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Les promus de l'Opéra : Florent Melac

Florent Melac promu coryphée au 1er janvier 2015

Danser Canal Historique : Quel est votre parcours ?

Florent Melac : Je suis né dans le Sud de la France et j’ai voulu assez tôt faire de la danse. Par contre, je ne suis entré à l’École de danse qu’à l’âge de 12 ans, j’y suis resté cinq ans avant d’entrer directement dans la compagnie.
Dès mes 4 ans, je demandais, selon ma mère, à faire de la danse. Peut-être parce que mes cousines faisaient de la GRS, je ne m’en souviens pas vraiment. Ma mère m’a donc inscrit à la gymnastique vers les 8 ans. C’était très dur physiquement car l’école poussait les enfants à devenir professionnels mais nous ne le savions pas. Les entraînements étaient « musclés » on nous forçait les tendons pour faire des étirements, par exemple, on nous plaçait les bras en arrière au sol et on nous montait sur les épaules pour les assouplir. C’était vraiment horrible, je pleurais à chaque fois que je sortais de cours. En me voyant souffrir, ma mère m’a donc mis dans une école de danse. Je suis tombé par hasard sur des gens formidables, notamment un professeur de danse contemporaine qui participait à de nombreux concours internationaux de chorégraphie et nous emmenait dans toute la France. Il récoltait presque toujours des Prix. Il connaissait Eric Camillo, professeur à l’École de danse et ancien danseur de l’Opéra, car il était né à Toulouse et revenait y donner des stages. C’est comme ça que je l’ai rencontré ainsi que Nicole Cavallin, professeur également à l’École de danse de l’Opéra. Tous les deux m’ont poussé à me présenter et ça s’est fait très vite. Je n’ai pas eu le temps de trop réfléchir, j’ai réagi à l’instinct et mes parents m’ont suivi.

DCH : Voulez-vous dire qu’ils ont déménagé à Paris ?

Florent Melac : Mes parents ont été extraordinaires. Ils étaient tous deux dentistes et ont sacrifié leur travail car ils ne voulaient pas que je sois interne à l’École de danse. Du coup, ils travaillaient à tour de rôle dans le cabinet et chacun d’eux venait une semaine sur deux à Paris avec moi. Ils m’ont accompagné jusqu’à ma 1ère division et mon concours d’entrée.

DCH : Le fait d’avoir commencé par la danse contemporaine a-t-il été un atout ou un handicap ?

Florent Melac : J’ai toujours voulu être danseur mais j’ai une approche particulière du fait que j’ai commencé par la danse contemporaine. Je faisais beaucoup d’improvisations ce qui donne une autre conscience du corps et un autre sens du mouvement que le classique. Ça m’a appris à aimer vraiment la danse et quand j’ai commencé le classique, un an après, j’ai tout de suite apprécié. Je trouve que l’Opéra de Paris est une belle combinaison, car le répertoire comprend des pièces formidables dans les deux styles, et c’est sans doute le meilleur répertoire classique que l’on puisse avoir.

DCH : Comment avez-vous vécu votre entrée dans le Corps de ballet ?

Florent Melac : J’ai mis un peu de temps à me trouver. À l’École de danse, les cours ont lieu à des horaires bien précis, avec un professeur derrière nous, dans des petites classes de huit danseurs. J’avais alors l’impression d’être très autonome. En entrant dans le Corps de ballet j’étais sûr de réussir à diriger mon travail personnel. En fait, j’ai mis un an à retrouver une hygiène de travail ! C’est un tel changement. On se met à habiter seul, on découvre la vraie vie avec ses joies et ses embûches… Tout ce qui est absent de l’École. Mais beaucoup d’entre nous font des débuts un peu dispersés. Le tout étant de se reconcentrer assez vite. J’ai eu la chance de rencontrer Emmanuel Thibault (Premier danseur à l’Opéra de Paris, NDLR), mon ami, qui m’a vraiment aidé à retrouver une direction, à être autonome. Sans lui, je n’en serai sans doute pas là.

DCH : Est-ce lui qui vous a aidé à préparer le concours de promotion interne ?

Florent Melac : D’habitude, il m’aide beaucoup pour le concours. Cette année un peu moins car il dansait le rôle de Zaël dans La Source, et avait de ce fait beaucoup de travail. Christophe Duquenne m’a donc coaché. Il m’avait fait travaillé à l’École et m’a aussi préparé au concours tous les ans. J’ai également répété la variation de Pas./Part avec Nicolas Le Riche. C’est sur lui que William Forsythe l’a créée et l’étudier avec Nicolas a été aussi agréable qu’enrichissant. C’est une variation très difficile car elle est dans l’enchaînement et la surexcitation, c’est un mouvement qui ne s’arrête jamais. Du coup, on est très vite essouflé même si elle ne dure pas si longtemps. À la fin, le manège est vraiment rude. Je l’avais choisie car je pensais qu’elle me correspondait et j’avais envie de la danser mais c’est une gestuelle musclée, elle était encore plus ardue que je l’avais imaginée. Nicolas a un physique et une manière de bouger, fluide, féline et assez en force qui me plaisait et que j’ai essayé de transposer, même si je suis loin d’avoir les mêmes qualités que lui, mais il m’a aider à trouver ce genre de qualités.

DCH : Et pour l’imposée ?

Florent Melac : L’imposée me plaisait beaucoup, mais j’ai toujours eu un blocage sur les manèges. Du coup, ça m’a débloqué. Je n’aurais jamais réussi si je n’avais pas eu ce but de l’exécuter sur scène et d’être jugé là-dessus.

DCH : Quels sont les chorégraphes avec lesquels vous aimeriez travailler ?

Florent Melac : J’avais très envie de rencontrer Wayne McGregor et j’ai eu la chance de danser une de ses œuvres dès ma première année dans la compagnie. J’espère d’ailleurs être dans la distribution de la reprise à la fin de l’année. J’aurais aimé travailler avec Pina Bausch et si les ballets qu’elle a créés pour l’Opéra sont repris un jour, j’aimerais bien sûr les danser. J’aime aussi beaucoup Bournonville. On ne le danse plus à l’Opéra, c’est un style qui ne me convient pas forcément parce que je suis grand et ils sont plutôt, selon l’opinion générale, pour les petits, mais c’est une ambiance festive, une technique particulière que j’aurais plaisir à essayer.
J’ai rencontré un peu Forsythe sur Pas./Part mais je n’étais que remplaçant. C’est un langage qui me plaît énormément, d’où mon choix. Je crois qu’il doit revenir l’an prochain, et bien sûr, j’aimerais être sur la création.

DCH : Continuez-vous à vous intéresser à la danse contemporaine ?

Florent Melac : L’année dernière je suis allé voir quelques pièces au Théâtre national de Chaillot et au Théâtre de la Ville qui ne m’ont pas vraiment convaincu. J’aime la danse contemporaine, mais souvent je trouve que l’esprit contemporain va trop loin pour moi. Ça manque d’esthétique. J’y vais parce que ça m’intéresse de voir ce qui se produit en ce moment, mais j’apprécie moyennement.

DCH : Que faites-vous dans vos moments de loisirs ?

J’aime beaucoup la photo. J’en prends énormément. Et surtout nous voyageons beaucoup avec Emmanuel Thibault. Nous sommes allés beaucoup en Asie, au Japon – pour des galas à Tokyo – en Inde qui m’attire beaucoup. J’adore l’art islamique, l’art mauresque. Nous sommes allés à Oman, Dubaï, mais en Espagne déjà on peut en voir de nombreux exemples. J’ai un goût immodéré pour les décors, les motifs, l’ornementation, les miniatures, les céramiques de ce style.
J’aime aussi le beau mobilier. Emmanuel et moi sommes toujours à fouiner aux Puces ou chez les antiquaires pour trouver des objets. Nous aimons l’ancien, nous allons au Louvre regarder les meubles, les peintures. Nous cherchons à connaître les différents styles de meubles, c’est quelque chose qui nous passionne. Surtout depuis deux ans. De ce fait nous essayons ensemble d’acquérir certaines choses. Nous recherchons la pièce rare. C’est assez excitant.

Propos recueillis par Agnès Izrine

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