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« Focus Corée » à Chaillot-Théâtre national de la Danse

C’est à Chaillot-Théâtre national de la Danse qu’a eu lieu, en septembre dernier, l’ouverture de l’Année France-Corée, avec un cérémonial impressionnant, héritage symbolique de la nation coréenne. Lire notre article.

C’est encore Chaillot qui accueille, en ce mois de juin, les chorégraphes du pays entouré de la Mer Jaune et de la Mer de l’Est (ou du Japon), pour une dernière vague de spectacles de danse, offrant tous les aspects de la vie chorégraphique de la Corée du Sud : Tradition, recherche contemporaine, influences occidentales, chorégraphes émergents et compagnies nationales.

La Pays du Matin Calme possède, en effet, deux compagnie nationales. La première est consacrée à la danse traditionnelle, la seconde à la recherche contemporaine. Mais en vérité, les choses sont loin de s’articuler de façon aussi nette. La National Dance Company (entendez : traditionnelle) a invité José Montalvo à créer une pièce à Séoul même. Le résultat s’intitule Shiganè Naï (L’Age du Temps) et devrait être aussi vif que les spectacles de l’ancien directeur de Chaillot (et aujourd’hui artiste permanent) créés en Europe. C’est juste que les hanbok (tenues traditionnelles) et autres attributs coréens y apportent une gamme de couleur différente. L’enrichissement mutuel espéré sera-t-il au rendez-vous ?

 

Un regard contemporain sur le rituel

Inversement, la Korea National Contemporary Dance Company travaille sur des sujets liés à la culture millénaire du pays, à partir d’un vocabulaire résolument contemporain. Dans AlreadyNotYet, sa directrice, la chorégraphe Aesoon Ahn, évoque le passage dans les limbes et le lien entre la vie et la mort. Les jeunes danseurs de la compagnie incarnent la réalité de la vie d’aujourd’hui, mais les situations du spectacle sont en lien avec la mythologie coréenne. En évoquant des lutins facétieux (dokkaebi), des rituels shamaniques (kut) ou des esprits accompagnant les défunts vers l’au-delà (kokdu), la troupe fait résonner les réminiscences des croyances avec le réel et l’actualité.

Nous avons, et ce n’est que naturel, un certain mal à saisir toute la force des mythes et des univers qui résonnent à travers les danses et les manipulations des figurines et autres accessoires. Les Coréens sont ici touchés d’une manière plus directe, mais peuvent aussi réagir en rejetant cette approche.

Pour le public à Chaillot, cependant, des explications écrites seront fournies. Et, surtout, la présence concrète et contemporaine des danseurs-acteurs  nous ouvrira les portes de leur ressenti, d’autant plus que musique traditionnelle et contemporaine se réunissent et guident la compréhension intuitive. Les quatorze danseurs et les musiciens sont éclairés par le Français Eric Wurtz, compagnon de route de Mathilde Monnier et autres Philippe Decouflé.


L’arrivée à Chaillot des deux compagnies nationales est cependant un défi pour la Corée. Comment seront reçus ces deux spectacles ? La critique coréenne ne leur a pas réservé un accueil unanime, et nous pourrions bien assister au phénomène, apparemment paradoxal, qu’un spectacle nourri du contexte coréen sera mieux apprécié à Paris qu’à Séoul. Le public occidental est beaucoup plus libre dans son regard sur AlreadyNotYet, et la compagnie attend nos réactions avec impatience. Dans leur pays, c’est le rôle de ces deux compagnies de référence de bousculer les regards sur la tradition. Et ce rôle n’est pas facile à assumer. Mais seuls les chorégraphes qui osent laisseront des traces !

Sungsoo Ahn, Insoo Lee, Pansun Kim

La Salle Maurice Béjart accueille trois chorégraphes indépendants, dont Sungsoo Ahn, l’un des fondateurs de la scène contemporaine coréenne. Dans Immixture, il crée un dialogue intense, un véritable melting pot entre danses coréennes et occidentales. On y détecte surtout des références américaines, de Cunningham à Lucinda Childs. Ce n’est pas pour rien si Ahn (aucune parenté avec  Aesoon Ahn, cependant) est diplômé de la Juilliard School !
Les relations humaines sont au cœur du duo masculin Modern Feeling. Fin observateur de l’être humain, le chorégraphe Insoo Lee a créé un style physique et non dépourvu d’humour qui puise aux sources du hip-hop, de la modern dance et de la danse-théâtre.

 

Pansun Kim ne nous est pas inconnu, puisqu’il s’agit du danseur coréen de la compagnie d’Emanuel Gat. OWN MHz est sa première création, un solo qui explore la relation entre un environnement sonore électronique très contemporain, le corps et des objets. Et s’il y a là un mécanisme interactif, ce n’est en rien le reflet de l’enthousiasme coréen pour la technologie, mais une démarche très personnelle qui fait du son un acteur véritable.

Thomas Hahn

Focus Corée, 4 programmes du 9 au 24 juin

Chaillot-Théâtre national de la Danse

8-10 juin : Modern Feeling & OWN MHz
9-11 juin : AlreadyNotYet
15-17 juin : Immixture
16-24 juin : Shiganè Naï

Dans le cadre de l’Année France-Corée

http://theatre-chaillot.fr/calendrier
 

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