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Herman Diephuis, les Nymphes et le fantôme du Faune

Herman Diephuis chorégraphie le trouble du Faune, doublé par celui des Nymphes. Il vient d’y faire briller les élèves de l’école ACTS, avant de passer au festival Normandie Impressionniste. 

Que font les chorégraphes quand ils ne sont pas en tournée et quand ils ne créent pas pour leurs compagnies ou bien en tant que chorégraphes invités? Certains créent encore, par exemple avec des étudiant.e.s d’écoles de danse. Ces travaux, recherche et enseignement en même temps, donnent lieu à des présentations qui permettent de saisir la danse à la source même de sa rencontre avec les interprètes. Une telle présentation ne porte pas toujours de titre. En contrepartie, la proposition gagne en liberté et en légèreté et en véracité. 

Pour un.e chorégraphe, c’est toujours une manière intéressante de mettre sa méthode et son matériau à l’épreuve de nouvelles configurations et situations. Quand des artistes chevronné.e.s ont travaillé avec les élèves des écoles, on saisit la danse à la source, dans un état de fragilité qui en éclaire toute la vitalité. Ces pensées, pour avoir assisté, au Studio Le Regard du Cygne, à un travail de Herman Diephuis avec les élèves en troisième année de l’école ACTS, école qui propose à ses élèves un enseignement tourné vers différentes techniques de danse contemporaine et le développement de la personnalité artistique. 

Le matériau en question de Diephuis est issu d’un solo qui s’est mû en duo, pour être aujourd’hui mis à la disposition des élèves d’ACTS. Il part, entre autres, de la peinture hollandaise. Rien de plus naturel, puisque Diephuis est né à Amsterdam. Mais il vit à Paris depuis un bon moment. Au passage, on a enfin percé, au Regard du Cygne, le mystère de son patronyme: En néerlandais, Diephuis signifie « maison (huis) profonde (diep) » !

Debussy et le Faune au féminin

Après un intense travail de recherche et de répétition à Micadanses et au Regard du Cygne, les douze danseuses incarnent, sur les sons de L’Après-midi d‘un Faune de Debussy (mis sous tension par une création électronique) une parfaite remise en cause de toute identité assignée. Car autant qu’on les identifie délibérément aux Nymphes, elles représentent tout autant le Faune, dans des ralentis parfois grimaçants mais interprétés avec finesse et une belle variété expressive. Tout ceci en restant agréablement discrètes sur la gestuelle de Nijinski. Se forment ainsi six couples tout de noir vêtues qui s’enlacent au-delà de toute idée de genre.

« Nous sommes partis de l’immobilité et avons travaillé sur une lente métamorphose, à partir de tableaux et de sculptures de XIXe siècle, et de représentations de couples dans la peinture hollandaise » explique le chorégraphe. Diephuis étant artiste compagnon du CCN de Caen, ce travail conçu pour des espaces muséaux continuera à vivre en mars 2020, sous le titre d’Au travail!, dans le cadre du festival Normandie Impressionniste. On pourra alors croiser ces couples ici et là, en se promenant entre les œuvres d’un musée, et tisser des fils probables entre les thèmes représentés au cours de l’histoire de l’art. 

Brumachon Lamarche dans les starting-blocks

Juste avant, plus précisément le 29 février 2020, on retrouvera, de nouveau au Regard du Cygne, les élèves d’ACTS dans une création de Claude Brumachon & Benjamin Lamarche, intituléeL'Etrange rêve de Mademoiselle. Les deux chorégraphes qui ont tant mis en valeur le corps masculin dans leurs créations, seront alors confrontés au fait qu’à ACTS, comme dans toutes les écoles de danse, les garçons se font rares. « Et même quand nous peur proposons la gratuité, les candidatures qualifiées sont trop rares», confirme Frédéric Audegond, le directeur général d’ACTS. 

Si des chorégraphes aussi confirmés que Diephuis, Brumachon Lamarche ou encore Andrea Sitter travaillent avec les élèves d’ACTS, ils se retrouvent dans ces missions parce qu’ils ne sont ici soumis à aucun cahier des charges et travaillent dans une liberté totale, comme l’affirme Diephuis. Seule la composition presque exclusivement féminine de l’ensemble impose des choix, mais débouche aussi sur des solutions surprenantes, comme les élèves d’ACTS ont su le prouver. Diephuis passe donc le relais à Brumachon Lamarche qui sont les prochains à relever le défi. 

Thomas Hahn

Présentation vue le 30 novembre 2019, Paris, Studio Le Regard du Cygne

www.hermandiephuis.com

www.acts-dance.com
Prochaines auditions
pour ACTS : Rome/25 avril 2020  -Paris/9 mai 2020 

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