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Benjamin Millepied : La démission

Voici la transcription de la conférence de presse tenue le 4 février 2015 à l’Opéra de Paris, annonçant la démission de Benjamin Millepied. Si vous y relevez quelques contradictions entre certains propos exprimés par le directeur de la danse il y a quelques semaines, ou même, entre certains des propos rapportés ici, ce n’est sans doute qu’une illusion due à la juxtaposition des discours.

Quoi qu’il en soit, nous félicitons Aurélie Dupont pour ses nouvelles fonctions et lui souhaitons de réussir à mener à bien ce vaisseau qu’est le Ballet de l’Opéra de Paris.

Stéphane Lissner

Je tenais avant tout à dire que depuis quelques semaines, en décembre dernier, j’ai réfléchi et discuté avec Benjamin Millepied sur un certain nombre de questions qu’il se posait sur sa capacité à direiger le ballet et nous avons pendant les deux ans précédant sa nomination eu des échanges très fructueux sur la danse au 21e siècle et la danse à l’Opéra de Paris. Comme vous le savez la danse évolue et cette maison a la particularité d’assumer son patrimoine, à savoir la danse classique.

Le travail entrepris depuis plusieur mois a fait bouger les lignes et l’avenir. Un artiste reste un artiste qui crée et qui a besoin de réfléchir, d’avoir du temps, d’avoir des doutes. Et au fur et à mesure que sa créativité s’exprime il a besoin de solitude. Etre directeur de la danse et un chorégraphe de plus en plus demandé posait un certain nombre de questions.

Il a apporté énormément de choses dans cette maison, une organisation du travail, des améliorations sur la santé des danseurs, des planchers, et il a été au premier plan pour effectuer cette révolution numérique qui nous était nécessaire dont un des enjeux est la 3e scène.

Il a fait émerger un certain nombre de danseurs qui étaient restés en retrait et que l’on a pu voir dans des rôles principaux. Il a apporté de l’air, rendu le ballet différent.

J’ai mené une réflexion depuis décembre, je l’ai fait dans le secret. Mon rôle est d’être le garant de cette institution et donc de réfléchir sur une prise de fonction en septembre 2016.

Nous sommes partis sur une forme de continuité avec Benjamin. Aurélie Dupont va prendre ses fonctions en septembre. Cette maison est complexe, avec 154 danseurs. Elle les connaît tous. Elle peut apporter sa réflexion sur les distributions, sur le travail, sur la marche de notre ballet.

Je suis très attaché au service public. C’est une passion qu’on a pour cette maison. On n’est pas seulement heureux d’être nommé mais de rendre ce qu’elle nous a donné. Le monde a changé. Il y a trente ou quarante ans, les lois administratives étaient différentes. Une réorganisation administrative est sans doute nécessaire. On est passé d’un règne de 20 ans avec une certaine image de la direction de la danse. Mais c’est aussi pouvoir s’engager avec la compagnie, être au cours le matin. À chaque direction, des personnalités différentes. J’ai beaucoup surpris Aurélie en lui proposant ce poste, et c’est au bout d’un certain nombre de rencontres que je lui ai dit « pourquoi pas vous Aurélie ? ».

J’ai vécu depuis quelques années autant avec le Ballet qu’avec le lyrique. Il faut poser les questions d’aujourd’hui pour le ballet de demain. Ce que Benjamin a fait, c’est de nous sortir de la routine. Réflechissons sur le futur et sur demain.

Benjamin Millepied

Je salue le choix de Stéphane. La première fois que j’ai créé à l’Opéra c’était pour Aurélie. C’est une muse. Ce rapport de danseur à danseur a motivé tous mes désirs de modifier l’institution. Il me semblait plus important d’être en studio avec eux, de faire du coaching, de travailler avec eux… C’est comme ça que j’ai envie de faire mon métier. J’ai été très étonné de cette proposition et très fier de ma première saison. Mais avant tout, ce qui est important, c’est créer, c’est être inspiré par les danseurs. Cette compagnie a besoin d’exigence, Je suis sûr qu’avec Aurélie la compagnie dansera merveilleusement bien. Ce qui va se passer c’est la continuité. J’ai deux ballets à créer l’an prochain, c’est comme ça que j’ai envie de m’impliquer. Aurélie a l’exigence, l’intelligence, et je serai de tout cœur avec elle. C’est une compagnie qui compte mondialement, une école merveilleuse qui doit apporter quelque chose à l’histoire de la danse. Pour moi, Future is bright !

Aurélie Dupont

Comme je suis heureuse, touchée, honorée. Je remercie Benjamin Millepied pour ces jolis mots. C’est une très belle personne, j’ai beaucoup d’admiration et de respect pour lui, pour ce qu’il a apporté en tant que chorégraphe et en tant que directeur. Ça fait trente-deux ans que je suis dans cette maison et je vais aborder la direction de cette compagnie avec beaucoup de passion, d’exigence, d’ouverture d’esprit. Je vais défier les interdits. Je vais continuer ce qu’a fait Benjamin Millepied, il a ouvert l’esprit de la compagnie, et du public. Je vais faire de mon mieux. J’ai longtemps discuté avec Stéphane Lissner. Et j’ai été surprise, mais je me suis dit que j’étais légitime. J’ai beaucoup de respect pour tous les services confondus. Ils sont bons, les danseurs de l’Opéra. Je vais apporter aux Étoiles les ballets dont ils ont besoin, l’Opéra de sera jamais une compagnie contemporaine qui fait du classique.

Je voudrais remercier Stéphane qui me fait confiance et j’espère ne pas le décevoir.

 

À l’issue de cette conférence de presse, Stéphane Lissner annonce que Benjamin Millepied part répéter (sa Première est le lendemain). Il s’en va sans que la presse ait pu lui poser la moindre question.

Voici quelques réponses à des questions posées à Aurélie Dupont :

L’Opéra est, comme vous le dites, une vieille dame et il ne faut pas la bousculer.

Je trouve que sur une saison comprenant  13 productions il est insuffisant de ne présenter que deux productions classiques. La compagnie est très talentueuse pour le ballet classique. Si elle n’en danse pas assez, elle sera moins douée. Je vais donc la « booster » à ce niveau là.

 

Une réponse de Stéphane Lissner à qui on demandait si la nomination de Benjamin Millepied n’était pas finalement, un échec ?

Je ne regrette rien. Il a apporté beaucoup de choses, il part trop tôt, trop vite. J’aurais préféré qu’il puisse travailler plus longtemps.

Si la rencontre avec les danseurs n’avait pas été aussi bonne, il n’aurait sans doute pas eu envie autant de chorégraphier. Il était là 24h sur 24. Il a eu l’honnêteté et la sagesse de dire que c’était trop. Il a fait deux saison et préparé la troisième. Il gardera un lien artistique avec la maison.

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