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Benois de la Danse 2015

À la fin du mois de mai, le Théâtre Bolchoï de Russie accueillait la 23ème cérémonie de remise du Prix Benois de la Danse.  Fondé en 1991, à Moscou, par l'International Dance Association, ce Prix récompense les créateurs des meilleures œuvres chorégraphiques de la saison écoulée.

Le jury international, qui comprend toujours de grands noms du monde de la danse, sous la présidence permanente du célèbre chorégraphe russe Youri Grigorovitch, était composé cette année par des représentants de cinq pays: Luigi Bonino, danseur et maître de ballet ; Alexander Vetrov, maître de ballet du Théâtre Bolchoï de Russie ; Ingrid Lorentzen, directeur artistique du Ballet National de Norvège ; Vladimir Malakhov, star internationale ; Kevin O'Hare, directeur artistique du Royal Ballet ; Desmond Richardson, co-fondateur et co-directeur artistique du Contemporary Ballet Complexions.

La promotion des Benois 2015 a été récompensée dans 5 catégories : chorégraphe, danseuse, danseur, compositeur, scénographe.

Dans la dénomination chorégraphe, parmi cinq nominés, deux ballets, s’inspirant l’un et l’autre d’une œuvre de Shakespeare, étaient principalement en concurrence. D’une part La mégère apprivoisée de Jean-Christophe Maillot dont la première avait eu lieu au Théâtre Bolchoï et d’autre part The Winter’s Tale  crée par Christopher Wheeldon pour le Royal Ballet à Covent Garden.

Alors que Christopher Wheeldon avait commandé une musique originale à Joby Talbot, Jean-Christophe Maillot avait choisi pour son ballet plusieurs extraits de musique de Dimitri Chostakovitch, écrits pour différents films soviétiques. De plus, en outsider, une curiosité sous le nom de A Swan Lake, se déployant sous des masses aqueuses, créée par le suédois Alexander Ekman, pour le Ballet National Norvégien.

Finalement, le jury attribua le Prix Benois 2015 à Christopher Wheeldon.

Pour les catégories suivantes quelle ne fut pas notre surprise de voir encore couronner The Winter’s Tale : d’abord Edward Watson comme meilleur danseur dans le rôle de Leontes,  puis le compositeur Joby Talbot. Par contre, sans étonnement, le prix de la meilleure danseuse fut décerné à Svetlana Zakharova, étoile du Théâtre Bolchoï, pour deux rôles - Marguerite Gautier dans la Dame aux Camélias, (F.Chopin/J.Neumeier) et Mekhmené Banu dans La légende d’amour (A.Melkov/Y.Grigorovitch). C’était d’ailleurs la deuxième fois qu’elle recevait ce Prix Benois qu’elle avait déjà obtenu en 2005.

Dernier lauréat 2015, le scénographe John Macfarlane pour Hummingbird  (Ph.Glass/ L.Scarlett) au San Francisco Ballet.

Deux grandes dames du monde de la danse complétaient ce tableau d’honneur :

Brigitte Lefèvre, qui a dirigé le Ballet de l’Opéra de Paris pendant près de 20 ans. En lui remettant le Prix Benois 2014 du Life achievement qu’elle n’avait pas pu recevoir à Moscou l’année précédente,  Youri Grigorovitch l’a appelé amicalement « La dame de fer », soulignant ainsi son aptitude au commandement et ses efforts fructueux dans l'organisation du développement créatif d’une des meilleures compagnies de ballet au monde. L'année prochaine, le Prix Benois 2015 du Life achievment sera remis à Sylvie Guillem, super-star internationale.

Ana Laguna, danseuse, star internationale, muse et épouse de Mats Ek, reçut quant à elle le prix conjoint Positano Premia la Danza Léonide Massine / Benois de la danse, créé en 2014 et décerné pour la première fois à Moscou.


Après la remise des prix, les nominés de l’année et de nombreux lauréats des années précédentes firent une démonstration de leur art, dans deux galas de bienfaisance, formant un grand Festival International du Ballet.

Cette année des étoiles et solistes de 10 célèbres compagnies participèrent à cette manifestation qui proposa un très large et riche panorama de chorégraphies (http://benois.theatre.ru/english/massmedia/news/).

Au cours de la première soirée les artistes offrirent des extraits de chorégraphies de Martin Schläpfer, Dwight Rhoden, Jean-Christophe Maillot, Alexander Ekman (nominés 2015) et également des fragments des ballets de John Cranko, Kenneth MacMillan, Roland Petit, Marius Petipa dont l’assistance apprécia la diversité des styles et du langage. Cependant le public applaudit surtout la « surprise » d’Alexander Ekman. Comme le Théâtre Bolchoï lui avait refusé les six mille litres d’eau nécessaire pour montrer son ballet A Swan Lake (voir la photo ci-dessus), il conçut spécialement pour cette soirée un solo intitulé Thoughts at the Bolchoï, où armé d’un verre d’eau que lui avait « offert » le Bolchoï, il réalisa un one man show comique et plein d’humour décrivant comment il avait crée son ballet à Oslo. Lui, qui ne s’était plus produit en public depuis dix ans, expliqua qu’il était très content de remonter sur scène, pour pouvoir dire pendant toute sa vie qu’il avait dansé au Bolchoï.

Solo d’Alexander Ekman . Photo Mikhail Logvinov

La deuxième soirée, intitulée Chorégraphes du XXème siècle - de Mikhail Fokine à Mats Ek, complétait le panorama précédent avec des chorégraphies de Michel Fokine, Frederick Ashton, Viktor Gzovsky, George Balanchine, Rudolf Noureev, Youri Grigorovitch, Hans van Manen, John Neumeier, Mats Ek.

Ouliana Lopatkina, étoile du Théatre Mariinski, interpréta de façon géniale Le Cygne de Michel Fokine. Cela fait près de 20 ans qu’elle captive son public par sa grâce et sa noblesse dans ce solo. Maia Plissetskaia, la ballerine légendaire dont le nom est attaché à cette miniature, l’avait vu danser, lors d’un gala au  Château de Versailles et l’avait trouvée fantastique ! 

Le public accueillit avec un grand enthousiasme les solistes du Bolchoï : d’abord l’attrayante Maria Allash et le magnifique Denis Rodkin, entourés d’un charmant corps de ballet féminin, dans l’Adagio du ballet Légende d’Amour (A.Melikov/Y.Grigorovitch) puis la séduisante Evgenia Obrazsova et le superbe Semyon Chudin dans Le Pas de Deux (P.Tchaikovski/G.Balanchine). Cette brillante prestation déchaîna des ovations même pendant l’exécution des variations. Semyon Chudin fut certainement le meilleur danseur dans ce festival ! 

Également acclamé par le public, les solistes du Ballet de Hambourg, la touchante Silvia Azzoni et le virtuose Alexander Riabko, doté d’un talent dramatique, firent grande impression  par leur performance dans Désir (A.Scriabine/J.Neumeier), présenté pour la première fois à Moscou, et dans le duo de l’Arlésienne (G.Bizet/R.Petit).

Silvia Azzoni et Alexander Riabko, l’Arlésienne. Dorothée Gilbert et Hugo Marchand, l’Histoire de Manon. Photos Mikhail Logvinov

Enfin, les représentants du Ballet de l’Opéra de Paris, la rayonnante étoile Dorothée Gilbert et son splendide partenaire Hugo Marchand, montrèrent toute l’élégance de l’école française dans deux duos : le premier du ballet Cendrillon (S.Prokofiev/R.Noureev) et le second du ballet  LHistoire de Manon (J.Massenet/ K. MacMillan).
Victor Ignatov

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