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Ballet de Lorraine programme 2

En juxtaposant au cours d’une même soirée In the upper room de Twyla Tharp (1986) et Showroomdummies ♯3 Petter Jacobson, nouveau  directeur du Ballet de Lorraine, offrait un raccourci saisissant de l’histoire de la danse de ces trente dernières années.
Le premier est une sorte de feu d’artifice chorégraphique. Cette œuvre, l’une des plus connues et des plus intenses de Twyla Tharp, passe des pointes au baskets sur un rythme haletant, fascinant par son urgence et son énergie. Il nécessite des danseurs aguerris à de multiples styles et une technique virtuose que les interprètes du Ballet de Lorraine maîtrisent avec brio, même s’ils leur manque encore cette impression de facilité dans l’extrême difficulté qui est la caractéristique des grandes troupes américaines. Mais gageons que cela viendra avec le temps et l’usage de cette chorégraphie aux inflexions athlétiques qui dissèque le ballet et son histoire d’un même mouvement.

Avec Showroomdummies, pièce emblématique de Gisèle Vienne et Étienne Bideau-Rey (2001, recréée en 2009 et enfin dans cette version 2013),  la deuxième partie de la soirée ne pouvait pas être plus antithétique. Inspirée par la Vénus à la fourrure de Léopold von Sacher Masoch, la pièce parle surtout de la fascination pour la beauté éternelle et glacée de poupées mannequins qui se substituent à l’humain. A travers ces femmes-poupées Gisèle Vienne développe toute une réflexion sur le fantasme du corps inaccessible ou idéal, sur la façon dont il s’insère dans notre imaginaire érotique à la lisière de la mort et de la répulsion pour l’immobilité. Si le mannequin rejoint « l’être-femme », par la chorégraphie, le corps devient stylisé, artificiel, iconique et finalement fantomatique. Vraie performance pour un Ballet, les danseuses de la compagnie ont réussi à incarner ces êtres désincarnés, à se glisser dans la peau de marionnettes désirantes et désirées avec une habileté exceptionnelle.

Agnès Izrine
4 avril 2013 - Opéra de Nancy
In the upper room
Chorégraphie l Twyla Tharp
Musique : Philip Glass – In the Upper Room (commande de la Twyla Tharp Dance Compagnie)
Remontée par : Stacy caddell
Conception originale des costumes : Norma Kamali
Lumières : Jennifer Tipton
Showroomdummies
Mise en scène, chorégraphie et scénographie
de Gisèle Vienne et Etienne Bideau-Rey
Musique originale : Peter Rehberg à l’exception de la chanson créée et interprétée par Tujiko Noriko sur une musique revisitée par KTL (Stephen O’Malley et Peter Rehberg)
Lumières : Patrick Riou
Stylisme et conception des costumes : José Enrique Ona Selfa
Perruquière et maquilleuse : Mélanie Gerbeaux
Assistantes des chorégraphes : Anne Mousselet et Anja Röttgerkamp
Réalisation des costumes : Martine Augsbourger - Atelier Costumes du CCN - Ballet de Lorraine
Répétiteur : Thomas Caley

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