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June Events : Alban Richard face aux étoiles

Toute utopie inclut une dimension poétique. Et tout état amoureux aspire à l’utopie. « Nes que on porroit les estoiles nombrer/.../ Ne porroit on penser ne concevoir/Le grant desir que j’ay de vous veoir », écrit Guillaume de Machaut. Les chants des troubadours et trouvères du XIIe et XIIIe siècle bercent les danseurs de cette ballade dansée.

C’est la nuit. Tout de noir drapés, chanteuses et danseurs peuplent le plateau comme les constellations habitent le firmament. Mais les étoiles sont innombrables, sauf dans la galaxie de l’Opéra de Paris. En mathématiques, puisqu’il s’agit de nombrer, tout commence par le 1. Et pas seulement pour  la science.

Pour trouver sa voie vers les étoiles, mieux vaut être seul, puisqu’il s’agit d’une rencontre intérieure. Ajoutez des amis, même sous un clair de lune, et la voie vers les astres se voile devant vous. C’est pourquoi Nombrer les étoiles brille uniquement par ses solos. Ou plutôt, voilà ce que cette pièce nous rappelle.

Il y a d’abord ce souffle à l’allure d’une tempête, dans des face à face qui peuvent suggérer une fusion de deux êtres, tout comme un désir de se fondre dans les formes ondulantes que la nature crée par les vents ou les flots. Et puis ces fusions merveilleuses entre l’esprit d’une canson ancienne et la liberté à s’exprimer, seul(e) face à l’univers. La rencontre avec le chant et les mélodies est profonde. Les corps se libèrent de leur poids, les gestes incarnent le rêve.

Mais tout s’effondre dans les pas de trois ou de cinq, quand la dimension verticale est remplacée par une circulation horizontale. N’est pas Keersmaeker qui veut... Il faut en effet beaucoup de courage pour relever ce défi après les triomphes de Rosas sur le même principe, avec l’ensemble Graine de la voix, dans En atendant et Cesena.

Les deux résultats ne se comparent pas, même si chacun des deux chorégraphes s’appuie sur des structures graphiques. Les spirales de la Bruxelloise sont un véritable classique, et ont fait leurs preuves depuis longtemps. Dans Cesena, la fusion danseurs-chanteurs était totale. Alban Richard dit s’inspirer de l’écriture musicale, les notes guidant les pas des danseurs dans leurs promenades collectives. Mais ce protocole s’avère être plutôt encombrant. Collectivement, les danseurs s’égarent et perdent le lien avec les chanteuses du bel ensemble Alla francesca. D’étoile, ils passent au corps de ballet, et vice versa. Il est rare d’assister à une telle chute d’étoiles, en direct et à répétition...

Thomas Hahn

Spectacle créé le 8 mars au Théâtre 71 de Malakoff
Vu au Théâtre de l’Aquarium, le 7 juin, Festival June Events
http://atelierdeparis.org/fr/alban-richard/nombrer-les-etoiles-0
 

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