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Yuval Pick et Ashley Fure : "Ply"

C’est une belle rencontre : la compositrice américaine Ashley Fure et le chorégraphe Yuval Pick, directeur du Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape ne se connaissaient pas avant d’être réunis pour ce projet par le festival ManiFeste de l’IRCAM. Par contre, ils avaient en commun un souci des textures et des rythmes, des timbres et des flux, des matières sonore et chorégraphique finalement, assez proches.

 

"Ply" @ Amandine Quillon

Leur dénominateur commun, une recherche sur la structure du temps, et l’architecture de l’espace. Bien sûr, pourrait-on dire, c’est le propre de toute composition, qu’elle soit musicale ou chorégraphique. Mais, ce qui frappe dans Ply, c’est la façon dont la durée devient matière sensible, visible, lumineuse.

« Tous les sons qui composent la musique sont issus de corps en mouvements » explique Ashley Fure. « Ils proviennent principalement de deux sessions d’enregistrement : l’une réalisée avec les danseurs au cours d’une répétition, l’autre en studio. » Ainsi se crée une polyrythmie tissée de transferts de poids, de claquements de pieds sur le sol, de respirations, etc. De plus, Ashley Fure a inventé un système avec de petits élastiques posés sur une hélice motorisée qui déclenche un son à chaque fois qu’ils touchent une surface : peau de tambour, corde d’instrument, bois… De ce fait, les rythmes produits ne sont jamais mesurés.

 

"Ply" @ Amandine Quillon

Enfin, l’atmosphère musicale de la pièce est rendue par plusieurs modules acoustiques : un système de diffusion principal, quatre petits haut-parleurs que les danseurs manipulent, modifiant à chaque fois le spectre de la sonorité et de très petits haut-parleurs qui tiennent dans la poche des danseurs.

 

"Ply" @ Amandine Quillon

 

Au niveau chorégraphique, le travail joue également sur la diffraction et la profondeur, comme si la phrase dynamique creusait à même l’espace qui l’entoure. Du coup, l’ensemble devient organique, au sens où la cohérence générale provient du vide qui relie tous ces éléments et les « tient » littéralement. Les cinq danseurs évoluent donc dans cet espace en mutation permanente, esquisse des assemblages à mi-chemin entre le physique et le sensoriel, prennent des courbes en pleine décélération, s’étirent, se rassemblent, comme des organismes en expansion ou en constriction. Ce subtil échafaudage entre le rythme interne à chacun, les accents cristallins de la musique électro acoustique, et la cadence générale, crée de savantes interpolations, de délicates permutations. La danse se propage d’un interprète à l’autre, d’un groupe à l’autre, se dissémine, et se retracte, se dilate, faisant apparaître un nouvel accord, et peut-être un autre point de vue sur les relations entre les corps, comme on recomposerait un paysage grâce aux variations infime du vent, comme on déplierait le temps. Comme Ply.

 

Agnès Izrine

13 et 14 juin 2014 Maison des Arts de Créteil

dans le cadre du Festival ManiFeste de l'IRCAM

En tournée

18/09/2014 — — Ply16ème Biennale de la Danse de Lyon au CCNR

19/09/2014 — — Ply16ème Biennale de la Danse de Lyon au CCNR

 

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