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Gerbes Brandstätter : Du Krump aux Hivernales

Le Krump pourrait bien être la dernière danse à évoquer crédiblement révolte et insurrection. Malgven Gerbes et David Brandstätter ont-ils pris des risques en allant à sa rencontre? Leur documentaire dansé confirme la violence contenue dans les gestes, mais il brise l’image de jeunes qui n’ont rien à perdre.

 

"Krump" by Marie Spiller

Finis les malentendus : « Notre danse n’est pas agressive, mais expressive », disent-ils. Emilie Ouedraogo Spencer, la seule fille de la bande, ne relâche jamais son poing serré, mais peut ainsi exprimer joie, colère ou tristesse. « Quand je vois quelque chose de beau, je l’intègre », dévoile-t-elle sa sensibilité.

Elle, les trois hommes krumpers (Anthony Jean, Alan Page, Waldo Pierre) et le breaker berlinois Raphael Hillebrand se présentent mutuellement sur le plateau ou par de petites vidéos. Krump’n’Break Release se situe parfaitement dans la démarche documentaire de récits de voyage de Gerbes et Brandstätter, duo franco-berlinois. Après un  Notebook sur leur exploration de la Corée et du Japon, présenté l’an dernier aux Hivernales, ils sont revenus cette année avec l’avant-première française d’un voyage de proximité, entre la France et Berlin.

Le terrain arpenté entre Krump et Break leur était au moins aussi inconnu que l’Asie. L’approcher là aussi par une sorte de reportage dansé fait donc sens. Livré brut de décoffrage, ce spectacle-conférence se refuse à toute esthétisation apparente. Sa beauté est dans sa véracité, dans la rencontre qu’il permet et dans sa simplicité.

On y apprend à regarder, de l’extérieur comme de l’intérieur, un répertoire de gestes codifiés tels des mudras. Chacun a son nom et sa signification, qu’il s’agisse des bras ou des pieds. Le body control est la base de tout. Tendu à l’extrême, le corps ne libère son énergie que dans une charge explosive. Mais jamais le danseur ne donne l’impression de perdre la maîtrise. Certains parlent du Krump comme d’une danse proche de la transe. Mais si transe il y a, elle ne peut que surgir collectivement. Mais elle put être un but, alors que, comparativement, le Hip Hop, mis en exergue par quelques joutes signées Raphael Hillebrand, fait figure de leçon en termes de joie de vivre.
Les danseurs qui sont ici avant tout les interprètes d’eux-mêmes, expliquent la genèse du Krump et du Hip Hop, et on ne peut s’empêcher de constater qu’après la danse contemporaine, le Hip Hop aussi se penche aujourd’hui sur son histoire. Le Krump y va même dès son entrée en scène. Car il s’agit ici seulement du deuxième spectacle chorégraphique lui permettant d’entrer dans les circuits des programmations officielles, le premier étant Éloge du puissant royaume de Heddy Maalem.
Krump’n’Break Release vivra sa première officielle en octobre, à la Fabrik Potsdam, son premier lieu de résidence. Aux Hivernales 2014, Gerbes Brandstätter ont présenté une version qui pourra encore évoluer, mais qui se présente déjà en accord total avec la démarche des chorégraphes et la personnalité de chaque interprète.
Thomas Hahn
Avignon, Les Hivernales 2014, Théâtre des Halles

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