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« Mouvement capturé » Compagnie Pedro Pauwels

Mouvement capturé, la biennale de la photographie de danse inaugurée il y huit ans par le chorégraphe Pedro Pauwels à Limoges, après avoir migré par Brive, vient de se fixer définitivement, peut-on penser, à Montauban.

L’événement est moins anodin qu’il n’y paraît, cette cité ayant été jusqu’ici habituée aux spectacles du festival de danse académique d’Alain Marty, un ancien danseur de l’Opéra de Paris, aux galas de fin d’année du Conservatoire municipal de musique et de danse, aux expositions de peinture de sculpture de deux artistes majeurs de l’art classique, Ingres et Bourdelle, et, il y a une dizaine d’années, aux concerts du festival Jazz à Montauban – rappelons au passage que Hugues Panassié, le cofondateur du Hot Club de France, a fini sa vie à Montauban où il donna de nombreuses conférences tandis qu’un révolutionnaire de renom, Daniel Cohn-Bendit, y a commencé la sienne.

Le soutien sans faille de la ville et le dynamisme de la directrice des affaires culturelles, Élodie Pignol, ont permis à la biennale de se dérouler sous les meilleurs auspices, et dans de très bonnes conditions en termes d’accueil, de prestations techniques, de relations entre les organisateurs, le public et les commerçants. Ces derniers ont joué le jeu en mettant à disposition des vitrines destinées à des performances au cours d’une déambulation dans le centre historique.

Pour le moment, la ville et la compagnie de Pedro Pauwels produisent entièrement cet événement unique en France, sans la moindre subvention de l’État, que ce soit de la part de la Délégation à la Photographie, des Missions photographiques régionale ou de la Délégation à la danse. En ce qui concerne la photographie, Pauwels est entré en contact avec une association de photographes amateurs qui ont exposé le résultat de leurs travaux à la Maison du Crieur.

Galerie photo © Nicolas Villodre

L’Ancien Collège a permis de faire le lien entre la capture du mouvement, en l’occurrence celui spécifique des ballets de Malandain fixé pour la postérité par Olivier Houeix et aussi, pour la première fois dans le cadre de la biennale, par les dessins de l’illustrateur vif et talentueux Rosendo Li, le Péruvien de l’étape montalbanaise.

Dans les halls du théâtre Olympe de Gouges, s’exprimaient les photographes Pierre Ricci et Fabrice Demenet ainsi que leurs collègues féminines Emmanuelle Stauble, avec des compositions sur-dramatisées par des effets de lumière, Anne Perbal, danseuse-chorégraphe des deux côtés de l’objectif, avec de beaux portraits couleur retravaillés numériquement et Elizabeth Prouvost, dont le noir et blanc charbonneux rappelle le photopictorialisme de Puyo et Demachy et le photodynamisme des frères Bragaglia.

De mini-causeries ou confessions reprenant la formule du speed dating ont eu lieu en plein air, dans divers lieux (le marché des producteurs, la cour de l’Ancien Collège, la Place Nationale) ; des débats animés par Agnès Bretel ont abordé les problématiques et thématiques découlant de la confrontation entre les deux expressions artistiques, sinon antagonistes, du moins divergentes par nature. Une conférence passionnante du chorégraphe Olivier Viaud sur la Décomposition du mouvement, de la chronophotographie à l’abstraction chorégraphique a quasiment prouvé que la chronophotographie de Marey (et, dans une certaine mesure, la zooprasographie de Muybridge) ont eu des effets chez les chorégraphes les plus novateurs du XXe siècle, en particulier chez Balanchine dont on retrouve les intermittences et les saccades du geste, y compris dans les suites de mouvements en apparence les plus fluides.

Enfin, que ce soit in situ, dans les rues de la ville, ou sur la scène de l’Ancien Collège, nous avons eu droit aux performances d’associations de danse de salon, de handidanse et de danseurs dont un grand nombre issus de la galaxie James Carlès : Hélène Pergès, Patrice Zorzi, Frédéric Volle, Camille et Axel Prépont, etc. Deux jours durant, le duo provocateur formé par Lila Nagoya et Jade Pélaprat a été remarquable.

Que ce soit dans la cour du Collège, dans le marché du samedi matin, ou dans une des vitrines – en l’occurrence celle des Galeries Lafayette. Les deux jeunes femmes n’ont rien acheté mais se sont dépensées sans compter.

Nicolas Villodre

Du 31 mai au 2 juin 2019 à Montauban

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