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Festival Instances : « Man » de Fana Tshabalala

C’est dans le très chaleureux lieu de La Méandre, une nouvelle salle partenaire d’Instances située à deux pas du Port Nord, que le sud africain, Fana Tshabalala a présenté Man, une pièce sensible et drôle sur la communication entre les hommes du monde entier.

Avec une scénographie originale faite de barres de bois suspendues qui délimitent des lieux de vie, Fana commence par courir rapidement en faisant plusieurs fois le tour du plateau. Puis, il choisit les uns après les autres, neuf personnes parmi les spectateurs qu’il fait  monter sur scène et leur suggère de se déplacer d’un point à un autre entre les cadres. Une fois bien calés dans leurs alvéoles, toujours souriant, Fana leur impose des positions. Deux doivent lever le poing, un couple dont l’une doit sourire et l’homme à genoux lui tenir la main pour la séduire, une jeune femme doit s’abaisser et se relever continuellement avec le bras horizontal… Tous s’exécutent avec plaisir étant donné que le danseur leur démontre avec une incroyable gentillesse qu’il s’agit d’un jeu. La lumière plonge certains lieux dans le noir et en éclaire d’autres.

Puis, alors que les amateurs ne bougent pas, Fana s’installe dans un grand cadre illuminé en plein feux. Sur des musiques locales, il se libère dans une danse effrénée. Prie Dieu, semble souffrir et porter toutes les misères de son pays, chute puis se redresse en éclatant de rire. A l’issue de la représentation, il expliquera que lors de cette longue séquence, il est censé être sous la douche. « C’est l’unique endroit où l’on est seul avec nous même, ceci nous permet d’y exprimer sans être  ni vu ni entendu, nos idées, nos pensées, nos souvenirs, nos délires et nos rêves ».

Fana n’a pour autant pas oublié ses acolytes dont on est certain qu’ils ne sont pas des complices étant donné qu’il a choisi, sans savoir qui il était, Pierre Hebbelinck, l’un des architectes du futur Espace des Arts de Chalon. Ainsi, il leur propose de danser, de se lâcher, de se mouvoir sans retenue. Au début, certains n’osent pas, mais Fana délivre tellement de prévenance et d’humour qu’il est incroyable de constater à quel point les hommes et femmes, oubliant qu’une salle comble les regarde, se libèrent de leurs craintes pour danser et s’abandonner aux désirs du chorégraphe. Preuve en est Pierre Hebbelinck, qui, peu souriant au départ, fini par s’épanouir et, le sourire aux lèvres, décontracte son dos et ses épaules, lève et baisse ses bras puis se déhanche comme un pro. Il avouera par la suite qu’il est arrivé à Chalon la tête pleine de contrariétés et que cet instant sur scène l’a comme lavé et débarrassé de ses désagréments.

Car on l’aura compris, Fana Tshabalala est doté d’un talent fou. Non seulement pour communiquer et rassurer, mais surtout, quelle présence, quelle énergie et quel beau danseur !

Ravie, la salle applaudie à tout rompre l’artiste et les exécutants de cette pièce enrobée de sensibilité, de puissance et si chaleureuse.

« Quand je cours au début du spectacle, je regarde le public et je ressens les énergies de ceux que je vais choisir pour m’accompagner » raconte le danseur et chorégraphe dont la photo illustre le programme d’Instances. « Donc aucune représentation ne ressemble à une autre. J’explore les sensibilités, les sentiments, les émotions et j’ai l’objectif de poser la question de la place de l’Homme dans la société. Il ne s’agit pas vraiment d’un spectacle, mais d’un laboratoire qui se déroule dans des lieux imaginaires. A chaque fois, je reçois beaucoup de la part des amateurs et du public. Ceci m’enrichit, tout comme j’espère les enrichir aussi. Je veux aussi prouver que les hommes et les femmes, bien qu’ils soient différents de part leurs origines, peuvent vivre ensemble. Oui, je casse les frontières et crois en l’humanité, à l’humour et à la sagesse » termine cet homme toujours enjoué qui engendre la paix et l’harmonie.

Fana Tshabalala débute sa carrière en rejoignant différentes formations : Vuku Zenzele Cultural Group (assistant), Sonqoba Cultural Group (interprète), Pheelo Dance Company (répétiteur) Motswako Performing Artists (interprète), Vuka African Artists (direction), Vaal Sounds Chorus (danseur).

Il intègre MIDM FETC – Performing Arts de Johannesburg. Durant ses études, il signe la chorégraphie d’un solo As it is two in one (initialement intitulé Conversation between HE and he) présenté aux tremplins de FNB Dance Umbrella en 2007. L’année suivante il présente au FNB Dance Umbrella son solo Ukunxanwa.

Membre de la compagnie de Moving into Dance, son talent d’interprète se révèle dans différentes créations comme Blankets of Shame, Flesh, Mzansi Africa Delight, Xiif, Gula, Speaking with tongues. Il collabore avec Sylvia Glasser et Lebo Mashile sur Threads. Récemment, il danse pour le chorégraphe européen Michel Kelemenis sur une de ses pièces intitulée Besame mucho (Kiss me much) présentée au FNB Dance Umbrella.

Il intègre Kelemenis & cie durant 5 mois (de novembre 2009 à mars 2010). Il reprend le rôle d’Anatom dans L’amoureuse de Monsieur Muscle. Fana rentrera en Afrique du Sud chargé d’un solo, That side écrit pour lui et cette amie française, Caroline Blanc, dont il emprunta les gestes lors de la reprise-adaptation de Besame mucho / Kiss me much à Johannesburg en mars 2009.

Aujourd’hui, il est directeur artistique associé de The Forgotten Angle Theatre
Collaborative (FATC) fondé il y a vingt ans par PJ Sabbagha, (qui fut programmé au Festival Instances).

Oscyl d’Héla Fattoumi et Eric Lamoureux

Crée au Festival de marionnettes de Charleville-Mézières, Oscyl (Lire notre critique) fut présentée en soirée au Port Nord. Une pièce douce et troublante pour sept interprètes et huit marionnettes.

Sophie Lesort

Spectacles vus à Chalon-sur-Saône le 21 novembre

Man

Chorégraphie et interprétation : Fana Tshabalala
Musiques : Fana Tshabalala, Thulani Chauke
Costume Fana Tshabalala
Création lumière, régie lumière Alexandra

Oscyl : 16 janvier Les Scènes du Jura, Scène nationale à Dole
23 janvier Le théâtre de Saint-Nazaire, Scène nationale à Saint Nazaire
25 et 26 janvier Maison du Peuple à Belfort, avec Le Granit, Scène nationale de Belfort et en partenariat avec MA, Scène nationale Pays de Montbéliard
30 janvier et 31 janvier Les 2 Scènes, Scène nationale à Besançon
22 février, 23 et 24 février Théâtre National de Chaillot (Paris)

19 avril : La Filature, Scène nationale à Mulhouse.

25-26 mai // OSCYL VARIATION // Fête de la nature à Dijon

Chorégraphie : Héla Fattoumi, Éric Lamoureux, en collaboration avec les interprètes
Interprètes : Sarath Amarasingam, Jim Couturier, Robin Lamothe, Bastien Lefèvre, Johanna Mandonnet, Clémentine Maubon, Angela Vanoni
Plasticien et scénographe : Stéphane Pauvret
Lumières : Éric Wurtz
Costumes : Gwendoline Bouget assistée de Charles Chauvet
Construction des Oscyls : Cyril Cornillier
Musique : Éric Lamoureux et Jean-Noël Françoise
Collaboration artistique : Valentine Paley (dans le cadre du dispositif Relève chorégraphique / Pro-Helvetia)
Direction technique : Thierry Meyer
Régie Lumière : Maxime Scherrer
Régie son : Nathanaëlle Wong

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