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Mathias Dou/Vincent Lacoste : « Les Corps Mous #1 »

La mollesse est-elle une forme de résistance ? Le personnage de Les Corps Mous#1 peut nous rappeler celui du scribe Bartleby de Herman Melville et son notoire « I would prefer not to / Je préférerais ne pas...» : la résistance passive est un principe actif.

Mais Vincent Lacoste, directeur artistique du projet Les Corps mous, n’amène pas le danseur Mathias Dou dans une évocation de Ghandi. Si Dou doit se battre, c’est contre l’inertie de son propre corps. On est ici aux antipodes de Valentin le Désossé, qui finalement glorifiait le principe de puissance.

Les Corps Mous, projet appelé à se décliner en plusieurs créations, vise pourtant une idée de résistance. Dans un monde qui ne jure que par la fermeté, la vitesse et l’érection, on flirte évidemment avec la subversion quand on met en valeur un corps, trop lourd pour s’élancer et trop flasque pour se dresser.

S’auto-dresser pour mieux se redresser, c’est que nous faisons tous, ou presque, pratiquement tous les jours. Mais pour servir qui et quoi ? Est-ce être inutile que d’être inadapté à un monde qui se durcit et s’accélère constamment ?

Si ce solo tient debout en revendiquant la mollesse, c’est qu’il se refuse à toutes les catégories fermement établies, pour se faufiler tel un mollusque entre les disciplines. Car il y a là :

- de la contorsion, mais sans la notion de spectaculaire

- du butô, mais sans se poudrer le corps

- du ralenti qui pourtant dépasse la notion de vitesse

- une sensation d’apesanteur, tout en restant ancré au sol

- une performance, tout en revendiquant l’impuissance.

Ce corps-tofu, apparemment sans volonté propre, sculptural et ouateux en même temps, n’est pourtant pas sans énergie ni force. Si bien que dans un premier tableau, on croit voir un personnage de bande dessinée ou de cartoon. Et ce n’est pas Merce Cunningham qui aurait rejeté une telle recherche sur les ailleurs kinesthésiques.

Mathias Dou marque le paysage chorégraphique d’un nouveau projet autour de la matière, par un solo très bref mais à l’impact important, et en attente des volumes à venir. Alors, voilà : Les Corps Mous, pourvu que ça dure !

Thomas Hahn

Les Corps Mous #1 

Concept : Vincent Lacoste

Interprète créateur : Mathias Dou

 

Festival ZOA, Mairie du 3me arrdt, 23 octobre 2015

 

 

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