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Russie: des danseuses en prison

Le twerk ne plaît pas aux autorités russes. Les condamnations se multiplient.

Comme le rapporte la presse française et internationale, plusieurs jeunes danseuses, en formation dans une école de danse à Novorossiysk, dans le sud de la Russie, ont été condamnées à des peines de prison fermes. Leur crime: Elles ont posté sur Youtube leur vidéo d'une chorégraphie, jouissive mais parfaitement naïve, identifiée comme appartenant au "twerk", style enseigné dans les écoles de danse en Russie. La vidéo étant encore disponible, tout un chacun peut se convaincre de ce que ces filles ne sont nullement coupables du "vandalisme" dont les accuse le tribunal.

Il s’agit du mémorial Malaya Zemlya, inauguré en 1982. Certes, les juges ont fustigé une profanation mémorielle. Mais y a-t-il profanation de la mémoire des soldats ayant libéré la ville de Novorossiysk des troupes hitlériennes quand on y danse en liberté ?
Le twerk ? N'est-ce pas cette danse mise en abyme par François Chaignaud et Cecilia Bengolea dans altered Natives’ Say Yes To Another Excess ⎯ TWERK ? Le titre peut effectivement effrayer des juges russes, en amont de la grande parade militaire à Moscou, commémorant la fin de la seconde guerre mondiale par une grande démonstration de force de frappe militaire. Une danse joyeuse n’est alors que trop subversive. Mais elle menace la militarisation actuelle de la société russe (et occidentale). La chorégraphie en question est pourtant plus que sage. Les filles agitent leurs fesses, mais surtout leurs bras et c’est plutôt mal dansé. Parions que François Chaignaud et Cecilia Bengolea ne se seraient pas intéressés au twerk, si à New York on le dansait aussi naïvement que les six danseuses russes.
Un tribunal n'est pas dans son rôle s'il se fait critique de danse, même dans un pays qui, sous gouvernement soviétique, n’autorisait que le ballet classique et les danses folkloriques. Par contre, tout amateur de danse est dans son rôle en posant un regard critique sur le monument en béton qui brise le paysage dans lequel ont évolué les danseuses. La gigantesque pointe qui sort de la terre est une violation du panorama naturel, alors que la danse s'y inscrit de façon harmonieuse.
D’autres danseuses de twerk russes, à Orenbourg cette fois, ont également été mises en cause. Les filles étant trop jeunes pour être incarcérées, les autorités de la ville ont tout simplement fermé leur école de danse, alors que leur petit spectacle s’est déroulé sur une scène, en salle, devant les familles des petites danseuses :
 

L’acharnement des autorités russes va donc plus loin et montre qu’à Novorossiysk où l’objectif de la vidéo était d’amener de nouvelles filles à leur école de danse, la défense de la mémoire des soldats n’était qu’une accroche, un prétexte bienvenu. La campagne a des raisons plus profondes et s’inscrit dans la nouvelle guerre idéologique anti-occidentale du Kremlin qui passe par l’hystérisation de toute la société. L’une des danseuses du groupe de Novorossiysk étant mineure (16 ans), c’est sa mère qui a été condamnée pour ne pas avoir assuré le « développement corporel, intellectuel, psychique, spirituel et moral » approprié de son enfant.
Mais il y a de l’espoir, si on veut : Une fois que Poutine aura déclaré la guerre au reste du monde, des prestations comme celle filmée à Novorossiysk seront très demandées pour remonter le moral des troupes, et les filles n'iront pas en prison, mais se feront grassement payer, peut-être même en dansant exactement au même endroit !

Thomas Hahn
 

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