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La danse contemporaine pousse la porte des ballroom

Et vogue le Voguing… Les poses des models, transformées en danse exaltante, sensuelle et transgenre, sont de plus en plus présentes dans la création contemporaine.

 

« Twenty Looks or Paris is burning at the Judson Church » @ Laurent Philippe

Bien sûr, la France a des décennies de retard sur les USA pour découvrir cette danse des gays noirs, née dans les prisons. Mais elle prend de l’avance en se l’appropriant sur l’autel institutionnel. L’un des premiers était Trajal Harrell en 2010, avec son évocation de la ballroom scene américaine, dans Twenty Looks or Paris is burning at the Judson Church. Le titre fait référence au célèbre film américain de 1991 (Paris is burning) et Harrell, chorégraphe contemporain, y lança l’idée d’une rencontre avec l’univers si restreint de la promiscuité des ballrooms. Depuis, le dialogue se poursuit et s’intensifie.

Fin avril, l’inauguration du Carreau du Temple, nouveau lieu phare des bobos de Paname, a offert une soirée Voguing où la nef s’est transformée en ballroom. Les House parisiens se sont affrontés pour un défi de multiples catégories. Le jury, constitué de personnalités phare de la ballroom scene, triait les candidats sur un rythme effréné. Deux par deux ou trois par trois, ils ou elles - c’est ici une belle démonstration quant à la relativité de toute identité masculine ou féminine – s’approchaient des jurés, et le spectacle était des deux côtés de la table. Le plus beau visage, le meilleur costume, l’écolier le plus naturel… Pour inspirer plus fortement les danseurs, les battle étaient placés sous le thème général de l’Egypte. Sans intervention d’un chorégraphe contemporain, mais animé par des vedettes de cette scène si particulière, l’ambiance montait petit à petit.

 

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Fin avril, l’inauguration du Carreau du Temple, nouveau lieu phare des bobos de Paname, a offert une soirée Voguing où la nef s’est transformée en ballroom. Les House parisiens se sont affrontés pour un défi de multiples catégories. Le jury, constitué de personnalités phare de la ballroom scene, triait les candidats sur un rythme effréné. Deux par deux ou trois par trois, ils ou elles - c’est ici une belle démonstration quant à la relativité de toute identité masculine ou féminine – s’approchaient des jurés, et le spectacle était des deux côtés de la table. Le plus beau visage, le meilleur costume, l’écolier le plus naturel… Pour inspirer plus fortement les danseurs, les battle étaient placés sous le thème général de l’Egypte. Sans intervention d’un chorégraphe contemporain, mais animé par des vedettes de cette scène si particulière, l’ambiance montait petit à petit.

 

C’était là une autre idée de la rencontre avec le Voguing que dans les rencontres avec des metteurs en scène ou chorégraphes Incontestablement, ce genre de crossover fait baisser la température. Au lieu de faire corps avec le public dans une autodéfinition vécue, le vogueur passe à la métaphore. On touche même à une sorte de froideur chirurgicale, quand le vidéaste et photographe Frédéric Nauczyciel met en scène Honeysha Khan dans  Me Against the World (Floor performance). Ce monde à affronter est bien sûr celui de l’image, puisque dans cette scène-là, et dans cette danse qui reprend les poses des mannequins, tout passe par le regard. Donc, Nauczyciel invite Khan à faire son bal en solitaire, et il est filmé et projeté en live sur un énorme écran vertical, dans un reversement de la perspective. Cette « Floor Performance » très réfléchie et parisienne, créée par Nauczyciel en octobre 2013 au Centre Pompidou, ajoute incontestablement une facette aux pratiques issues de cette mouvance très circonscrite. Mais c’est surtout le dispositif scénique qui est spectaculaire. Impossible d’y retrouver la promiscuité d’un ballroom véritable avec sa communauté en extase.

La vague continue sur deux festival en juin, dans le nord et à la Cartoucherie. Le festival Latitudes contemporaines propose à la Gare Saint-Sauveur de Lille une Soirée Voguing où on pourra aller à la rencontre de la scène Ballroom de Paris, avec Vinii Revlon, Kiki Revlon et Keiona Lanvin.

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Au festival June Events, on verra à l’Atelier de Paris de Carolyn Carlson une conférence dansée avec Ana Pi, sur un concept de Cecilia Bengolea et François Chaignaud, qui explore les scènes de Voguing, Krump, Pantsula et autres Dancehall, à travers le globe, pour un « Tour du monde des danses urbaines en 10 villes ». L’idée est juste, car l’essor du Voguing s’inscrit dans le regain d’intérêt en danse contemporaine pour les scènes traditionnelles ou communautaires. Car la faiblesse culturelle de la danse contemporaine réside dans le manque de lien social entre les artistes et leur public. Le Voguing n’apporte pas forcément une réponse au problème, mais il peut contribuer à y voir plus clair.

 

Thomas Hahn

 

www.juneevents.fr

latitudescontemporaines.com

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