoulos Musique : Murcof Lumière : Jean-philippe roy Technique : Eloi Gianini
Scénographie : Guilherme Botelho, Stefanie Liniger, Gilles Lambert
Costumes : Marion schmid D’après Julia Hansen

Au Montfort jusqu’au 10 novembre : http://www.lemonfort.fr/
 

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