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« L’hypothèse de la chute » de Frédéric Cellé

Cinq danseurs et circassiens dessinent le frisson et la solitude de la chute.

Sur le plateau de la scène nationale de Mâcon trône un double escalier blanc doté d’une avancée exactement comme un plongeoir situé à deux mètres dix du sol. Il est cerné par un long rideau de franges grises qui occupe toute l’ouverture.

Un homme intervient et grimpe en haut avec une crainte évidente. Va-t-il oser se lancer ? Il hésite, avance, recule, réfléchit, regarde le sol si bas… et finit par redescendre. Ceci résume toute la fascination, la peur et le frisson du vide qui sont fort bien expliqués par la suite dans  « L’hypothèse de la chute » de Frédéric Cellé.

Deux hommes et deux femmes cernés chacun par un rond de lumière échangent leurs places dans un rythme effréné. Ils jouent, s’amusent dans une danse à la fois proche du hip-hop et du cirque entre roulades, sauts en arrière, équilibres sur les mains…  Bien entendu, le plongeoir les attire, alors ils apportent un gros matelas de mousse et un par un, effectuent des plongeons dignes de grands sportifs.

Sur l’excellente composition musicale de Camille Rocailleux  les sauts de plus en plus rapides et de plus en plus à la limite du danger enchantent le public composé essentiellement de jeunes élèves des écoles avoisinantes. Les adultes sont aussi sous le charme de ces séquences de haut vol car les danseurs trouvent du plaisir à déplacer le matelas afin d’augmenter les difficultés de réception des interprètes.

Galerie photo © Laurent Philippe

Les images sont puissantes et très belles, la cadence est inouïe et impose une sacrée bonne maitrise des artistes qui semblent, pour autant, se réjouir.

Mais surtout, Frédéric Cellé a parfaitement bien su démontrer la perplexité que l’on ressent avant de franchir le pas pour s‘élancer dans le vide. La solitude de cet instant, le mystère de l’atterrissage, le courage, la dose d’adrénaline avant la chute, l’abandon du corps et la confiance envers ceux qui bougent l’objet de réception incarnent une part de la nature humaine.

Est-ce que celui qui n’a pas osé sauter est nul ? Non. Il a le droit d’avoir ses convictions, le droit de craindre pour sa vie, le droit de ressentir un immense frisson qui le bloque dans son désir impossible.

Puis d’un seul coup, des spots de couleur scintillent sur scène et dans la salle et nous voilà comme dans une boite de nuit où les interprètes se lâchent dans une danse de fête accompagnés par les jeunes qui les tapent des mains.

Cette dernière scène inattendue témoigne de la complicité et de l’amitié du quintet sans lesquelles ce jeu subtil et périlleux aurait pu tourner au tragique.

Il ne s’agit pas du tout d’un spectacle destiné uniquement au jeune public, (à partir de 8 ans), mais à l’issue de la représentation, les écoliers, qui ont rencontré auparavant toute l’équipe dans leurs classes, ont posé des questions très pertinentes au chorégraphe et aux interprètes.

Un ouvrage fort bien interprété, très rythmé, au sujet intéressant et original où la poésie, la puissance et les prises de risque défient les lois de la gravité.

Sophie Lesort

Spectacle vu à la Scène Nationale de Mâcon le 14 décembre

« L’hypothèse de la chute » en tournée

22,23 et 24 janvier au théâtre de Vitry le François (51) ; 26 janvier au théâtre de Charleville-Mézières (08) ; 30 janvier au théâtre Gaston Bernard de Châtillon-sur-Seine (21) ; 1er février au théâtre Les arts de Cluny (71) ; 17 mars à l’Espace 110 d’Illsach (68) ; 6 avril au théâtre Gérard Philipe de Frouard (54) ; 25 avril à l’Embarcadère de Montceau-les-Mines (71) – 17 et 18 mai au théâtre d’Autun (71).

« L’hypothèse de la chute »
Chorégraphie : Frédéric Cellé en collaboration avec les interprètes
Interprètes : Justine Berthillot, Tatanka Gombaud, Maxime Herviou, Clément Le Disquay, Aurélie Mouilhade
Assistante chorégraphique : Pauline Maluski
Assistante répétitrice : Solange Cheloudiakoff
Aide à la dramaturgie : Gislaine Drahy
Création musicale : Camille Rocailleux
Scénographie et création lumière : Gilles Faure
Création costumes : Marie-Fred Fillion
Regard extérieur : Herman Diephuis

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