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La Saison d'Aurélie Dupont

Aurélie Dupont a dévoilé « sa » saison 2017-2018  le 25 janvier dernier, en ouvrant sur « l’indispensable et nécessaire » Hommage à Yvette Chauviré qui sera rendu le jour des 100 ans, le 22 avril 2018. La soirée sera composée du Grand Pas Classique de Gsovsky, de La Mort du Cygne de Fokine, et de Mirages et Suite en Blanc de Serge Lifar, Aurélie Dupont insistant sur le fait qu’il « est important pour moi de rendre hommage aux étoiles qui ont marqué la compagnie ».

Une introduction qui, pour en avoir l’air, n’est pas si anodine que ça. Surtout que la nouvelle directrice possède – et c’est bien normal pour une danseuse étoile – l’art de l’enchaînement. À savoir : « Lorsque je suis arrivée à la direction de cette maison que je connais si bien puisque c'est la mienne, j’ai trouvé des danseurs déçus, pas assez solidaires, et la compagnie explosée. Un an plus tard elle est de nouveau solidaire. C’est une fratrie. Ça marche. Ils sont de nouveau plein d‘ambitions et heureux ».

La seconde partie de cet enchaînement est donc à entendre en fonction du précédent : « Le Ballet classique est notre héritage et revient à l’honneur. » Car, dans les faits, on ne remarque pas tellement plus de ballets classiques que lors de cette saison. En 2017-2018, seront programmés Joyaux (pour les 50 ans de cette œuvre) et Agon de Balanchine, Don Quichotte (Noureev), La Fille mal gardée (Ashton) et Onéguine (Cranko). Si la nature classique de ces ballets n’est, à notre avis, pas à remettre en cause, c’est plutôt le nombre qui surprend pour une « saison classique ». Il est donc pensable qu’elle veuille signifier plutôt un recadrage quant au travail quotidien et quant à la hiérarchie des œuvres présentées. Accordera-t-elle un bonus à ceux qui brilleront dans ce style ? Possible. Car « En tant que directrice je me dois de penser à chaque danseur et à leur évolution artistique. Il faut prendre le temps de leur donner le goût du risque ».

En tout cas, Aurélie Dupont a bien la volonté d’ouvrir une nouvelle ère après le départ de Benjamin Millepied.

Beaucoup de danseurs étoiles atteindre l’âge fatidique de 42 ans, et elle aura « la chance de trouver les danseurs étoiles de demain. Il faut les préparer, c’est mon devoir. Le danseur de l’opéra doit goûter à tout, comme s’il parlait quinze langues. Et les ballets que j’ai choisis vont dans ce sens. Il permettront de tester qui a le potentiel pour devenir étoile. » Autre nouveauté : donner aux étoiles « le privilège du choix » des ballets qui vont couronner leurs adieux. Ainsi, Marie-Agnès Gillot quittera l’Opéra avec la reprise d’Orphée et Eurydice de Pina Bausch, et Hervé Moreau, avec celle de Roméo et Juliette de Sasha Waltz… Avec pour partenaire Aurélie Dupont en personne !

Au chapitre création Saburo Teshigawara ouvre le bal, juste retour des choses pour le chorégraphe qui a créé de magnifiques rôles pour Aurélie Dupont. « J’ai en tant que danseuse, adoré travailler avec de nombreux chorégraphes parce qu’ils vous mettent en danger, vous apportent des notions de désir, de plaisir. J’ai choisi de commander une création à Saburo parce que je sais ce qu’il m’a apporté en tant que danseuse, notamment le lâcher prise et l’improvisation. » La musique sera celle du Concerto pour violon de Esa Pekka Salonen qu’il dirigera en personne. La soirée comprendra également Le Sacre de Pina Bausch et Agon de Balanchine.

La seconde est « un projet fou qui me tient à cœur » confié à Alexander Ekman, encore peu vu en France (on verra son Lac des cygnes dès ce mois de mars au théâtre des Champs-Elysées à Paris) mais très prisé à l’International. « Ça pourrait être un show, une exposition, il connaît bien la danse classique, a le goût de théâtre, et je trouvais intéressant d’amener les danseurs vers du théâtral, avec du texte… La pièce s’appelle Play ! » Et Aurélie Dupond prendra un risque puisque cette pièce du chorégraphe suédois sera présentée pendant les fêtes de fin d’année.

Grande nouveauté, la nouvelle directrice invitera chaque année un jeune chorégraphe « à venir travailler avec les meilleurs danseurs du monde ». Cette année, elle a choisi Ivan Perez, un très jeune chorégraphe espagnol très surpris de cet honneur. Dans la même soirée « Comme j’adore les chorégraphes israéliens, j’ai d’ailleurs déjà travaillé avec Ohad Naharin, j’ai demandé à Hofesh Shechter de venir » Il présentera donc une version modifiée de The Art of not looking back pour neuf danseuses (au lieu des six initiales) afin de faire écho aux dix danseurs prévus par Ivan Perez. Enfin, cette soirée assez exceptionnelle comprendra également la reprise de The season’s canon de Crystal Pite et, en avant spectacle dans les espaces publics, commande est passée à James Thierrée « que je connaissais bien avant d’être directrice ».

Complèteront cette saison une reprise du Boléro de Maurice Béjart . « Lorsqu'on a dansé sur la table du Boléro, comme je l'ai fait, on ne danse plus de la même façon après. » qui partagera la soirée avec la reprise de Daphnis et Chloé de… Benjamin Millepied qu’Aurélie Dupont interprétera – promet-elle à Stéphane Lissner – « pour la dernière fois ». Et la soirée Anne Teresa De Keersmaeker.

Pour finir la conférence et commencer l’année, Aurélie Dupont, gardera le gala importé par son prédecesseur – les mécènes sont nécessaires – qui comprendra un pas de deux d’Hans Van Manen, le Faun de Sidi Larbi Cherkaoui, et Diamants (extrait de Joyaux).

Par contre, elle supprime l’Académie créée par Millepied pour faire advenir chorégraphes des danseurs de la Maison. : « Je leur ai posé la question. Aucun ne souhaite devenir chorégraphe. J’ai donc choisi de tous les garder… comme danseurs », a conclu Aurélie Dupont avec un sourire.

Agnès Izrine

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