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« Ensemble, ensemble » de Vincent Thomasset

 

Vous souvenez-vous de l’époque où enfant, vous vous demandiez pourquoi on appelait un mot un mot et ensemble ensemble ?

C’est dans cet état incertain et plein de curiosité que vous replonge Vincent Thomasset dans cette pièce un peu étrange, ou deux et deux font à peine quatre (mais plutôt toujours deux) et où la répétition du même vous entraîne sur des sentiers inconnus, même de vous.

Ensemble Ensemble est un spectacle dispositif où les mots dansent et les corps les percutent. Ou les répercutent. Car les sons, contrairement à ce que les corps affichent, ne sortent pas de la bouche du couple de danseurs. Très vite, le play back apparaît dans un léger décalage entre le son et l’image. On se rend alors compte qu’ils sont littéralement ventriloqués et dupliqués dans un autre couple, fondu au noir en fond de scène, qui disent les mots que les autres semblent proférer. Et oui, dans ensemble, il y a bien semble.

Le thème qui pourrait être l’ensemble que forment le corps et le geste, est surtout celui de la construction d’un récit ou d’une chorégraphie, pourquoi pas, mais qui s’effiloche au fur et à mesure de sa composition.

Plus ça parle, moins ça dit. Une façon de prendre le langage à rebours, avec une bonne dose d’absurdité et de folie. Mieux vaut encore bouger sur de la musique, tiens du clavecin par exemple, un baroque où les notes se disloquent comme les phrases chez Thomasset, où les corps s’entrechoquent, où le sens se désarticule littéralement.

Ensemble ensemble, se tient à la frontière du théâtre et de la danse, à la lisière du non-dit ou de l’indicible et sur la banalité de nos récits. Le plus étonnant reste qu’il arrive à en faire un spectacle plutôt élégant et prenant, presque à notre insu.

Agnès Izrine

Le 5 février 2020, Le Carreau du Temple.

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