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Festival de Danse de Cannes : Une programmation festive

La Croisette doit son nom à une petite croix chrétienne, mais le nom du boulevard mythique nous fait autant songer à la croisière ou au fait de se croiser…  C’est sous cet angle que Brigitte Lefèvre est la nouvelle croisée de la danse, d’est en ouest, du nord au sud. La Corée, l’Espagne, l’Angleterre, la Finlande, le Brésil…

Le Nord : Prenons Tero Saarinen, qui est allé créer avec la compagnie nationale de danse (traditionnelle) de Corée du Sud une pièce portée par la beauté et la spiritualité asiatique. Vortex est accompagné de musiciens traditionnels sur le plateau. Le tourbillon de Vortex illumine la rencontre des univers européen et asiatique.

Ce Vortex coréen sera à mettre  en rapport avec un autre tourbillon, celui d’Hervé Koubi. Né à Cannes, le chorégraphe se penche de nouveau sur ses origines méditerranéennes. Avec Les nuits barbares ou les premiers matins du monde il interroge à sa façon la rencontre entre Occident et Orient, Sud et Nord à la fois.

Ballets du monde

Le nord encore, avec Johan Inger, ancien directeur artistique du Ballet Cullberg de Stockholm. Inger qui travaille aujourd’hui avec le NDT à Amsterdam rencontre ici la Compagnie Nationale d’Espagne, dirigée par José Martinez, pour créer une nouvelle version de Carmen, ici moins typée andalouse qu’ancrée dans notre réalité sociale actuelle. Inger n’écarte pas la violence et porte sur l’érotisme le regard d’un adolescent.

Saarinen, Koubi, Inger : Ces trois regards sur des cultures populaires et ancestrales devraient  nourrir de façon passionnante le colloque traditionS en mouvementS qui se déroule du 20 au 22 novembre.

Autre croisement improbable des cultures et des univers de la danse: La chorégraphe brésilienne Deborah Colker se penche sur Pouchkine. Avec Tatyana, elle extrapole l’âme slave en plongeant dans l’univers du  célèbre roman Eugène Onéguine. Mais il s’agit bien d’un regard brésilien, extrêmement vital, sur Pouchkine et la tradition du ballet.

Kader Belarbi vient avec sa relecture des contes de fées : La Bête et la Belle, se souvenant de ce que les contes étaient à l’origine destinés aux personnes de tous les âges, traitant de nos peurs et de nos pulsions érotiques. La Bête et la Belle, créé en 2005 pour les Grands Ballets Canadiens, a été repris dans une nouvelle version par le Ballet du Capitole (dont Belarbi est le directeur) qu’on verra ici au Palais des Festivals.

Le programme Jiří Kylián par le Ballet de l’Opéra de Lyon s’annonce fin, complexe et exceptionnel. Après Bella Figura et Heart’s Labyrinth, on pourra voir le trio  27’52’’, qui offre une synthèse chorégraphique des deux grands classiques du grand maître tchèque au NDT. 27’52’’ vient tout juste d’entrer au répertoire à Lyon.

Le spectacle de l’Ecole de Ballet de l’Opéra de Paris, par contre, a dû être annulé en raison des mesures de prévention des risques, suite aux attentats du 13 novembre. C’est un peu triste, mais incontournable en ces temps troublés.

Le contemporain, de Diverrès à Linehan

La facette contemporaine est éclairée par Daniel Linehan qui vient avec dbddbb, une recherche sur les rythmes et sur le lien entre le corps et la voix, le tout empreint de dadaïsme, appliqué à des structures de groupe. Qui connaît Linehan, sait qu’il saura s’amuser avec une telle matière, en hommage à Kurt Schwitters.

Contrairement à Linehan, Catherine Diverrès explore avec Dentro le rapport entre le mouvement et les mots dans une ambiance intimiste entre deux hommes. Suspense et concentration pour une ambiance souterraine. Dans la finesse de ces évocations de l’intérieur de l’âme, on pourra encore déceler l’ombre du Japon… Diverrès se partage la soirée avec Michèle Noiret qui revisite, dans Palimpseste, son Solo Stockhausen de 1997.

Christian Rizzo montrera sa première création en tant que directeur du CCN de Montpellier, devenu I.C.I., l’Institut Chorégraphique International. Ad noctum est un hommage à l’obscurité avec images de synthèse pour lumières et environnement électroniques, interprété par Kerem Gelebek et Julie Guibert.

Le Groupe Grenade de Josette Baïz arrive sur la Croisette avec Guests II, nouvelle version de sa jeune troupe interprétant des extraits de pièces singées Hofesh Shechter, Dominique Bagouet, Emanuel Gat, Wayne McGregor, Trisha Brown et Damien Jalet. Ce n’est plus le même programme qu’à l’origine, et donc une belle occasion de (re)découvrir cette troupe dans toute sa fraîcheur car ces danseurs, bien qu’adolescents, possèdent une puissance technique impressionnante et une énergie juvénile renversante.

Au lieu de la plateforme pour jeunes chorégraphes régionaux qu’on a connue sous la direction artistique de Frédéric Flamand, Brigitte Lefèvre offre au festival une plateforme internationale avec des créations du Français Eric Oberdorff et des chorégraphes irlandais, néerlandais et finlandais.  Et un colloque La Danse en compagnie. Au moment où l’ensemble des structures créées en faveur de l’art chorégrapique il y a une trentaine d’années sont réinterrogées, il a semblé indispensable à Brigitte Lefèvre de mettre sous le feu des projecteurs dans ce contexte toutes les problématiques soulevées par les compagnies de danse françaises et étrangères. Ce colloque a été pour partie conçu et sera modéré par Agnès Izrine, rédactrice en chef de Danser Canal Historique.

Dans chaque spectacle du festival se reflète ainsi l’esprit d’ouverture, de curiosité et de mobilité mentale qui fait de la création chorégraphique le plus beau rempart contre l’obscurantisme.

Thomas Hahn

http://www.festivaldedanse-cannes.com/

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