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Faits d’Hiver : Lionel Hoche crée « samedicarrément »

Chorégraphe, mais aussi chanteur, meneur de revue carrément, Lionel Hoche laisse éclater les samedis rêvés de sa jeunesse.

Lionel Hoche prévient son public: « C’est un voyage (un trip!), une émission hit-parade, une retransmission désarticulée et encore et toujours une revue! » Une revue, pour un regard en arrière, sur sa propre vie, regard joueur et amusé. samedicarrément se présente, selon son auteur, comme un préquel à lundijeudi [notre critique], solo habité par un regard décalé sur son rapport d’adulte à la danse et à lui-même]. Autrement dit, un making of du personnage par les souvenirs qui l’habitent encore.

Samedi et liberté

Le samedi, c’est le jour que l’on attend, le jour qu’on retient, le symbole de l’insouciance, c’est l’aboutissement d’une semaine de travail et une bulle de liberté. Pour Hoche, samedicarrément creuse les sources intimes de lundijeudi premier jet en direction du samedi soir, où on sort avec les amis, où on s’éclate. A moins que la guerre éclate. Dorothée Munyaneza nous l’a rappelé, douloureusement, avec  Samedi Détente.

Lionel Hoche nous introduit à son tour dans ses souvenirs d’enfance et d’adolescence, avec un duo dansé-chanté pour lui-même et Adam Vidovic,  musicien et alter ego qui ne se cantonne pas derrière son piano mais revêt, accessoirement, certains des nombreux objets qui envahissent le plateau.

Côté accessoires, nous avons donc: Des ballons à sauter, la marionnette ballerine suspendue au plafond, des peluches, des boules coloriées et carrément tout une scénographie-paysage, faite de boites et d’écrans télé, écrans sur lesquels passent des JT des années 1960 et 1970. On revit, entre autres, l’introduction de la télévision en couleur et l’ouverture du Centre Pompidou.

Galerie photo © Agathe Poupeney

Décalages

Alors que l’époque ne semble pas être terriblement lointaine, ces émissions paraissent aujourd’hui aussi décalées que les souvenirs des rêves du chorégraphe, lequel nous introduit ici dans les reflets éclatés de sa chambre d’enfant.  Et cette chambre devient une sorte de piste de cirque, où ses rêves de féminité passent au second degré et deviennent pleinement légitimes.

Car côté costumes, on voit les deux hommes se présenter en robes de soirée carrément élisabéthaines, en Auguste, en tigre, en lapin géant, avec des chapeaux à plumes, mais aussi en pantalons à paillettes. Car un beau jour, le jeune Lionel sortit de la chambre d’enfant pour s’élancer vers les rêves du samedi soir. Et finalement, une sorte de linceul couleur sac-poubelles.

L’ado et ses tubes

Changeant sans cesse d’accoutrement, Hoche passe aussi d’un style vocal à l’autre. Il interprète ainsi les tubes qui ont bercé le Saturday Night Fever de ses jeunes années, de Barbara aux Beatles, de Polnareff à Jefferson Airplane ou Barry Manilow, chaque fois avec une brillance et une véracité remarquables. Il ne chante pas dans sa baignoire, il est baigné de musique.

Bien sûr, ses souvenirs de jeunesse concernent aussi la danse - le ballet, notamment -  et Hoche s’en délecte avec autant de facéties que de tendresse. Mais on le découvre ici pleinement dans sa nouvelle vocation, showman et entertainer, bête de scène intime et universelle, meneur d’une revue personnelle où tout peut arriver. Sauf l’ennui.

Thomas Hahn

Spectacle vu le 19 février 2018, Micadanses, festival Faits d’Hiver

 

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