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Camping au CND : Premier bilan

Danser Canal Historique : J'ai été frappé par le fait que les danseurs, venus de beaucoup de régions du monde, ont pu s'approprier le CND en toute liberté. Au lieu de venir en invités qui utilisent tel studio sur tel créneau horaire, ils étaient les maîtres des lieux. Ça change tout. Pouvez-vous, en ce sens, tirer un premier bilan de Camping ?

Mathilde Monnier : Le pari de Camping était pour moi aussi de mélanger écoles et artistes indépendants. Nous avons besoin d'échanges entre les écoles, mais aussi entre les écoles et la profession. Et surtout, c'est le lien intergénérationnel qui est tellement important. Il ne faut pas qu'il y ait uniquement la génération des vingt à trente ans. C'est pourquoi j'ai été très touchée de voir des danseurs de quarante ou cinquante ans venir de France mais aussi du Québec, de Serbie et d'ailleurs en Europe pour participer aux masterclass et prendre contact avec la jeune génération. Ils me disaient : Nous aussi, avons besoin d'un espace comme Camping, de trouver du structurant et des réseaux, de nous ressourcer en trouvant des moments de convivialité et de rencontres professionnelles. C'était par ailleurs ma toute première idée en pensant mon approche du CND : il faut que ce soit un lieu de rassemblement, dynamique et indicateur de ce que sera la danse de demain.

DCH : Le déroulé des journées était très structuré, tout en laissant des libertés aux intervenants comme aux danseurs.

Mathilde Monnier : Camping, c'est aussi un moment exceptionnel pour les chorégraphes invités comme professeurs qui peuvent se retrouver et échanger. Ils ont organisé des rencontres entre eux, sans que nous les leur ayons proposées. Habituellement, en tournée sur un festival par exemple, ils n'ont pas de temps pour cela. Je pense que nous allons développer quelque chose à partir de ces rencontres. Camping est un espace de rencontres pour tous les niveaux de la profession. Nous allons donc développer ces réunions et forums de discussion. J'ai trouvé très important les échanges avec deux cent personnes dans la salle, autour de la question de savoir ce que signifie pour un danseur, dans les différents pays, le fait de sortir d'une école et d'entrer dans le milieu professionnel et quel est leur statut.

DCH : Camping pourrait donc devenir un vrai forum pour la profession ?

Mathilde Monnier : Oui. Aussi parce qu'il n'y a plus assez d'espaces en France pour rencontrer ces artistes que nous avons invités à donner des workshop. C'est important et c'est devenu trop rare. Il faudra aussi créer des espaces où les chorégraphes puissent se croiser au-delà des hiérarchies. Il nous faut créer des rapports beaucoup plus fluides, par exemple entre ceux qui sont connus et ceux qui ne le sont pas.

DCH : Comment comptez-vous développer Camping ?

Mathilde Monnier : L'année prochaine, nous allons essayer de passer de deux semaines à trois. Mais il faut d'abord qu'on fasse un bilan détaillé avec nos équipes. Des collaborations avec des institutions hors région parisienne pour élargir le cercle, selon les possibilités. Et ce qui nous a manqué cette année, c'est une présence des écoles du sud de l'Europe. Je vais aussi contacter des écoles africaines. Celle de Lia Rodrigues au Brésil sera présente l'année prochaine. Côté enseignants aussi, il ne faut pas que nous ayons uniquement des artistes du mainstream européen. Il y a aussi des artistes peu connus en Europe qui viennent d'autres milieux et qui peuvent tout aussi bien enseigner à Camping.

DCH : Cet élargissement vers le Sud sera aussi une question financière.

Mathilde Monnier : En effet. Cette première édition s'est faite avec les écoles qui étaient en mesure d'y participer financièrement. Il nous faut maintenant trouver des financements et des partenariats. Côté Asie, nous avons invité The Arts & Co, une structure que je connaissais déjà, et nous allons maintenant, tout en continuant à travailler avec la Corée, regarder aussi du côté du Japon.

DCH : Camping a été, après le forum sur les questions de danse et santé, le deuxième axe de votre direction. Avez-vous prévu d'autres points forts?

Mathilde Monnier: En novembre, il y aura un événement de trois jours sur mémoire et histoire intitulé Scènes du Geste, en partenariat avec le Festival d'Automne. Le commissaire est Christophe Wavelet. S'y ajoute un forum sur la question des archives et de leur activation, avec beaucoup de chercheurs qui travaillent sur ces questions. Et bien sûr Revue, une programmation qui traverse le temps autour d’une thématique liée à la mémoire et à l’archive, pour parcourir des œuvres qui parlent de l’histoire au présent.  

Propos recueillis par Thomas Hahn

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