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« Le Cri de la chair » de Seydou Boro

Après une résidence de deux ans à la Briqueterie, le burkinabé Seydou Boro se questionne puissamment sur le monde d’aujourd’hui.

Au théâtre des Deux-Rives de Charenton-le-Pont, la seule pièce de danse à l’affiche de la  programmation est Le Cri de la chair de Seydou Boro. Ce qu’avouent  regretter sa directrice, Corinne Dartiguelongue et l’élue à la culture de la commune, Delphine Herbert, qui dénoncent le manque de moyen pour mettre en place une sensibilisation auprès du public et des jeunes.

Pour autant, la salle archi comble a très chaleureusement applaudi cette pièce qui dessine le ressenti des êtres face aux drames et catastrophes du monde actuel. Preuve en est qu’une œuvre bien pensée, parfaitement dansée sur une brillante chorégraphie et accompagnée par des musiques en live, peut séduire tout public, même non initié.

En fond de plateau des troncs d’arbres nus et deux plaques de tôles colorées placées comme des tableaux, puis cinq danseurs dont une seule femme, une chanteuse et un musicien, tous vêtus de costumes fluides de teinte sable plus ou moins foncés

La magnifique voix grave de Perrine Fifadji enrôle les excellents interprètes dans des danses félines et puissantes. Les corps parlent avec leurs tripes tant la chorégraphie de Seydou impose des ondulations qui se prolongent des pieds jusqu’au bout des doigts. Ils démontrent leurs profondes détresses sans heurts et sans hurlements car la véritable douleur est si intime et si ancré au fond de soi qu’elle ne peut s’extérioriser que dans le partage et la communion.

Des ensembles, des chutes, des moments de tendresse et de réconfort dessinent le chaos que ressent l’humanité face aux drames et catastrophes de notre époque. A partir de danses africaines, le chorégraphe entremêle le bûto et le flamenco afin que le cheminement des corps sous-tendus par les difficultés de son environnement finisse par trouver une certaine sérénité.

La chanteuse et le joueur de Kora qui dansent et se meuvent entre les danseurs font partie intégrante du spectacle. Ainsi, les émotions sont palpables et les rencontres improbables entre les différents personnages sont nourries par une intense intériorité des interprètes. Les sept artistes ne font plus qu’un, un seul chœur pour revendiquer le droit de vivre en paix et d’aimer son prochain.

« Ce « cri », c’est celui que je pousse chaque jour en moi » avoue Seydou Boro. Et il le fait remarquablement bien ressentir. Non en violence, mais au plus profond de sa chair en dessinant les épreuves, les deuils, les accidents de la vie et les tragédies avec poésie, raffinement, dignité, puissance et détermination. Un cri de l’âme !

Sous la houlette de Seydou, un bal poussière a suivi la représentation dans la petite salle du bar où de nombreux amateurs ont appris une chorégraphie accompagnés par les musiciens de la pièce. Un pur moment d’amitié chaleureuse. Décidément, on aime vraiment la danse à Charenton-le-Pont !

Sophie Lesort

Spectacle vu au Théâtre des Deux-Rives à Charenton-le-Pont dans la cadre de la Biennale du Val-de-Marne.

Le Cri de la chair Chorégraphie Seydou Boro

Danseurs : Lauriane Madelaine, Boukson Séré, Bienvenue Bazié, Seydou Boro, Ousseni Sako
Musiciens Tom Diakité
Chanteuse Perrine Fifadji
Compositeur Khalil Hentati
Création costumes Laurence Ayi
Création lumière Anne Dutoya
Création son et direction technique Eric Da Graça Neves

La Biennale de danse du Val-de-Marne, jusqu’au 1er avril

La Briqueterie

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