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« I am sitting in a room » de Joanne Leighton

Avec I am sitting in a room, une re création  de Joanne Leighton, l’Atelier de Paris a investi le théâtre municipal Berthelot de Montreuil qui est à l’initiative de la 7ème édition de la semaine du bizarre.

Une fois tous les écoliers rentrés dans la salle, le public peut y accéder tout en privilégiant la cinquantaine de chaises placées de part d’autres de la scène. Sur le plateau, quatre tabourets blancs posés sur sol où sont dessinées des lignes qui se croisent.

Un texte débute la pièce : « Je suis assis dans une pièce différente de celle où vous vous trouvez maintenant. Je suis en train d’enregistrer ma voix et je vais la jouer dans la pièce encore et encore, jusqu’à ce que les fréquences dues à la résonnance de la pièce se renforcent elles-mêmes. De cette façon, toutes ressemblances avec mon discours, sauf peut-être son rythme seront détruites… »

Sous des néons, deux hommes et deux femmes apparaissent vêtus de jogging à paillettes, de collerettes très colorées, le bout du nez rouge et les ongles peints en rouge et vert alors que les mêmes phrases, mais en anglais, sont prononcées par Alvin Lucier avec quelques hésitations sur des mots.

Cette litanie d’I am sitting in a room qui se répète trente deux fois, donne l’occasion à la chorégraphe Joanne Leighton d’inventer autant de positions assises.

Toujours en douceur, les quatre danseurs prennent le temps d’installer le mouvement. Ils s’assoient délicatement sur une épaule, une fesse ou un genou, exécutent des équilibres fragiles alors qu’ils sont disposés les uns sur les autres avec pour seul appui, un genou replié. Certaines situations se révèlent à la fois drôles et puissantes lorsqu’ils prennent position sur un spectateur ou juste sur les doigts de pied d’un interprète.

Façonnées par le rythme de la narration, diverses dispositions sculpturales et invraisemblables se transforment en corrélation avec la voix du compositeur qui devient de plus en plus grave, puis de plus en plus caverneuse.

Mais cette voix finie par se perdre dans les méandres des profondeurs et les mots qui résonnent sont de moins en moins audibles. En duo ou en quatuor, les artistes déploient une formidable intensité. Entre l’individualité et la notion de groupe ils font transpirer une certaine forme d’humour dans ce patchwork de tableaux extrêmement bien dessinés.

Alors que cette voix semblait provenir des entrailles de la terre, puis des abysses, de nouvelles sonorités font d’un seul coup songer à des notes célestes envoyées par l’au-delà. Mais cela ne perturbe en rien la chorégraphie toujours aussi minimaliste et réglée comme du papier à musique tant elle est calée au millimètre près.

Les jeunes écoliers sont très attentifs, les spectateurs assis sur scène et dans la salle goûtent avec ravissement cet opus si original.

Pour le final, les interprètes posent sur le sol des triangles de couleur comme si ils compétaient un puzzle. L’image est très belle.

I am sitting in a room est une pièce empreinte de charme, de douceur et d’originalité avec des clins d’œil au burlesque, aux clowns, et dont la magie opérée par une composition musicale écrite en 1969 par Alvin Lucier déploie une forme assurément bizarre.

« Bizarre, j’ai dit bizarre, comme c’est bizarre ! »  phrase culte écrite par Jacques Prévert et dite par Louis Jouvet dans Drôle de drame de Marcel Carné (1937).

Sophie Lesort

Spectacle vu le 4 décembre 2018 au théâtre Berthelot de Montreuil.

Semaine du Bizarre jusqu’au 15 décembre au théâtre Berthelot de Montreuil : réservation au 01.71.89.26.70.

I am sitting in a room

Chorégraphie et direction : Joanne Leighton
Musique : Alvin Lucier
Installation sonore : Peter Crosbie 
Artistes chorégraphiques : Marion Carriau, Marie Fonte, Arthur Pérole, Alexandre da Silva
Lumières : Sylvie Mélis 
Costumes : Alexandra Bertaut 
Décor : Tovo&Jami

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