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« Akalika 7 » d'Olé Khamchanla

Créé aux Hivernales d'Avignon, Akalika 7 d'Olé Kamchanla arrive au Tarmac, dans le cadre du festival Singapour en France. 

Olé Kamchanla, chorégraphe laotien passé par le hip hop, entretient des liens privilégiés avec l'œuvre du peintre et plasticien Gilbert Cam dit "Lang" ou encore "Akalika" qui crée des silhouettes à l'encre de Chine et des lavis à base d'acrylique et de crayon, en écho aux victimes des mines anti-personnel de la guerre civile laotienne. A bien y regarder, il leur manque souvent un petit quelque chose, un pied par-ci, une main par-là, une jambe ou un bras. Des corps entiers sont ainsi en train de s’effacer devant nos yeux, dans des nuances de gris qui frôlent la transparence. Leur fragilité et leur beauté sont absolument émouvantes. Dans cette lente dissolution, blessures et dignité ne font qu'un et révèlent l'humain derrière l'anonymat des victimes et confère à ces corps démembrées et calcinés une troublante poésie.

Photos de Jessica Farinet

Avec Akalika, Gilbert Cam crée, entre 1996 et 2012, une série qui se décline en une dizaine de volumes qui ne laissera personne indifférent. Dans Akalika 7 d'Olé Khamchanla, les œuvres installées sur le plateau trouvent un écho chorégraphique tonique et spectaculaire. Il arrive que des silhouettes prennent vie comme si elles étaient des danseurs à part entière. Créée en février 2015 aux Hivernales d'Avignon, cette pièce pour sept danseurs commence par un corps à corps entre Khamchanla et une calligraphie projeté au sol où corps d’encre et corps de chair s’unissent et se traversent dans un acte d'initiation partagé. Couché au sol, se retirant progressivement, Khamchanla crée l’illusion de peindre avec ses cheveux une silhouette calligraphique.

Photos de Jessica Farinet

Ce mystère ouvre les portes vers un monde ténébreux où les coups de marteau du sculpteur résonnent avec force et insistance. Les dessins s’animent, et sept personnes, meurtries et agitées, mobilisent toutes leurs forces de résistance et de vie. Akalika 7  met en scène la lutte de chacun contre ses démons intérieurs, point de départ de toutes formes de violence. Cette lutte peut être féroce, et pour cause. « La série Akalika de Gilbert Cam, également dit ‘Lang’, se décline

Akalika 7 ressemble à une traversée agitée du Styx, peut déployer une énergie proche de la danse africaine et des images de corps rappelant l'ankoku butô, l'avatar le plus ténébreux de cette danse japonaise inspirée d'Artaud et d'expressionnisme. Les sept interprètes déploient une énergie vitale et rebelle impressionnante. Reste que la volonté d'ainsi faire s'imprime sur la chorégraphie qui manque donc de subtilité, de nuances et de surprises, sauf le solo initial, qui vaut le détour à lui seul. 

Si la pièce est d’inspiration laotienne, les danseurs font partie de la compagnie Kham, franco-laotienne, et de Frontier Danceland, compagnie singapourienne. Aussi, le spectacle s’inscrit dans le cadre du festival Singapour en France qui dévoile, jusqu’au mois de juin, la richesse stylistique et culturelle de la cité-état, terre d’immigration et de mélange qui n’est pas seulement convaincue des bienfaits du vivre-ensemble interculturel, mais en est heureuse. Et si elle inscrit dans son panorama de musique, arts plastiques, théâtre, danse et design une pièce chorégraphique qui rappelle les ravages de la guerre, on n'est pas dans le discours, mais dans la force du réel.

Thomas Hahn

Du 8 au 11 avril http://letarmac.fr/ 159 avenue Gambetta - 75020 Paris, M° Saint-Fargeau ou Gambetta

 

Akalika 7

chorégraphie Olé Khamchanla
avec Aymeric Bichon, Christina Chan, Adele Goh, Wei An Hwa, Lola Kervroedan, Olé Khamchanla, Anthony Michelet
artiste peintre Gilbert Cam
vidéo Jessica Farinet
musique Léo Jourdain
lumière Lise Poyol
scénographie Olé Khamchanla, Jessica Farinet

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