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Festival Séquence Danse – Le 104

Un focus sur des questions autour de la danse elle-même au début, un autre sur le corps soumis à des situations extrêmes. Et, soluble dans les deux, un troisième, officiellement annoncé, sur la scène italienne. Au 104, les séquences dansent.

Mais pourquoi danse-t-on, semblent demander les trois spectacles qui ouvrent le festival. Par quels chemins rencontre-t-on la transe? Par la dépense physique, selon Louise Lecavalier. Par la durée, selon Alessandro Sciarroni. Par le bassin, répond Radhouane El Meddeb. La deuxième édition du festival Séquence Danse ouvre sur trois spectacles qui interrogent notre désir de communier par le mouvement. Au premier, au second et au troisième degré, trois chorégraphes rendent hommage à la danse. Louise Le cavalier, égérie d’Edouard Lock, revisite dans  So Blue les tsunamis cinétiques dans lesquels elle se jetait du temps où elle fut la primaballerina de la compagnie La La La Human Steps. Aujourd’hui, la blonde est toujours aussi explosive, part toujours en vrille, mais plus en horizontale. Au lieu de sauter, elle balaye le sol avec une énergie shamanique. Toujours plus, toujours plus vite, d’abord en solo, et puis en pas de deux enragé avec Frédéric Tavernini, sur un dancefloor qui semble brûler les pieds à celle qui a toujours le diable au corps, même après une carrière entière dans la danse. Propulsée par la techno tribale de Mercan Dede, Lecavalier martèle son envie d’atomiser le temps. Pour rencontrer, au bout, l’oubli de soi, la liberté.

So Blue de Louise Lecavalier:

Danser, c’est synonyme de liberté! Radhouane El Meddeb s’en souvient. Lire notre article sur Au temps où les arabes dansaient http://dansercanalhistorique.com/2014/02/23/au-temps-ou-les-arabes-dansaient-de-radhouane-el-meddeb/

La grande surprise de la saison est de voir sur scène, dans les festivals contemporains de pointe, un travail sur le Schuhplattler, cette danse alpine intrinsèquement liée aux bottes et à la culotte de cuir. Mais bretelles et grosses chaussettes disparaissent presque entièrement quand les six danseurs, dont Alessandro Sciarroni, dépouillent le vocabulaire traditionnel de tout folklore. Le rythme est bien là, mais ils dansent en T-Shirt et en baskets. Leur joie a une forte note de gravité, leur énergie semble venir d’un ailleurs: Est-ce une messe noire? Un Sacre sans victime? « Folk-S », justement ! Cet isolement quasiment chirurgical produit une toute autre magie et fait oublier le temps. Séquence par séquence, le répertoire de gestes s’élargit, la danse monte en complexité, dans une dynamique qui semble pousser chacun à aller à ses limites, aussi longtemps qu’il puisse tenir en l’air. En effet, l’un après l’autre, les interprètes peuvent déclarer forfait. La règle veut que le spectacle se termine quand il n’y a plus que deux personnes, soit sur le plateau, soit dans la salle… Aussi, on les regarde sautiller en cercle, croiser l’espace, frapper leur semelles et leurs cuisses, s’adonner à des musiques diverses et apparemment sans lien avec le Schuhplattler. Et on peut entrer dans un état d’hypnose, tout comme les danseurs eux-mêmes. Ce que nous disent Sciarroni, El Meddeb et Lecavalier est donc bel et bien que la danse n’est autre qu’un voyage intérieur.

Vidéo Folk-S :

Mais il n’est pas toujours question de se faire plaisir. Car ensuite, viennent des propositions qui mettent le corps en péril. Face à un jet d’eau, digne d’une intervention musclée des forces de l’ordre, dans The Old King de Romeo Runa ; en prises avec le sable, la chaleur, la misère, le désert et qui sait quoi encore dans Souls d’Olivier Dubois (http://dansercanalhistorique.com/?s=souls) ; ou bien comme pour une auscultation aérienne dans Opus Corpus de Chloé Moglia, prenant le risque de l’intimité cutanée, dans un état de suspension radical.
Opus Corpus de Chloé Moglia

Thomas Hahn

Festival Séquence Danse du 26 février au 16 mars
Programmation complète :

http://www.104.fr/programmation/cycle.html?cycle=61

Le 104 - 5 rue Curial - Paris (19e arr.) - m° Riquet - billetterie : 01 53 35 50 00

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