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« Fica no singelo » de Clara Andermatt

Dans Fica no singelo, Clara Andermatt revêt la tradition d’un habit contemporain sans jamais la déguiser. Sur le plateau du théâtre, l’âme des danses populaires ne se trahit jamais. Tout reste visible, palpable et authentique. Les pas, bien sûr, et les figures, les phrases. Mais aussi leur chaleur, leur convivialité, leur esprit et leur sens.

Andermatt compose sa pièce tel un puzzle, passant d’une ambiance à l’autre. Virtuosité aérienne et ludique, quand les six interprètes se défient, solo par solo, à l’intérieur du cercle. Energie tellurique et animale pour le duel des deux mâles, épuisement jusqu’au lâcher-prise quand les duos de danse se transforment en gestes ouvriers.

Adresses au public entre les tableaux, envolées verbales. La vie, tout simplement, pour mieux dire que la danse en fait partie. Aussi, Fica no singelo emporte l’adhésion du public, non en assouvissant un désir de spectaculaire, mais parce que la pièce touche à des states plus profondes. 

Fica no singelo - Galerie photo © Ines d'Orey

Dans sa véracité, Fica no singelo trouve une voie idéale pour pratiquer et valoriser le lien social par une création chorégraphique contemporaine. Et les musiciens exaltent leurs instruments (cornemuse, batterie rock, mandoline amplifiée...) sur la même longueur d’ondes. Leurs gestes reprennent parfois ceux des danseurs, à moins que ce soit l’inverse.

Andermatt se place ici dans un véritable courant en danse contemporaine. Décortiquer, déconstruire, remodeler et remixer les pas des danses alpines, slaves, basques ou autres alsaciennes fait actuellement le bonheur d’un nombre toujours croissant de chorégraphes contemporains. Mais Andermatt fait partie des précurseurs (voir notre interview).

Fica no Singelo - Galerie photo © José Alfredo

Ce qui est ici remarquable, c’est qu’Andermatt préserve à la fois l’identité des danses-source (ce qui est loin d’être toujours le cas) et leur esprit festif, souvent perdu en cours de route. Car ceux qui nous donnent des images de fête, finissent souvent par brouiller les codes originels, comme Christian Rizzo dans D’Après une histoire vraie. Et ceux qui décortiquent au scalpel les pas et les gestes d’origine risquent fort de jeter un certain froid, comme Alessandro Sciarroni  dans Folk-S... Et sans émettre de jugement de valeur sur les créations hautement enrichissantes de Rizzo, Sciarroni et tant d’autres, on peut donc dire qu’Andermatt réussit sur tous les tableaux.

Thomas Hahn

Spectacle vu au Théâtre de la Ville, dans le cadre de Chantiers d’Europe, le 23 mai 2016

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