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« La Edad de oro » d’Israel Galván

Le prodige Israel Galván reprend 20 ans après sa création, dans le cadre du focus que lui consacre le Théâtre de la Ville, La Edad de oro, spectacle qui l’a révélé sur la scène internationale.

D’après les spécialistes La Edad de oro, l’âge d’or du flamenco, se situe entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, jusqu’aux années 1920 ou 1930 selon les auteurs. Cela correspond à l’explosion des cafés cantantes, ces lieux où se tiennent les premiers spectacles construits et où le flamenco se professionnalise et se donne à voir. Devenu par la suite extrêmement populaire, il se perd quelque peu dans des pratiques avant tout commerciales, éloignées de sa pureté originelle, et voit décliner ses canons formels et s’appauvrir l’esprit qui l’animait. Est-ce à dire qu’aucun chanteur ou danseur ne serait à même d’égaler depuis en qualité et créativité ceux qui pratiquaient cette discipline à l’époque de son apogée ?

Un nouvel âge d’or du flamenco

En 2005, Israel Galván rend hommage à cette période avec son spectacle La Edad de oro. Il y revient aux fondamentaux du flamenco tout en le modernisant, dans l’épure d’un spectacle mêlant baile, cante jondo et guitare. Il reçoit alors du Ministère espagnol de la Culture le prix national de la danse (catégorie chorégraphie) pour son renouvellement créatif de sa discipline. Issus d’une famille de danseurs – ses parents José Galván et Eugenia de los Reyes sont ses premiers et précoces initiateurs – le Sévillan est considéré dès son plus jeune âge comme un prodige de sa discipline. Formé ensuite par Mario Maya et Manuel Soler dont il intègre les compagnies, il reçoit à 23 ans le prix Vicente Escudero au concours national des arts du flamenco de Cordoue et à 24 ans le prix du concours des jeunes interprètes de la biennale de flamenco de Séville. Mais c’est avec La Edad de Oro qu’il devient internationalement reconnu et subjugue notamment la scène française.

Vingt ans plus tard, Israel Galván est devenu un monstre sacré. À l’instar d’autres artistes comme Rocío Molina, pour ne parler que du baile, il a révolutionné le flamenco pour le meilleur, conservant son essence et le transformant en un art profondément contemporain. Alors que grâce à lui et certains de ses confrères nous semblons vivre un nouvel âge d’or du flamenco, il continue de jouer ce spectacle qu’il reprend en cette date anniversaire. Il le présentait au Théâtre du Rond-Point dans le cadre du large focus que lui consacre le Théâtre de la Ville, auquel le lie 15 ans d’amitié et de compagnonnage. Au chant María Marín remplaçait Fernando Terremoto, la guitare de Rafael Rodríguez s’était substituée à celle d’Alfredo Lagos.

Une transe flamenca

Sur scène, les trois artistes sont intimement liés, complices, offrant un récital autant qu’un exceptionnel moment de danse. Les tableaux se succèdent et s'est parfois la voix grave de María Marín, parfois la guitare incroyablement virtuose de Rafael Rodríguez, parfois les zapateo savantes d’Israel Galván qui prennent le lead. Vêtu comme souvent de noir, ce dernier jette le trouble : on ne sait pas très bien s’il porte sous sa chemise un bermuda ou une jupe, sur sa tête trône une barrette de fleurs blanches.

Comme entièrement possédé par son art, toréant et électrisant l’espace de ses gestes d’une précision folle, il est autant la sévillane aux poignets souples que le danseur qui bombe le torse, tour à tour bad boy et demoiselle, tout aussi puissant que féminin. Martelant la scène de ses bottines avec une dextérité qui dépasse l’entendement, à une vitesse vertigineuse, il ralentit ensuite pour n’être plus que douceur. Passant de la maturité à l’espièglerie d’un enfant, il est aussi le musicien qui de ses coups de talons ou de ses caresses sur le sol, de ses castagnettes ou de ses palmas, bat la mesure, donne le rythme et le ton.

Une perpétuelle réinvention

Voir danser Israel Galván, surnommé le Nijinski du flamenco, est toujours un moment rare. En pleine maturité, le chorégraphe de 52 ans continue de nous envouter par son inépuisable créativité et sa façon de ne faire qu’un avec sa discipline qu’il maîtrise à la perfection et réinvente inlassablement. Heureusement, quatre autres rendez-vous sont encore à venir dans le cadre du focus que lui consacre le Théâtre de la Ville : sa version en solo de Carmen, un voyage rêvé dans la Séville de son enfance, Israel et Mohamed crée cet été avec Mohamed El Khatib et une découverte du flamenco pour les plus petits.

Delphine Baffour

Vu le 15 octobre au Théâtre du Rond-Point dans le cadre du Focus sur Israel Galván programmé par le Théâtre de la Ville.

Focus Israel Galván :
- Carmen, les 1er et 2 novembre à la Philharmonie de Paris
- Sevillana Soltera en París, du 5 au 7 décembre au Théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt
- Israel et Mohamed, du 10 au 20 décembre aux Abbesses
- Bailas Baby, du 14 au 21 décembre au Théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt.

Chorégraphie : Israel Galván

Son : Pedro León

Lumières : Benito Jiménez
Avec Israel Galván (Danse), María Marín (Cante), Rafael Rodríguez (Guitare).

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