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« Autointitulado » : La non-valse des titres

Autointitulado : La pièce qui crée elle-même son titre ? Ce duo de João dos Santos Martins et Cyriaque Villemaux est une sorte de brainstorming chorégraphique, un collage qui baigne dans une corne d’abondance de titres potentiels de tous ces extraits de pièces. Loin d’un reenactment, les  extraits sont distordus, accélérés, mastiqués et recollés.

 

Autointitulado déborde de citations chorégraphiques, prises dans le matériau chorégraphique qui surgit spontanément dans la mémoire corporelle des deux interprètes quand ils se sont retrouvés dans un studio, pour improviser.  

Trop de titres tuent le titre. Autointitulado est une version bavarde du non-titre bien connu : Sans titre. Son nihilisme déjoué marque un pied de nez à la catégorie artificiellement introduite de non-danse. Il faudrait ici la remplacer par non-pièce, ce qui révèle, par ricochet, l’absurdité du concept de non-danse.


 

La pièce existe, même si ce collage ne construit aucun récit, et même si les échos kinesthésiques de Trisha Brown, de Fred Astaire, du ballet, du Moonwalk, du Crip Walk, du Tap Dance et de la Mort du Cygne, voire de la danse expressionniste ne sont qu’un collage libre qui intègre, bien sûr, la danse libre.

Aucun lien direct avec les vidéos filmées à la manière de vacanciers lambda, sauf qu’il s’agit toujours de souvenirs et d’une manière de fouiller dans cette vieille boite à chaussures dans laquelle on entasse les bobines qu’on aimerait oublier et qu’on n’ose pas jeter. Autointitulado est une course à pied diachronique à travers l’histoire de la danse qui croise des routes touristiques sans le toucher.

L’important n’est ici pas le matériau chorégraphique en tant que tel, mais la façon de se l’approprier, de l’assembler, avec beaucoup de ressemblances dans lesquelles se glisse tout ce qui différencie Villemaux de dos Santos Martins. C’est eux, c’est elles qui font le spectacle, pas ces « danses qui [leur] sont chères et d’autres [qu’ils préféreraient] voir sombrer dans l’oubli, accompagnées de leurs auteurs. »

Autointitulado nous parle de la mémoire et de la manière dont elle surgit, dans un dialogue des façons de se souvenir, entre les souvenirs chorégraphiques et personnels, entre deux hommes et deux supports mémoriels: La vidéo et le corps humain. Qu’ils dansent la même partition, côte à côte ou successivement, ils invitent délicatement le passé à rejoindre le présent, lui proposant un titre de séjour temporaire.

Thomas Hahn

Spectacle vu dans le cadre des Rencontres Chorégraphiques Internationales :
http://rencontreschoregraphiques.com/festival/joao-dos-santos-martins-cyriaque-villemaux

 

 

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