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Exposition « Degas à l’Opéra », musée d’Orsay

Evènement de la rentrée, l’exposition s’inscrit dans le cadre de la célébration des 350 ans de l’Opéra de Paris.

Depuis l’exposition « Degas, Danse, Dessin » en 2017, dont le fil rouge était l’ouvrage éponyme de Paul Valéry, on attendait avec impatience que la relation privilégiée de l’artiste avec la danse fasse l’objet d’un éclairage conséquent.

C’est désormais chose faite avec cette manifestation d’ampleur, centrée sur un monde que Degas représenta et réinventa pendant près de quarante ans : l’Opéra de Paris.

Réinventa, certes, car l’Opéra de Degas n’est pas tant le Palais Garnier auquel on l’associe souvent machinalement, bien qu’il ne l’aimât guère, mais plutôt une cosa mentale et esthétique qu’il n’hésite pas à reconfigurer au fil de ses besoins picturaux.

D’ailleurs en la matière, sa référence serait plutôt l’Opéra de la rue Le Peletier, qu’il commence à fréquenter assidument dès la fin des années 1860 et qui, même détruit par un incendie en 1873, continuera de hanter visuellement son œuvre.

Plus qu’un lieu architecturalement identifié, l’Opéra est donc pour Degas à la fois une source d’inspiration et une boîte à outil incomparables, qui vont absorber la majeure partie de ses forces créatrices.

Le parcours de visite, ordonné en dix sections, permet de mesurer l’ampleur de cette obsession. L’Opéra, pour Degas, ce sont les musiciens, les coulisses, le public des loges, la scène et ses lumières, les abonnés et bien sûr, les danseuses.

Il représente ces dernières sous tous les formats et dans toutes les techniques, de l’estampe à la peinture sur éventail, en passant par la photographie - comme l’attestent de rares négatifs sur verre en couleurs provenant de la BNF - et la sculpture. A cet égard, on retrouve bien évidemment, pieds en quatrième et moue en avant, la fameuse Petite danseuse de 14 ans qui fait partie des collections du musée. Parmi les pièces de choix figure aussi la monumentale maquette en bois de l’Opéra Garnier, déplacée de la nef.

Mais ce qui rend la visite indispensable, c’est surtout le magnifique ensemble de toiles prêté par la National Gallery of Art de Washington qui co-organise l’exposition, et l’accueillera à son tour à partir de mars 2020.

De l’Opéra, Degas croque également l’envers du décor avec la série des Petites Cardinal inspirée du recueil satirique Monsieur et Madame Cardinal de son ami Ludovic Halévy, dont sont exposés plusieurs monotypes illustrant les liaisons galantes, voire la prostitution, des petits rats avec les abonnés du fameux Foyer.

On apprend aussi que entre 1885 et 1892, Degas se rendit cent soixante-dix-sept fois à l’Opéra, revoyant notamment treize fois Coppélia.

On redécouvre aussi le dernier Degas, celui des grands dessins synthétiques au fusain qui magnifient le mouvement des corps dansants. « Libéré, selon ses mots, de la tyrannie qu’exerce la nature », il se livre grâce au pastel à une « orgie de couleurs », démultipliant les points de vue, les figures et les compositions. Au travers de son motif de prédilection, la danse et du ballet, il accompagne ainsi à sa façon les bouleversements que connaît au tournant du siècle l’art pictural.

Rappelons que l’exposition s’accompagne d’un programme particulièrement riche de performances, spectacles, concerts, conférences, projections, etc. Citons notamment la création proposée les 11 et 12 octobre par Nicolas Paul et Aurélie Dupont dans les espaces du musée, et le Dying on Stage de Christodoulos Panayiotou, inspiré par La Bayadère de Noureev, les 19 octobre, 23 novembre et 14 décembre.

Sans oublier un Bal masqué en nocturne le 16 janvier 2020, ouvert à tous !

Isabelle Calabre

Musée d’Orsay, Paris (7e), grand espace d’exposition

Jusqu’au 19 janvier 2019.

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