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Kader Attou : « Allegria »

Kader Attou fait surgir d’une seule valise toute une dramaturgie qui nous emporte aux confins du rêve et du réel, où les récits ébauchés sont toujours prêts à partir vers d’autres aventures, à réinventer un nouveau monde. Cette dramaturgie parfaitement maîtrisée va irriguer d’une narrativité aussi diffuse que subtile toute la chorégraphie. A voir du 23 novembre au 5 décembre à Chaillot-Théâtre national de la Danse.

Galerie photo Laurent Philippe

Ce qu’il nous raconte n’est autre que le théâtre de la vie, avec ses ombres et ses lumières, ses moments où la nostalgie s’infiltre dans les gestes du quotidien, ses réminiscences et même parfois ses cauchemars. Sur une scénographie très ingénieuse de Camille Duchemin, ce monde imaginaire, clair et diaphane qui change au gré d’éclairages sophistiqués, se métamorphose en roman graphique.

La singularité de chacun des huit danseurs, de leur style, leur gestuelle radicalement personnelle, suffit à impulser un récit chorégraphique qui se structure à travers la rigueur de son écriture. De trouvailles scéniques en explorations d’un langage corporel au service de la chorégraphie, cette création marque une étape dans le travail de Kader Attou. Avec lui, le hip hop se fait plus léger que l’air, avec un zeste d’acrobatie qui vient nimber la performance des danseurs. Cette équipe, entièrement masculine, sait se faire tendre et fluide dans une danse flottant entre ciel et terre.

Galerie photo Laurent Philippe

Mais surtout, Allegria est une pièce profondément humaine, en prise avec nos joies et nos travers, nos misères et nos peurs. Enchaînant solos et duos époustouflants de virtuosité, et danses de groupe finement construites dans un contrepoint léger, Allegria distille une danse disparate et unie, poétique et douce amère et prend facilement la tangente pour parler des choses graves avec l’air de ne pas y toucher. La petite marche des danseurs qui haussent les épaules comme pour braver avec humour la fatalité pourrait presque résumer le propos de la pièce. Au fond, tout ça va s’arranger, semblent-ils dire avec humour, bien ou mal c’est une autre affaire.

Galerie photo Laurent Philippe

Cet algèbre de l’absurde se fond dans la véhémence des corps, emballe la rythmique, laisse sourdre des fragilités et ravale toute certitude. C’est drôle, acide, et souvent délicat. La musique de Régis Baillet accompagne à merveille la composition de Kader Attou, sachant donner un accent d’ailleurs ici, un son cristallin là, laissant entendre un souvenir de Smetana et un air de Scarlatti pour ponctuer une séquence tandis que les lumières de Fabrice Crouzet donnent corps aux rêves de Kader.

Allegria est une pièce surréaliste qui parle de notre monde avec finesse et intelligence, sans jamais s’appesantir, mais sans jamais rien manquer non plus. Une réussite.

Agnès Izrine

Le 16 octobre 2019 à Théâtre-Sénart, Scène Nationale.

Du 23 novembre au 5 décembre : Paris, Chaillot Théâtre national de la Danse

En tournée

17 décembre : Cavaillon, La Garance, Scène Nationale
12 et 13 février : Montpellier, Le Corum
29 février : St Maur, Théâtre,
10 avril : Décines, Théâtre

Distribution
DIRECTION ARTISTIQUE, DRAMATURGIE ET CHORÉGRAPHIE Kader Attou
ASSISTANT Mehdi Ouachek 
SCÉNOGRAPHIE Camille Duchemin EN COLLABORATION AVEC Kader Attou 
MUSIQUE Régis Baillet – Diaphane 
LUMIÈRES Fabrice Crouzet
AVEC Gaetan Alin, Khalil Chabouni, Jackson Ntcham, Mehdi Ouachek, Artem Orlov, Sulian Rios, Hugo de Vathaire, Maxime Vicente

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