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« Dance me », BJM Dance Montréal

Imaginé par Louis Robitaille, le directeur artistique des Ballets Jazz Montréal, Dance Me fait revivre avec l’aide de trois chorégraphes le répertoire de Leonard Cohen. 

On a tous en nous quelque chose de l’auteur de « Suzanne », pourrait-on dire en parodiant une autre idole nationale. C’est pourquoi ce spectacle des BJM créé à partir de l’œuvre du compositeur canadien en 2017 à Montréal, pour le 375eanniversaire de la ville, et présenté du 16 au 18 décembre au Théâtre des Champs-Elysées dans le cadre de la saison Transcendances, parle au cœur de chacun.

Que l’on évoque sa propre jeunesse en entendant des tubes comme Lover lover lover, ou que l’on soit ému par le musicien écrivant, à l’approche de la mort, une ultime et bouleversante lettre à son égérie disparue, la fameuse Marianne, on se sent comme chez soi dans cette suite de chansons intimistes qui s’égrènent avec élégance.

On en oublierait presque la danse, pourtant due à trois chorégraphes de talent. Ihsan Rustem, Andonis Foniadakis et Annabelle Lopez Ochoa assurent successivement la mise en geste et en espace des quinze chansons sélectionnées par Robitaille.

Celui-ci, qui caressait ce projet depuis des années, avait eu en 2015 le temps d’en faire part au chanteur un an avant sa mort. Léonard Cohen avait alors donné son accord et émis ses préférences quant au choix des titres. Sa disparition a transformé l’hommage en célébration posthume.

Assisté d’Eric Jean, qui signe la dramaturgie et la mise en scène, le directeur des BJM avait dès l’origine imaginé cinq séquences, correspondant aux quatre saisons de la vie plus une, qui était celle de la mort. C’est ce découpage, devenu prémonitoire, que l’on découvre au fil des séquences. 

De cette création à trois mains, on retient d’abord l’unité chorégraphique. Elle est due à la force de la musique, qui l’emporte sur le style propre de chacun, mais aussi à des compositions dansées plus illustratives que réellement créatives. Sans démériter vraiment, elles se laissent regarder, puis oublier.

Reste une ambiance sensible, une émotion parfois, de belles images entre ombres et lumières servies par des éclairages soignés, et une fluidité plaisante portée par des interprètes de haut vol. Leur gestuelle est mise en valeur dans des duos, trios, quatuors et ensembles qui s’enchaînent sans relâche, hormis une « So Long Marianne » chantée sans danse et a capella. Le tout formant un ensemble soigné, mais un peu trop lisse pour être totalement convaincant. 

Isabelle Calabre

Vu au Théâtre des Champs-Elysées à Paris le 16 décembre 2019.

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