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« La nuit entre deux soleils » de Gilles Baron au Temps d'Aimer

 

La nuit entre deux soleils part d'un questionnement plus que rare dans l'univers de la danse : « Que peut nous dire un couple aimant depuis longtemps ? Comment faire ressentir les vibrations d'une relation complice et apaisée ? » Le point de départ est donc audacieux : Ni conflits, ni ardeurs, ni envolées spectaculaires.

Et ça peut fonctionner ? En effet, ça ne fonctionne pas. Car la réponse à la seconde question serait l'invention d'un langage adéquat, différent, capable de surprendre autant que l'interrogation de départ. À questionnement exceptionnel, mesures exceptionnelles !

Mais au sein d'un vieux couple, les inspirations nouvelles ne sont pas légion. Aussi, Baron et sa partenaire Aurore Di Bianco s'appuient sur un académisme de la danse contemporaine sans étincelle particulière. Ce n'est que logique, puisqu'il s'agit en même temps de la relation entre le chorégraphe et son langage artistique, relation tout aussi apaisée et durable que celle du vieux couple dont il est ici question.

En mettant en scène un duo qui passe une grande partie du spectacle à mesurer le temps parcouru en regardant vers des horizons imaginaires, Gilles Baron fige effectivement La nuit entre deux soleils, voire sous un ciel sans étoiles, à la recherche du temps perdu. Est-ce donc si grave d’avoir quarante ans ?

Ce qui est sûr c'est que Baron a mis la barre très haut. Il n'a jamais été facile de consacrer une création, dans le domaine du spectacle vivant, à l'absence de conflits comme moteur dramaturgique, dans un état de paix et d'harmonie. Jamais en mesure de surprendre, la gestuelle schématique de Baron et Di Bianco peine à introduire un pétillement sous la couche zen et incontestablement humaine. 

La danse aussi vit de ses frictions et déséquilibres du corps, sauf dans certains univers très particuliers, comme celui de la danse baroque ou chez certains grands maîtres comme à Taïwan, Lin Hwai-Min du Cloud Gate, autrement dit, des styles et langages adaptés à une vénération du soleil sans nostalgie. 

Thomas Hahn

Vu au festival Le Temps d’Aimer la Danse, Biarritz, Le Colisée, 16 septembre 2015

 

 

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