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« Hashtag 2.0 » de Pockemon Crew

La célèbre compagnie de battle renouvèle son écriture et son langage, pour un hip hop poétique et humoristique.

Ils viennent de faire un triomphe au Temps d’Aimer, au Casino de Biarritz. Et ils arrivent illico à Paris, pour une série de plus de trois semaines à Bobino, du 14 septembre au 7 octobre. Dans l’histoire du hip hop, une telle série en pleine capitale est unique, et donc historique, d’autant plus que pour les Pockemon, Hashtag 2.0 représente le renouvellement de leur aventure artistique. Car cette création, signée Riyad Fghani, change le style chorégraphique de la troupe. Radicalement.

En janvier dernier, ils étaient venus à Suresnes Cités Danse avec leur production précédente: Silence, on tourne ! Où l’accent est mis sur le rythme et les prouesses acrobatiques, justifiées par un scénario-alibi de tournage. Ce show n’avait d’autre vocation que la mise en valeur des danseurs. Mission remplie avec bravoure. Mais encore ?

Un tournant ?

Et voilà. Dans Hashtag 2.0, Pockemon Crew passent à un hip hop poétique, fluide et jazzy. Sans pyramides humaines ni gestuelle syncopée. L’axe horizontal supplante l’axe vertical. La prouesse technique se met au service d’une ambiance et d’une réflexion, avec finesse et élégance. Mais Bobino n’est-ce pas un haut lieu de la culture musicale? Oui, et justement, la qualité des genres des  morceaux choisis justifie pleinement l’arrivée des Pockemon, rue de la Gaité. Visiblement (audiblement), ils aiment la guitare, celle des manouches ou du flamenco ou bien la guitare électrique avec sa pulsation obsédante. De bout en bout, ils arborent une signature claire et sophistiquée, côté musical autant que pour les vidéos intégrées.

Moins d’acrobaties, plus d’idées

Les neuf B-Boys embarquent leur public  pour un voyage dans le temps. Après un tableau de ballet romantique décliné en hip hop, on part comme dans un film américain, à la fois contemporain et très  années 1940.  Les jeunes se cherchent, cherchent à s’évader ou bien on cherche son portefeuille dans une partition des mains presque percussive et irrésistiblement burlesque. Et en même temps ça swingue, surfant parfois sur une sérénité ensoleillée.

Hashtag 2.0 regorge d’idées chorégraphiques et visuelles pertinentes qui revisitent parfois les classiques du hip hop d’auteur, en se les appropriant en toute intelligence. Les corps peuvent vriller tout près du sol et pourtant donner l‘impression de voler. Les mains peuvent dépasser le rideau de perles (beaux effets visuels) et danser un tableau entier, ou bien disparaître dans les poches pendant que les corps entonnent un unisson gracieux.

Riyad Fghani, la maturité

La partie théâtre montre le chorégraphe face aux danseurs, sur un poème inspiré de notre addiction quotidienne aux réseaux sociaux. Et même si ce lyrisme à la Prévert n’était pas nécessaire à la pièce de danse, le tableau n’est  pas sans qualités comiques. Et puis, ça nous aide à comprendre le titre...

Le parcours de Riyad Fghani est emblématique de la vocation universelle de Pockemon Crew. C’est à quinze ans qu’il découvre le hip hop et navigue naturellement dans l’univers des battles. Mais il est aussi interprète dans des productions hip hop de chorégraphes contemporains comme Laura Scozzi.

Visiblement, Fghani emprunte à l’expérience faite avec cette Italienne débridée une liberté d’esprit et un humour qu’on retrouve dans plusieurs tableaux de Hashtag 2.0. Mais il devient ici également poète hip hop à part entière et signe une œuvre de grande maturité. On saluera d’autant plus le fait que c’est cette nouvelle pièce qui embarque à Bobino, et pas un show comme Silence, on tourne ! qui correspond sans doute plus aux attentes d’un public qui a les stéréotypes habituels sur le  hip hop en tête. Hashtag 2.0, c’est Pockemon 2.0!

Thomas Hahn

Spectacle vu le 9 septembre 2017 Biarritz, Le Casino, festival Le Temps d’aimer

Festival Le Temps d'Aimer

14 septembre au 7 octobre 2017 Bobino

 

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