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Parution du DVD « Ouliana Lopatkina, une étoile russe »

Marlène Ionesco, réalisatrice passionnée par la danse, signe un nouveau portrait d’une étoile du ballet. Sa rencontre avec Ouliana Lopatkina s’est faite quand la star du Mariinsky est venue danser sur la scène du Théâtre Montansier, à Versailles. Ionesco, passionnée par l’Europe de l’Est, décida de la suivre à Saint Petersbourg. La visite guidée de l’Académie Vaganova, à travers les souvenirs personnels de Lopatkina, est l’un des grands moments de ce film, déjà sorti en DVD mais disponible (jusqu’au printemps) uniquement à la boutique de l’Opéra de Paris, partenaire du projet.

Les 90 minutes se composent de captations de la ballerine dans ses grands rôles, de ses réflexions ou témoignages personnels et d’interviews d’autres célébrités à son sujet, d’Agnès Letestu à Jean-Guillaume Bart, de Pierre Lacotte à Mikhaïl Piotrovsky, le directeur du Musée de l’Ermitage. Tous laissent libre cours à leur admiration, alors que l’étoile elle-même brille par sa discrétion et sa sincérité, si présentes également dans ses interprétations.

On la voit bien sûr dans sa fameuse interprétation de La mort du cygne, puis dans de grands classiques du ballet romantique mais aussi dans des œuvres de Neumeier, Petit, van Manen ou Robbins, ainsi que dans le Johann Strauss Ball, une chorégraphie qu’elle commanda en 2012 à Jean-Guillaume Bart. Et on ne peut qu’approuver l’avis de Piotrovsky: « Lopatkina montre qu’on peut être ballerine et résolument moderne. » En effet, sa fibre part du monde actuel pour revisiter, à partir de cette sensibilité-là, les grands rôles du répertoire.

Est-ce son étonnement permanent face à sa propre vie qui tient en éveil son regard d’artiste? Quand elle est seule en scène, elle se révèle metteur en scène. Letestu et Bart soulignent son indépendance d’esprit et sa résistance à un marché qui ne mise que sur le spectaculaire: « Elle a su rester elle-même. »

Comme aucune autre, elle se laisse traverser par la danse et joue avec un état double, fait d’absence et de présence. Il suffit de regarder les pieds de Lopatkina pour tout saisir de la complexité et de la subtilité de son univers émotionnel. Sur pointes, ils deviennent l’incarnation d’un corps pensant et résument tout le ressenti du personnage. Aussi, le pied n’est ici plus un outil au service du corps, mais son âme, sublimant son expression.

Se concentrant pleinement sur la grande soliste, le film esquive cependant les tensions au sein du Mariinsky depuis la nomination, il y a deux ans, de Nikolaï Tsiskaridze à la tête de la vénérable institution. Pourtant les étoiles ont aussi leurs opinions, comme Diana Vishneva a su le prouver dans nos colonnes: http://dansercanalhistorique.com/2013/12/26/interview-diana-vishneva-3-la-ballerine-face-aux-institutions/.

Un peu curieux également, le surtitrage qui apparaît en anglais quand les personnalités françaises parlent de Lopatkina, alors que la star elle-même, s’exprimant en russe, n’est traduite qu’en français. Pour un public anglophone il fallait tout surtitrer et une traduction en russe de Bart, Letestu et Lacotte aurait paru plus cohérente puisque peu de Russes maîtrisent l’anglais aussi bien que Lopatkina elle-même. Mais au bout du compte, on achètera ce DVD pour ses subjuguantes images de danse ….

Thomas Hahn

www.marleneionesco.com

www.uliana-lopatkina.com

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