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Salia Sanou à Transdanses

Á nos combats de Salia Sanou est à l'affiche du festival Transdanses le 19 novembre prochain.

Le lendemain de l’ouverture des Francophonies de Limoges, la place de la République était noire de monde pour assister à la création d’Á nos combats, de Salia Sanou originaire du Burkina Faso.

Alors qu’un ring de boxe est cerné d’une multitude de chaises, une batterie est disposée sur un plateau. De l’autre côté, un speaker raconte l’origine de cet ouvrage : le match légendaire entre Mohamed Ali (Cassius Clay), et Georges Foreman du 30 octobre 1974 au Zaïre.

Mais cette fois se sont des femmes mi-danseuses, mi-boxeuses, surnommées la tigresse noire et la panthère blanche qui combattent Alors que le batteur fait son entrée, l’ambiance est survoltée, de joyeux cris soutiennent les deux combattantes qui enchaînent coups et chorégraphie. Un danse qui, sans prévenir, est reprise par plus de 75 amateurs disséminés sur la place. Un flash-mob spectaculaire génial, puissant et plein de vie qui se répète plusieurs fois. 

Durant une heure, les rôles s’échangent puisque deux hommes enfilent aussi des gants de boxe. Et les quatre artistes conjuguent le vocabulaire de la boxe à celui d’une danse esthétique, énergique et souple où les jeux de jambes et de bras rappellent ceux de Mohamed Ali et Georges Foreman lors de ce combat mythique qui a inspiré la chorégraphie de Salia Sanou. 

Entre absorptions, balayages, contre-attaques, esquives, corps à corps et dégagements, tout est incroyablement bien exprimé et même les néophytes en boxe se prennent au jeu et hurlent pour soutenir l’un ou l’autre. 

La vitalité et l’humour du speaker tonifie cette atmosphère bon enfant qui ravit la foule de spectateurs. Dans ce divertissement, la noblesse du « Noble Art » dynamise et fait danser une salle entière. 

Galerie photo © Laurent Philippe et Christophe Pean

Le soir, au théâtre Jean Gagnant,Tafé Fanga ? Le pouvoir du pagne ? est un spectacle total qui entremêle danse, théâtre et chant. Cette pièce jouée en français et en bambara, signée par Jeanne Diama, narre la place et les revendications des femmes maliennes. 

Le lieu où se déroule l’histoire est nettement défini dans une scénographie colorée où une multitude de pagnes de teintes différentes sont tout simplement accrochés sur des fils avec des pinces à linge. 

Elles sont quatre, dont trois vêtues de costumes locaux chatoyants et une, Jeanne Diana, en petite robe blanche. Et justement, elle reçoit des remarques sur son âge qui avance, sur ses tenues trop courtes, son maquillage trop prononcé et décide alors de questionner ses amies sur cette nécessité qu’ont certains de vouloir imposer leurs visions de la femme aux femmes.

En riant, elles reprennent les expressions vulgaires et grivoises des hommes dès qu’ils parlent du sexe féminin. Puis, la superbe Niaka Sackorevisite différents registres de chansons entre le répertoire traditionnel malien et le rap…Son intention est de scander leurs fureurs face à des attitudes scandaleuses : l’excision, le mariage forcée, mais aussi le manque total de respect, l’incompréhension masculine lorsqu’une épouse repousse ses avances…

Mais elles calment leurs peurs et leurs blessures en dansant gracieusement sur une chorégraphie de Djibril Ouattara. Leurs mouvements propres à leurs cultures expriment l’amitié, la complicité et surtout l’humour qui fait leurs forces.

Le texte de Jeanne Diama est magnifiquement écrit, concis, précis, simple et tellement universel. Cette si belle jeune femme est aussi une excellente comédienne tout comme ses amies. C’est aussi grâce à l’intelligente mise en scène d’Assitan Tangara que la pièce ne sombre jamais dans le mélo et déploie une belle une joie de vivre, de l’énergie et surtout une générosité communicative.

Galerie photo © Christophe Pean

La dignité, le talent, les propos et les sourires de Jeanne Diama, Awa Diassana, Niaka Sacko, Tata Tassala Bamouni et Lamine Soumano émeuvent toute la salle qui se lève, les larmes aux yeux, pour les applaudir durant de longues minutes. En sortant, un monsieur déclare qu’il en a pris plein la figure….  

Une pièce au sujet universel qui doit absolument tourner dans les théâtres du monde entier ! 

Sophie Lesort

Spectacles vus à Limoges le 23 septembre 2022
Les Francophonies jusqu’au 1er octobre

En tournée : 19 novembre 2022 : Festival Transdanses, Espace des Arts, Chalon-sur-Saône
11 et 12 février 2023 –Le Manège Scène nationale de Reims. 

Á nos combats 

Chorégraphie : Salia Sanou

Avec Salia Sanou, Séga Seck, Marlène Guivier, Fatou Traoré, Marius Sawadogo, Soro Solo et 75 amateur·rice·s 
Musique : Séga Seck
Régie générale : Rémy Combret

Tafé Fanga ? Le pouvoir du pagne ? 

Texte : Jeanne Diama (Programme Découvertes 2020 de la Maison des auteur·rices) 
Mise en scène : Assitan Tangara
Avec Jeanne Diama, Awa Diassana, Niaka Sacko, Tata Tassala Bamouni, Lamine Soumano
Scénographie : Patrick Janvier
Chorégraphe : Djibril Ouattara
Conseillère et collaboration artistique : Fanny Fait, Moïse Touré
Son et lumière : Lamine Gaoussou

Les Francophonies jusqu’au 1eroctobre

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