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Le Concours [Re]connaissance

Dans une ambiance, comme chaque année, chaleureuse et animée, le jury et le public du Concours [Re]connaissance a désigné ses lauréats.

On a beau le savoir, on est toujours surpris de l’enthousiasme et de l’engagement du public qui comblait la salle de La Rampe à Echirolles qui accueillait cette année le Concours [Re]connaissance. Des jeunes venus en bande, des moins jeunes également, mais réunis par une vraie connaissance acquise sans doute de concours en concours qui discutent des chorégraphies en compétition avec entrain et naturel. Il faut dire que tout est organisé pour susciter cette envie : le programme est fourni avec un bulletin de vote et une recommandation « n’hésitez pas à dialoguer avec vos voisins ». Ce qui ne manque pas d’avoir lieu, conférant à la manifestation une effervescence et un climat bon enfant.

Créé en 2009 sur une idée du Pacifique CDC de Grenoble et de la Maison de la danse de Lyon, le concours réunit plusieurs structures de nature différente pour contribuer au repérage de nouveaux talents et à leur diffusion nationale. L'objectif est de rendre visible la diversité de la création chorégraphique, de mieux accompagner dans la durée des artistes au talent déjà confirmé mais encore peu identifiés ou peu diffusés.

Pour cette 8e édition, [Re]connaissance réunissait 17 partenaires[1] , qui tous, s’engagent à à accueillir des spectacles, à offrir des coproductions et des accueils studio. Les onze candidats, présentent chacune une chorégraphie, nouvelle création ou adaptation d'une pièce récente : 25 minutes maximum, pour 3 à 5 danseurs. Un jury composé de 5 professionnels décerne les deux premiers prix, le public le troisième. Cette année, il s’agissait de Jean-Marc Grangier, directeur de la Comédie de Clermont-Ferrand, Scène nationale, Katariñe Arrizabalaga, chargée de production pour Biarritz Culture festival “Le temps d'aimer la danse”, Didier Deschamps, directeur du Théâtre national de Chaillot – Paris, Paule Gioffredi, chercheuse en danse, Université Lumière Lyon 2, Clémence Bouzitat, responsable des actions culturelles spectacle vivant à la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques).

Les compagnies qui ont été choisies sont :
Sylvain Bouillet, Mathieu Desseigne, Lucien Reynes pour La mécanique des ombres qui reçoivent le 1er Prix du Jury avec une coproduction de 8000 euros attribuée par le Pacifique | CDC Grenoble | et une tournée ainsi que le Prix du public soit une coproduction de 4000 euros attribuée par le Pacifique | CDC Grenoble et une tournée.
La compagnie néerlandaise d’Arno Schuitemaker qui emporte le 2e Prix du Jury pour While we strive, soit 5000 euros + 1 résidence attribués par le Pacifique | CDC Grenoble.
Enfin, la compagnie Mylène Duhameau a obtenu une mention spéciale du jury pour [1/10 sec.] et une tournée.

La mécanique des ombres qui réunit le trio de danseurs-acrobates et chorégraphes cités, est une pièce très aboutie. Sur scène, les visages sont masqués, les corps vêtus d’un jean et d’un sweat à capuche relevée. Sylvain Bouillet, Mathieu Desseigne et Lucien Reynès expérimentent des gestes, s’essaient dans d’étranges solos désarticulés. Luttant sans cesse à la fois contre le déséquilibre et la gravité, leur gestuelle, imprégnée de hip hop et de langage contemporaine, alterne entre le musculeux et la poupée de chiffon avant de s’engager dans des performances physiques époustouflantes. Il n’est pas surprenant que cette chorégraphie ait conquis le public, grâce à une dramturgie subtile qui mêle un poétique urbain à une physicallité hors-norme. On regrette juste le début, qui montre le jeu des muscles dorsaux dans la pénombre, ait déjà été vu et utilisé par nombre de chorégraphes, à commencer par le très beau solo de David Drouard.
 

 

While we strive, d’Arno Schuitemaker a puisé son inspiration pour While We Strive dans les neurosciences et la philosophie contemporaine. Ce trio met en scène une femme et deux hommes. Tandis que le son emplit l’espace, créant, avec des mini enceintes bluetooth, une sorte de déplacement sonore et sensoriel qui va donner son rythme à cette pièce haletante, les danseurs semblent se renvoyer la balle au sens propre et figuré. Dans un mouvement permanent, les danseurs évoluent dans un flux répétitif, répétant le même mouvement tout en le complexifiant au fur et à mesure.

La gestuelle s’accélère et se disloque dans un mélange détonant de gestes, de lumières et de sons inhabituels provoque un flux d’images et des associations d’idées qui incitent à intervertir perception visuelle et sonore : on écoute avec les yeux, on entend les mouvements d’une manière visuelle. Il y a quelque chose d’athlétique et de forcené dans While we strive, qui tranche pourtant avec le vocabulaire qui reste apparemment simple. Ce décalage crée une sorte de voyage au pays des sens séduisant.

 

En ce qui nous concerne, nous n’avons pas eu la chance de découvrir [1/10 sec.] de Mylène Duhameau.

Par contre, nous donnerons une mention spéciale à Simonne Rizzo et son Louis PI/XIV. Une très intelligente relecture de la danse baroque qui n’hésite pas à emprunter à Cunningham certain de ses traits. Les costumes stylisés sont bien trouvés, tout comme la musique du XVIIe siècle éclatée entre deux consoles tenues par deux musiciens. Son propos est de transposer le pouvoir absolu de Louis XIV et la danse qu’il a codifiée pour partir à la recherche de la sacralité de l’homme et non de sa fonction. Habilement, avec une gestuelle très dessinée, elle inverse les symboles du pouvoir (la « couronne » renversée, l’ « élévation » du danseur, une grammaire baroque déformée par des passages en dedans) dans une chorégraphie intelligente et rigoureuse faisant la part belle aux bras, avec de très jolis suspens, et de belles accélérations.

Pour conclure, [Re]connaissance a témoigné, une fois de plus, que la danse a un bel avenir et les partenaires présents n’ont pas hésité à programmer ou accueillir dans leurs studios la plupart des compagnies présentées, que nous vous invitons à découvrir.

Agnès Izrine

 

LES (RE)CONNAISSANCES DES PARTENAIRES : saison 2017/2018.

LUX – Valence (38) : WHACK !!  | Ashley Chen  et Philip Connaughton  | Cie Kashyl et Cie Philip Connaughton [14/IRL]

MC2 – Grenoble (38) & CCN2 – Centre Chorégraphique National de Grenoble (38) : WHACK !!  | Ashley Chen  et Philip Connaughton  | Cie Kashyl et Cie Philip Connaughton [14/IRL], While we strive  | Arno Schuitemaker  [NL]

KLAP - Maison pour la danse (13) La mécanique des ombres  | Sylvain Bouillet , Mathieu Desseigne , Lucien Reynes  | Naïf Production [84]

THEATRE DU MERLAN - Marseille (13) & KLAP - Maison pour la danse (13) : WHACK !!  | Ashley Chen  et Philip Connaughton  | Cie Kashyl et Cie Philip Connaughton [14/IRL], While we strive  | Arno Schuitemaker  [NL]

LA GARANCE - Cavaillon (84) : While we strive  | Arno Schuitemaker  [NL]

Louis PI / XIV  | Simonne Rizzo  | La RidzCie [83]

MICADANSES / FAIT D’HIVER - Paris (75) : While we strive  | Arno Schuitemaker  [NL],  Louis PI / XIV  | Simonne Rizzo  | La RidzCie [83

RIVE GAUCHE - Saint Etienne du Rouvray(76) : Reines  | Gilles Baron  | association Origami [40]

CCNR – Centre National Chorégraphique de Rillieux-La-Pape (69) : La mécanique des ombres  | Sylvain Bouillet , Mathieu Desseigne , Lucien Reynes  | Naïf Production [84]

LA BRIQUETERIE | CDC -Vitry-sur-Seine (94) : WHACK !!  | Ashley Chen  et Philip Connaughton  | Cie Kashyl et Cie Philip Connaughton [14/IRL]

Les 3 lauréats récompensés par le jury et le prix public en soirée partagée : MALANDAIN

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[1] Le Pacifique | CDC - Grenoble [38], la Maison de la danse – Lyon, La Rampe-La Ponatière - Scène conventionnée – Échirolles, Hexagone Scène Nationale Arts Sciences - Meylan, Micadanses Faits d’hiver - Paris, Musique et Danse en Loire-Atlantique - Orvault [44], Malandain Ballet Biarritz, Le temps d’aimer la danse, La Briqueterie | CDC-Vitry-sur-Seine, Le Rive Gauche - Scène conventionnée pour la danse - Saint Étienne du Rouvray, La Garance - Scène nationale - Cavaillon, CCNR - Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape, Le Toboggan - Scène conventionnée - Décines, MC2 - Scène nationale - Grenoble, CCNG - Centre Chorégraphique national de Grenoble, Lux - Scène nationale - Valence, Théâtre du Merlan - Scène nationale – Marseille, KLAP - Maison pour la danse – Marseille.

 

 

 

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