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« La Belle au bois dormant » de Béatrice Massin

Programmé dans le cadre de l’Académie de l’Opéra de Paris, La Belle au bois dormant fait partie des représentations à destination du jeune public familial ou scolaire programmées au Studio de l’Opéra-Bastille.

Ludique, truffée de bonnes idées, sachant concilier le langage du conte et la culture d’aujourd’hui, La Belle au bois dormant de Béatrice Massin est un petit bijou chorégraphique.

Conçue pour le jeune public, cette Belle s’endort au Grand Siècle et se réveille aux sons des sirènes d’alarme et des klaxons de notre époque. Entretemps, on aura traversé l’essentiel de cette intrigue avec seulement cinq personnages et trois danseurs (la princesse, le père, la nourrice, la méchante fée, le prince). Grande spécialiste d’un baroque qui se concentre sur l’écriture de la danse et les nuances musicales sans jamais tomber dans la reconstitution historique poussiéreuse, Béatrice Massin n’en connaît pas moins toutes les subtilités et truffe le conte d’allusions à la danse et la musique de l’époque. « Le conte me permet de dérouler un siècle d’histoire musicale. Lully d’abord, bien sûr, et c’est sur Atys que la Belle s’endort, pour se réveiller chez Mozart. J’ai choisi des pièces de Wolfgang mais aussi de Leopold. Il y a aussi un passage auquel je suis très attachée, c’est celui qui soutient le duo de la belle et de son père, emprunté à une sonate d’Elisabeth Jacquet de la Guerre ».

Photos : François Stemmer

Sa Belle est un petit miracle de condensation narrative vive et intelligente qui n’hésite pas à opérer des croisements qui font sens. Le père a tout de Louis XIV, il apprend à la Belle… la danse bien sûr ! Quant à la Belle, Béatrice Massin avoue s’être inspirée de la Duchesse de Bourgogne qui éclaira de sa gaîté les dernières années du monarque avant de s’éteindre, à l’âge de 27 ans, laissant le roi terriblement attristé. « On pourrait imaginer que si cela avait été en son pouvoir, le Roi aurait ordonné à la Cour de s’endormir avec la duchesse » note Béatrice Massin.

Photos : François Stemmer

Lou Cantor a l’âge et la fraîcheur du rôle, un peu sauvage, un peu garçonne, à cheval entre les bonnes manières et l’effronterie d’une gamine qui n’a peur de rien. Olivier Bioret, qui joue le roi et le prince (ce qui n’est pas sans malice) sait mieux que personne passer de la majesté à la maladresse, du père noble au jeune ado empêtré dans son corps. La nourrice et la sorcière ne sont autre que… Corentin Le Flohic ! Façon de rappeler que les femmes étaient bannies de la scène au temps du Roi Soleil. Et de se plier au goût du travestissement cher à l’époque baroque.

Photos : François Stemmer

En attendant, ce troublant Chérubin déguisé en jeune fille est d’une drôlerie folle ou impressionne en créature qui fait surgir le néant quand il campe la Sorcière. Le fuseau, quant à lui est stylisé par un simple rayon lumineux. La scène du réveil est un morceau d’anthologie qui fait de la chute un art consommé. Et de la méprise ou de la confusion des genres, un trouble qui fait mouche chez les adolescents. Ses superbes costumes évoquant les drapés soyeux de Watteau, sa danse enjouée et rapide font le reste. Les enfants adorent. Ils découvrent avec plaisir le fleuret et le rigaudon, Lully, Mozart et même Elisabeth Jacquet de la Guerre, et entrent dans ce monde décalé à souhait. « Baroque » signifie, étymologiquement, irrégulier, en parlant d’une perle. Et ce spectacle en est une.

Agnès Izrine

En tournée :

Du 24 au 27 novembre au Théâtre Paul-Eluard de Bezons,
les 4 et 5 décembre au Phénix, Scène Nationale de Valenciennes,
du 9 au 11 décembre, au Dôme Théâtre, scène conventionnée d’Albertville,
les 14 et 15 décembre au Parvis, Scène nationale de Tarbes,
le 18 décembre au Centre André Malraux d’Hazebrouck,
les 5 et 6 janvier à la Maison de la Culture de Nevers,
les 12 et 13 janvier au Théâtre Luxembourg de Meaux,
les 26 et 27 janvier au Théâtre des Bergeries de Noisy-le-Sec,
le 14 février au Trois Pierrots de Saint-Cloud,
du 8 au 12 mars à l’Espace Albert Camus de Bron…

 

 

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