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Paris/Nanterre : La déferlante Dairakudakan

Deux nouvelles créations, la reprise du fameux Crazy Camel, un film et la parution d’un livre : Akaji Maro est sur tous les fronts.

Du 23 novembre au 16 décembre, la Maison de la Culture du Japon et la Maison de la Musique de Nanterre font la part belle à la troupe mythique de butô, fondée en 1972, suite à sa rencontre avec Tatsumi Hijikata. Depuis ces jours où Dairakudakan voyait évoluer en son sein Ushio Amagatsu, Kô Murobushi et Carlotta Ikeda, Akaji Maro est resté fidèle à l’esprit sulfureux et facétieux de Hijikata.

A la grande différence avec Sankai Juku et son esthétique pure et spirituelle, Akaji Maro mélange garçons et filles, avec humour et autodérision, en grossissant les traits de tout et de chacun.e, à commencer par les siens, créant une sorte de manga dansé, tantôt ténébreux, tantôt hilarant.

Comme un portrait : Trois spectacles, un film et un livre

Dairakudakan reviennent aujourd’hui à Paris, pour un véritable portrait de cette compagnie, avec leurs deux dernières productions, accueillies à La Maison de la Culture du Japon, et le fameux « Crazy Camel », un hommage à l’univers si parisien du Crazy Horse où les interprètes, nus mais poudrés d’or, relookent le cabaret et le butô à la fois. On aimerait voir un jour ce « Kimpun Show » (kimpun désigne la poudre d’or) sur la scène même du mythique cabaret parisien. Mais il vaut bien le détour à la Maison de la Musique de Nanterre a le bonheur de le recevoir les 15 et 16 décembre [lire notre critique].

Du Paradis au Diable

Dans Paradise, Akaji Maro s’entoure de vingt danseurs et déclare qu’il considère le paradis comme une maladie, au même titre que la paranoïa. Aussi quand il donne sa propre vision du paradis, une fresque aux images baroques et burlesques dont chacune dépasse l’imagination, d’autant plus qu’on n’a que peu d’idées pour imaginer à quoi ressemblerait cet endroit pourtant si convoité.  « Le Grand Vaisseau du chameau » (traduction littérale de « Dairakudakan ») ne lésine pas sur la manière d’y amener son public.

Par contre, l’image qu’on se fait du diable est d’autant plus claire, et Maro en personne lui donne un visage saisissant. Le maître fondateur n’est plus le seul chorégraphe de sa compagnie. C’est en particulier la jeune Naomi Muku qui signe ici une création de Dairakudakan qui lui a valu le Prix du meilleur espoir 2016, décerné par l’Association des critiques de danse du Japon. Elle présente Asura, sa dernière pièce, où elle évoque les démons de la cosmogonie bouddhique, êtres malfaisants et belliqueux et pourtant représentés avec des visages d’une grande douceur.

Galerie photo © Hiroyuki Kawashima

Akaji Maro, grand témoin

Le butô ne cesse de jouer sur ces contrastes, entre terreur et beauté, entre vulgarité et sublimation. Et c’est toujours la part noble qui l’emporte, d’autant plus que son anathème s’attache à elle tel un écho résonnant à l’infini. Mais personne n’explique mieux son art que Maro lui-même, et on peut désormais le lire en français, grâce aux entretiens dans l’ouvrage « Danser avec l’invisible », publié par Aya Soejima aux éditions Riveneuve.

Soejima, fidèle collaboratrice de la Maison de la Culture du Japon, rend accessible la pensée de cet iconoclaste charismatique qui a nommé son style de spectacles  Tempu Tenshiki,  traduit par « cérémonie impulsée par les talents innés » et dit que « chaque danseur transporte sur son dos la beauté et la laideur de sa vie. »

Sa conclusion : « Ça ne m’intéresse pas de voir une maîtrise époustouflante. Je veux voir des choses qui dépassent du cadre. S’il suffit certes d’avoir un corps, il faut cependant vérifier la bonne marche de ce dernier. Le travail de ma compagnie repose sur trois piliers: la collecte des gestes, le corps matrice, le corps-espace. »

Cerise sur le gâteau: La projection du film Planets, œuvre cinématographique de Jeff Mills, pionnier de la musique techno de Detroit. Mills, qui signe aussi certaines musiques de Paradise, vient en personne pour assister à la projection exceptionnelle de cette évocation de notre système solaire et de ses planètes, incarnées par neuf danseurs de Dairakudakan, qui seront également présents.

Thomas Hahn

Asura du 23 au 25 novembre
Paradise du 30 nov au 9 décembre

http://mcjp.fr/fr/agenda/dairakudakan

PLANETS,  film de Jeff Mills
6 décembre à 19h
(en présence de Jeff Mills et les neuf danseurs de Dairakudakan)

Maison de la culture du Japon à Paris

101 bis, quai Branly, 75015 Paris
Métro : Bir-Hakeim (ligne 6) / Champ de Mars (RER C)
Réservation 01 44 37 95 95
Agenda Dairakudakan

Crazy Camel
15 et 16 décembre à la Maison de la musique de Nanterre - Dairakudakan

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