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Procédure de licenciement contre le directeur des Hivernales

Une pétition a été lancée en soutien à Emmanuel Serafini, visé par un licenciement au terme des élections régionales où il conduisait la liste EE-Les Verts alliés au Front de Gauche à Avignon.

Une pétition (à lire sur www.change.org) a recueilli près de 1600 signatures, en soutien à Emmanuel Serafini, directeur des Hivernales. Ce centre de développement chorégraphique est basé à Avignon, où il chapeaute le festival de danse du même nom (trente-huitième édition prévue du 3 au 20 février prochain) et promeut une programmation d'été dans le cadre du Off du Festival d'Avignon. Soit deux temps forts de la saison chorégraphique en régions.

La liste des signataires voit cohabiter une série de figures du monde professionnel de la danse, et des profils plus politiques, militants à la gauche de la gauche. En effet, lors des récentes élections régionales, Emmanuel Serafini avait pris la tête de liste dans le département du Vaucluse, au titre de la Société Civile, pour EE-Les Verts et le Front de Gauche, alliés sous la bannière de La région coopérative (près de 10 % au soir du premier tour sur Avignon, près de 7 % à l'échelle de la région PACA).

C'est au soir même du premier tour de scrutin (6 décembre 2015), qu'Emmanuel Serafini était avisé de sa mise à pied à titre conservatoire, avec suspension de salaire, interdiction de se rendre dans les locaux et d'entrer en contact avec des salariés de la structure. Une mesure suivie, le 16 décembre, par un entretien préalable à son licenciement (dont il y a tout lieu de penser qu'il puisse faire l'objet de recours devant les prud'hommes).

La concomitance entre l'engagement électoral d'Emanuel Serafini et son éviction professionnelle prête évidemment à tous les soupçons de règlement de compte politique, même si Bernard Renoux, président des Hivernales, à l'initiative du licenciement, proteste de sa propre sensibilité de gauche (mais réputé plutôt proche de certains membres du Parti socialiste, lequel avait réussi à gagner la Ville d'Avignon aux dernières municipales, mais dans un contexte encore aujourd'hui très fragilisé par la pression massive du Front national).

Les derniers développements peuvent aussi être lus comme l'épilogue d'une profonde dégradation des relations entre ce président des Hivernales, et Emmanuel Serafini, qui en avait pris la direction en septembre 2009, et est aujourd'hui âgé de 49 ans. L'été dernier, les divergences entre les deux hommes commençaient à se sentir, à propos de la façon de s'opposer au risque de récupération par un entrepreneur privé, de la salle de théâtre que louent les Hivernales. Fallait-il adopter un ton militant mobilisateur, ou faire plutôt confiance au bon vouloir des tutelles et de la DRAC ?

Puis à l'automne, les dissensions se faisaient très vives, lors de la tenue du Conseil d'administration des Hivernales, à propos des comptes exposés par le directeur des Hivernales. Un déficit prévisionnel supérieur à 80 000 euros y apparaissait, pour un budget d'un montant de 900 000 euros environ. Le directeur du CDC avignonais semblait miser sur les mesures nouvelles pour la danse dont le Ministère de la culture avait laissé se répandre l'espoir sur le plan national (avec des enveloppes supplémentaires pour les accueils en résidence et pour la mise en place d'artistes associés), avant de se rétracter depuis lors.

Il est à noter que dans les premiers temps de sa prise de fonction, Emmanuel Serafini était déjà parvenu à rétablir une situation budgétaire très tendue. Quant aux nouvelles difficultés se présentant aujourd'hui, le représentant de la DRAC en PACA aura cette fois appuyé les très vives réserves formulées par le président de la structure à l'encontre des nouvelles perspectives budgétaires, et donc d'Emmanuel Serafini. Reste que le contexte politique jette le plus grand trouble sur les motivations du litige et les conséquences graves qui en découlent aujourd'hui.

Gérard Mayen

 

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