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Novart, festival pluridisciplinaire

Une programmation éclectique pour cette 12 ème édition de Novart dont Sylvie Violan vient de prendre la direction artistique.

Il fait très doux à Bordeaux et c’est sous un soleil radieux que trône la Redball de Kurt Perschke coincée au dessus de l’eau sur le pont Chaban Delmas. Cet immense ballon rouge conçu par le plasticien change de place chaque jour et fait la joie des petits et grands qui peuvent, selon le lieu où il est exposé, jouer avec, se mettre dessous, le faire rouler.

Autre surprise, le lieu de rencontre de Novart situé dans les locaux de l’ancien marché cours Victor Hugo. Avec pour nom La voiture qui tombe cet endroit regorge d’idées originales. Ayant conservé les étals des anciens corps de métiers, le marché retrouve son origine, c'est-à-dire des gens de tous les âges qui se promènent et découvrent au fil de leurs flâneries un bar convivial, une restauration proposée par des artisans dont les produits sont excellents, un coiffeur, une petite salle pour danser, sauf que là, tout le monde ne se meut pas sur le même rythme du fait que chacun est doté d’un casque audio qui diffuse des musiques de son choix. Il y a aussi des soirées à thèmes : karaoké et DJ set, brunch, débats avec des artistes. Toutes les fins de semaine, c’est la fête avec une foule compact qui adore cette idée.

Pour Sylvie Violan, cette installation est l’une de ses priorités. « Ce Q.G artistique et festif permet au public de rencontrer les artistes dans une ambiance conviviale. On peut y passer quelques minutes comme une soirée entière. Étant donné que j’aime travailler sur la mutation d’un lieu, Novart investira tous les ans un nouvel emplacement. C’est ça la véritable notion du mot festival. »

En prenant les rênes de Novart, Sylvie a apporté d’autres nouveautés qui ressemblent à la programmation du théâtre Le Carré, Les Colonnes qu’elle dirige à Saint-Médard-en-Jalles et à son festival « Des souris et des hommes » qui est dorénavant relié à Novart. « J’espère donner une nouvelle identité à cet évènement qu’est Novart en proposant une affiche pluridisciplinaire, internationale et décloisonnée. On ne peut plus dire que tel ou tel spectacle est de la danse, du cirque ou du théâtre. Désormais, ces arts s’entremêlent. Il suffit simplement d’informer le public, de le sensibiliser afin qu’il fasse son choix suivant ses goûts ». 

En effet, au CDC Le Cuvier, Archive  d’Arkadi Zaides est une pièce puissante et déroutante qui fait résonner dans le corps du danseur la violence d’images filmées par des amateurs d’une association israélienne pro-paix. D’un personnage qui lance des pierres, le danseur s’approprie ses mouvements et notre regard figé sur l’image se tourne en douceur vers l’interprète dont l’intense présence ajoute une pierre à la terreur quotidienne des habitants des territoires occupés. Cette œuvre ne laisse pas indifférent. Elle permet de se poser de nombreuses questions quant à notre vision de l’horreur que nous montrent régulièrement les informations sans pour autant nous toucher au cœur.(Lire notre critique)

Divergence totale au Casino avec Still Life du grec Dimitris Papaioannou où cirque et danse s’unissent de façon audacieuse. Bien qu’un peu trop long, cet univers qui met en scène d’étranges individus offre de beaux tableaux et quelques trouvailles intéressantes (lire notre critique).

Avec pour fil conducteur « les histoires de vies » Novart a invité une dizaine de compagnies régionales ainsi qu’une large ouverture sur le monde avec vingt spectacles internationaux d’artistes des États-Unis, de la Corée, du Canada, Bénin, Israël et Grèce, dont certains en première en France et mondiale. Soit cent vingt représentations et la présence d’Alejandro Jodorowsky qui a lu des extraits de ses œuvres théâtrales au CAPC, musée d’art contemporain, tandis que le public l’écoutait au millieu de l’exposition qui lui est consacrée.

« En faisant participer les vingt lieux culturels de la métropole bordelaise qui font des suggestions de programmation, nous faisons circuler les publics et espérons en capter de nouveaux », dit Sylvie Violan qui rajoute avec son charmant sourire, « oui, je suis indisciplinée, j’aime particulièrement bousculer les habitudes, faire des propositions saugrenues et originales, mais mon leitmotiv demeure la qualité artistique et ce, dans tous les domaines ».

Avec des salles toujours combles pour des spectacles plus ou moins pointus et de tous les styles, Sylvie Violan qui court toute la journée d’une scène à l’autre avec toujours la même bonne humeur, a réussi son premier challenge, c'est-à-dire faire que cette 12ème édition de Novart cueille dorénavant un large public et donne ses lettres de noblesse à cette manifestation afin d’honorer la métropole bordelaise.

Sophie Lesort

Festival International Novart, jusqu’au 23 octobre à Bordeaux. Renseignements : http://www.novartbordeaux.com/

« Archive » d’Arkadi Zaides les 24 et 25 novembre à Dansem de Marseille

Crédit photos © Jean Couturier,

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