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« Pneuma », Carolyn Carlson, Ballet de l’Opéra national de Bordeaux

En clôture d’une série de spectacles dans le cadre de sa résidence à Chaillot, la Carolyn Carlson Company a interprété du 17 au 20 février le très beau Pneuma, créé en 2014 pour le Ballet de l’Opéra de Bordeaux. Inspirée de l’essai L’Air et les songes du philosophe Gaston Bachelard, cette pièce comme en apesanteur est traversée tout du long du souffle de la vie, de la danse et de l’envol.

Alternativement vêtus de noir - longues robes flottantes et transparentes - et de blanc - pantalons, tee-shirts, tuniques -, les 22 danseurs bordelais font vibrer l’espace de leur gestuelle fluide, cheveux au vent et pied léger. Un arbre suspendu en fond de scène, quelques parallélépipèdes rectangle transparents, une mini estrade, des tiges de paille alignées, un sol immaculé tiennent lieu de décor dans une lumière bleutée et rayonnante.

Pas de doute, nous voici revenus dans un univers onirique typiquement carlsonien, dont le charme opère à plein. La gestuelle elle aussi nous est familière, avec ses grandes diagonales, ses glissés et ses ondulations du haut du corps. Expressive, symboliste, toujours fluide, elle est séquencée en plusieurs tableaux qui s’enchaînent sans heurt, marqués par de superbes solos et des portés aériens.

Il faut saluer la performance des interprètes, littéralement soulevés par une chorégraphie aussi physique que métaphysique, même si les figures symboliques du bien et du mal (ange blanc contre diable noir) auraient sans doute gagné à être moins soulignées. Gavin Bryars, l’inoubliable compositeur du Jesus' Blood Never Failed Me Yet rythmant le Quintett de Forsythe, a ici composé une partition symphonique quasi futuriste, répétitive et totalement envoûtante.

"PNEUMA" - Carolyn Carlson © Sigrid Colomyes

Certes, l’attention fléchit dans la dernière partie du spectacle, dont les figures se renouvellent peu. Mais on demeure séduit par un ballet qui répond parfaitement au concept de « poésie visuelle » prôné par son auteur. La dimension cosmique voulue par Carlson en résonnance avec l’œuvre de Bachelard peut, dans sa simplicité, paraître naïve ; elle touche néanmoins chacun au plus intime et au plus universel.

Isabelle Calabre

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