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« Brûlent nos cœurs insoumis » de Christian et François Ben Aïm

Sur la musique d’Ibrahim Maalouf les deux chorégraphes racontent la sombre histoire de quatre hommes.

Sur le sol noir un trapèze dessiné à la craie délimite un lieu exigu ceinturé par quelques poteaux. A peine éclairés, le trompettiste Geoffroy Tamisier et en fond de plateau le Quatuor Voce entament la composition musicale d’Ibrahim Maalouf.

Brûlent nos cœurs insoumis débute avec de nombreux arrêts sur image où l’on aperçoit quatre hommes dans différentes positions. Ils expriment plusieurs sentiments allant d’une chaleureuse amitié fraternelle, au repas de famille… jusqu’à une bagarre et sans doute la mort de l’un d’entre eux. On comprend qu’il s’agit de souvenirs partagés, souvenirs de jeunesse plutôt joyeux, puis souvenirs de violences plus morbides qui déchirent leurs âmes.

Quels liens les unissent ? Qui sont-ils ? Quatre frères, deux frères qui rencontrent des inconnus ou simplement des étrangers qui se croisent par hasard et se lient d’amitié ? Soutenus par la splendide musique parfois douce et parfois intrigante, Christian et François Ben Aïm brouillent les cartes et laissent le doute s’établir.

Galerie photo © Laurent Philippe

Puis la danse s’installe. La danse toujours très belle et très personnelle des frères Ben Aïm. De petits pas, d’amples ports de bras qui donnent une forte impulsion au corps, des glissements et tours rapides, tout cela avec une réelle grâce et un intense raffinement. Même si il est un peu répétitif, leur style est incomparable et magnifique.

Le cadre s’estompe peu à peu et une large table autour de laquelle ils sont tous les quatre assis apparaît au loin. Cet instant semble calme alors que d’un seul coup des jets violents de poudre rouge tombent des cintres en provoquant d’énormes bruits. Du sang jaillit de nulle part les inonde avec barbarie.

Galerie photo © Laurent Philippe

Alors que jusqu’à présent la pièce signée par le dramaturge Guillaume Poix exprimait l’équivoque et le trouble comme lors d’un jeu de rôles, un virage net et précis s’engage avec des personnalités très dessinées. Brûlent nos cœurs insoumis commence réellement à cet instant, la danse exulte pour signifier l’insoumission. Insoumission à l’oppression du quotidien et au diktat de l’ordre établie accompagnée par les sons percutants de la batterie engendrés par Geoffroy Tamisier.

La frontière a totalement disparu et les hommes sont prêts à se battre, à s’exprimer haut et fort, à tuer le faible. Violence, énergie, puissance dans la musique et dans l’écriture chorégraphique dessinent la transgression, l’extravagance et la résistance.

Galerie photo © Patrick Berger

La conjugaison entre la partition d’Ibrahim Maalouf, la dramaturgie de Guillaume Poix, la chorégraphie des frères Ben Aïm et l’excellente interprétation des danseurs et des musiciens, font de cette œuvre aux multiples thèmes pas toujours très limpides, un spectacle entier.
 
Sophie Lesort
 
Vu à la biennale de danse du Val-de-Marne au Centre des Bords de Marne du Perreux sur Marne le 28 mars
 
Brûlent nos cœurs insoumis le 19 avril au théâtre des Bergeries à Noisy-le-Sec
Le 12 mai au théâtre de Chatillon
Chorégraphie
Christian et François Ben Aïm
Composition originale et direction musicale
Ibrahim Maalouf
Dramaturgie
Guillaume Poix
Danseurs
Fabien Almakiewicz, Christian Ben Aïm,
François Ben Aïm, Félix Héaulme
Musiciens
Geoffroy Tamisier, trompette et percussions - Quatuor Voce : Sarah Dayan & Cécile Roubin, violons ; Guillaume Becker, alto ; Lydia Shelley, violoncelle
Assistanat chorégraphique Jessica Fouché
Scénographie Camille Duchemin
Création costumes Camille Aït Allouache
Création lumières Laurent Patissier
Régie générale Luc Béril
Régie son Hervé Le Dorlot
Construction décor Thierry Rasamiarisoa et Bruno Perachon

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